La tuerie imbécile de la première guerre mondiale a longtemps inspiré la méfiance vis-à-vis des états-majors, illustrée par le film de Stanley Kubrick "les sentiers de la gloire". un général qui, pour sa gloriole personnelle, imagine de prendre une position qui n'a aucun intérêt stratégique et va jusqu'à ordonner de tirer sur ses propres troupes pour les forcer à sortir de la tranchée sous le feu ennemi ; puis, ensuite, une justice militaire qui, selon le mot de Clémenceau "est à la Justice ce que la musique militaire est à la musique", également illustrée par le film d'Yves Boisset le pantalon à partir d'un fait réel. Ordonnées par Pétain, les décimations dans les unités qui se rebellaient contre cette tuerie et, ensuite, l'hypocrisie de déclarer ces victimes "mort pour la France".
C'est pourquoi, quand un chef d'état-major nous dit froidement que nous devons être prêts à sacrifier notre jeunesse pour défendre le pays, cela est peut-être avec l'intention louable de sensibiliser les français aux dangers réels encourus dans ce deuxième quart du vingt et unième siècle, mais cela n'en est pas moins une façon indécente, maladroite et déconnectée de la réalité de présenter les choses. D'abord parce que, dans un contexte de vieillissement de notre population, le sacrifice de notre jeunesse signifierait, aussi sûrement qu'une bombe atomique sur Paris, l'anéantissement de notre pays : toujours à propos de la guerre de 1914, le déclin de l'Europe a commencé avec ce conflit et l'Histoire retiendra probablement que notre continent s'est suicidé en deux - ou peut-être trois -guerres mondiales.
Et puis il y a un point essentiel que notre général semble ignorer : l'absence totale de solidarité fiscale des ultra-riches, qui, depuis des décennies, multiplient les manoeuvres pour ne pas payer d'impôts avec la complicité de la macronie. Dans le marasme budgétaire qui en est le résultat actuel, ce sont eux qui refusent obstinément toute proposition ou tentative de les faire participer à l'effort fiscal imposé aux classes moyenne et populaire. Ce sont donc eux qui freinent l'effort de réarmement nécessaire à notre défense et, ce que le général ne nous précise pas, c'est que ce serait pour défendre les intérêts de ces ultra-riches qui n'ont aucune conscience d'appartenir à une nation qu'on ferait de mes petits-fils de la chair à canon, au nom d'un patriotisme dévoyé qui n'a tiré aucune leçon du passé. Et moi qui ai le privilège de pouvoir dire, à quatre-vingts ans, que je ne sais pas ce que c'est que la guerre, je ne me sens en aucune façon habilité à décider pour eux en souscrivant à ce discours.