Le bras de fer entre la Maison Blanche et l'état de Californie couvait depuis longtemps : avant même sa première élection, l'état le plus peuplé des Etats-Unis était la bête noire du candidat républicain. Fort de ses 38 millions d'habitants, il faisait perdre le vote populaire à Donald Trump et refusait, une fois celui-ci élu, de participer à une tentative de fichage politique de ses électeurs.
Au début janvier de cette année, la Californie est en proie à de gigantesques incendies qui menacent la ville de Los Angeles. Les accusations d'incompétence formulées par Trump contre le Gouverneur de l'Etat appellent deux remarques : d'abord parce qu'il est paradoxal d'entendre un président Républicain qui, par deux fois, a retiré les Etats-Unis des accords de Paris et censure la science du climat reprocher à un état démocrate de ne pas pouvoir maîtriser des incendies qui sont la conséquence directe du réchauffement climatique. Et tiendra-t-il la même accusation le jour où un Etat républicain sera victime d'une telle catastrophe ?
C'est contre une campagne d'expulsion de migrants qui prend des allures de chasse aux sorcières que se mettent en place, à Los Angeles, des rassemblements d'opposition à la politique migratoire de l'administration républicaine. Comme toujours, il est impossible d'empêcher les dégradations provoquées par des éléments incontrôlés et, comme toujours, cela conduit à des interventions des forces de l'ordre et à l'instauration d'un couvre-feu décidé par la municipalité démocrate. Mais ceci ne suffit pas à la Maison Blanche, qui fait appel à l'armée, avec l'envoi de réservistes, puis, dans un deuxième temps, de marines. Pour faire bonne mesure, Donald Trump menace d'arrestation le gouverneur de Californie, opposé à ce déploiement qui ne permet pas à l'armée de procéder à des opérations de maintien de l'ordre tant que l'Insurrection Act n'a pas été invoqué. L'intervention militaire est donc entachée d'illégalité pour non-respect des procédures, décrète un tribunal fédéral qui souligne également que la violence constatée était bien loin d'une rebellion qui aurait justifié une intervention militaire. L'affaire est aujourd'hui devant la cour suprème, qui ne rendra pas sa décision avant mardi. Décision incertaine car il faut rappeler que la Cour Suprème est pour deux tiers composée de juges républicains.
La question d'une sécession de la Californie est évoquée dès le début du premier mandat de Donald Trump, dans un état où Hillary Clinton avait obtenu deux fois plus de voix que Donald Trump. Au premier abord, l'envergure économique de cet état, qui, indépendant, serait la sixième puissance économique du monde, inciterait à répondre oui. L'article en lien décrit la procédure imposée par la constitution de l'état pour que ce "calexit" devienne réalité : une consultation populaire sur la question serait rendue possible si plus de 8% des électeurs le demandaient. Mais il existe une incertitude sur les impacts budgétaires de cette sécession unilatérale qui entrainerait de façon certaine une nouvelle guerre civile, dont l'équilibre mondial n' a pas besoin aujourd'hui. Et il apparaît très improbable que la Californie se lance dans cette aventure.