L’union soviétique était une mosaïque de républiques qui avaient peu de points communs : c’était un ensemble multiethnique, multilingue et multiconfessionnel dont le russe était la langue officielle effective, mais non avouée. L’URSS était de fait un empire colonial et le fait qu’il soit d’un seul tenant ne changeait rien à sa nature. Les forces centrifuges auxquelles est soumis un tel ensemble sont considérables et ne peuvent être surmontées que par une politique répressive. Cette nécessité, déjà présente sous la domination des tsars, s’est conjuguée au moment de la prise de pouvoir par les communistes avec le besoin de sauvegarder les institutions révolutionnaires pour marquer de violence toute l’histoire du nouveau régime. Une fois ces forces centrifuges libérées par la politique de Gorbatchev, le terrain se révèle propice à la partition de l’URSS. Et il n’est même pas sûr que la confédération russe d’aujourd’hui soit affranchie de ces forces centrifuges, comme en témoignent les deux guerres de Tchétchénie.
Cette partition est suivie par une vague d’adhésions à l’OTAN : il y a les républiques baltes, rattachées de force à l’URSS à la fin de la deuxième guerre mondiale, qui se protègent ainsi d’une nouvelle tentative d'annexion par la Russie. Il y a aussi les pays d’Europe centrale, que le partage de Yalta avait placés sous la domination de Moscou. Ceux-ci avaient dû adhérer à une réplique soviétique de l’OTAN, le pacte de Varsovie, dont les statuts, tout comme ceux de l’alliance atlantique, prévoyaient le respect de l’indépendance des pays membres. Or ce principe de base a été violé au moins deux fois, lors de la répression sanglante de 1956 en Hongrie et lors d’un « printemps de Prague » qui s’est terminé à l’automne 1968 par l’entrée dans la capitale des chars soviétiques. Quant à l’Ukraine, elle a vécu les années 30 dans « l’ombre de Staline. Ce grenier à blé de l’Union Soviétique a du paradoxalement faire face à une famine meurtrière organisée par le pouvoir central soviétique qui a fait main basse sur les ressource agricoles . Aussi ne faut-il pas s’étonner que ces pays aient cherché à se protéger de l’influence nuisible de l’ex «grand frère » russe et que cela ait eu pour conséquence une vague d’adhésions à l’OTAN, qui ne sert évidemment pas les visées du potentat qui se prend pour Pierre le Grand. C'est le résultat de la politique d'inspiration stalinienne que Poutine a servie quand il était agent du KGB et de rien d'autre. Et c’est en vain que le président russe cherche à s’y opposer, car ces pays sont maintenant totalement indépendants et libres d’assurer leur sécurité par les moyens qu’ils estiment opportuns.
Que la perspective d’être cerné par les pays de l’OTAN soit une des obsessions de Poutine et que cette obsession ait été un des éléments déclencheurs de la guerre en Ukraine est une chose indéniable. Mais l’OTAN n’est rien de plus qu’une alliance défensive. Certes, elle a, par trois fois, agi en marge de sa propre légalité, en tentant de protéger les populations de l’ex Yougoslavie contre les massacres du dictateur Serbe sans mandat de l’ONU (mais avec une présence de casques bleus ONUsiens pendant le siège de Sarajevo), en chassant les talibans d’Afghanistan (mais l’attaque contre les tours jumelles rendait légitime l’intervention de la coalition atlantique) et en soutenant la guerre de Lybie – cette dernière intervention n’étant pas justifiée par une menace contre un des pays de l’Alliance. Mais de là à imaginer, comme le fait Poutine, que l’OTAN pourrait un jour attaquer une puissance nucléaire comme la Russie et prendre ainsi le risque d’une troisième guerre mondiale est une pure fiction qui relève de la paranoïa.
Les pourparlers de paix entre Trump et Poutine doivent reprendre – ce terme à supposer qu’ils aient déjà commencé – en Alaska à partir du 15 Aout. Pour l’heure, le président ukrainien n’est pas invité, ce qui serait pourtant la moindre des choses ! Déjà, il annonce qu’il n’entérinera aucun accord prévoyant la cession de terres ukrainiennes à la Russie. Il est illusoire de vouloir ramener la paix au prix d’un tel accord, car un cessez le feu donnerait à Poutine un répit pour réarmer sans aucune garantie de paix pour le futur et il serait encouragé par la lâcheté de .Trump. Souvenons-nous des accords de Munich où Daladier et Chamberlain avaient cru acheter la paix au prix de la session des sudètes aux appétits hitlériens, avec les suites que l’on sait.
Billet de blog 10 août 2025
Une vision historique du conflit russo-ukrainien
Un de mes contacts, en réponse à mon article David contre Goliath, plaide pour une vision historique de la guerre en Ukraine.Voici la mienne.
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