C'est la conclusion d'un article du Monde qui, sous la plume de Stéphane Foucart, dénonce "un respect du droit à géométrie variable", révélé par les heurts qui ont marqué les manifestations récentes autour de la bassine de Sainte-Soline.
Le processus de décision autour de ces bassines est particulièrement opaque et amène à la conclusion que, comme souvent sous la présidence de Macron, le Pouvoir n'écoute que ceux qui lui disent ce qu'il a envie d'entendre et n'accepte pas que des opinions divergentes puissent s'exprimer. La sollicitation démesurée des nappes phréatiques dans un pays en voie d'assèchement trouve sa justification dans un rapport du Bureau Régional de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) qui conclut à l'inocuité des prélèvements sur les nappes phréatiques. Quand on sait que ce rapport a été commandé par la coopérative de l'eau, organisme favorable aux bassines, il est permis de douter de son objectivité. La contradiction est venue d'un contre-rapport, qui dénonce les erreurs méthodologiques et les biais de ce premier rapport et aboutit à des conclusions radicalement opposées. Ce qui permet à un ministre d'affirmer, il y a quelques jours à la radio, que les scientifiques sont divisés sur la question, ce qui permet de rendre une décision en faveur des bassines sans aucune autre considération.
Tous les moyens les moins avouables sont employés, avec la complicité de l'Etat, pour venir à bout des obstacles à la réalisation de ces bassines Le précédent du barrage de Caussade donne un aperçu de la façon dont les intérêts économiques peuvent passer outre aux décisions de justice : le barrage est construit en 2019, alors qu'une décision de justice de première instance l'a déclaré illégal. Le jugement en appel confirma la décision de première instance en ...2021. Ainsi, la construction est passée en force avec la complicité des pouvoirs publics, qui auraient du, en toute logique, suspendre le projet en attendant que la Justice ait définitivement statué. Et il y a des histoires semblables de bassines en Charente Maritime qui ont, elles aussi, été réalisées en toute illégalité. Ce procédé de passage en force avec la complicité de l'exécutif est un déni de séparation des pouvoirs et, donc, de démocratie.
Dignes d'une dictature sont aussi les moyens employés pour contrer les opposants aux bassines : la secrétaire générale d'Ecologie les Verts fait état d'écoutes illégales exercées sur certains élus de son parti dans le but d'obtenir des informations concernant le mouvement anti-bassines. L'article de Stéphane Foucart fait aussi état de caméras de surveillance, placées comme par hasard devant le domicile d'un militant, d'un traceur GPS sous le véhicule du porte-parole du collectif Bassines, qui a été placé sous contrôle judiciaire pour... le vol d'une pelle. Cette débauche de moyens contre les militants fait contraste avec la tranquillité opérationnelle dont jouissent les tenants de l'agro-industrie lorsqu'ils malmènent des journalistes ou des opposants à leurs projets", commente le journaliste.
Pour compléter ce catalogue de la répression, il faut mentionner les violences policières, tant sur le site de Sainte Soline que dans les manifestations contre les retraites : la ligue des droits de l'homme évoque "une situation alarmante pour la démocratie", les instances européennes s'alarment de la brutalité de la répression en France et le journal Libération commente : "Le spectacle que nous ont donné à voir les gendarmes mobiles dans les Deux-Sèvres, samedi, était lamentable : des hommes se prenant pour des cow-boys, un quad en guise de cheval, fonçant sur la foule armés de lance-grenades et de LBD. Et que dire de ces Brav-M qui ont terrorisé les manifestants la semaine dernière, brigades mobiles exerçant en duo sur une moto armées de matraques ou pire, se prenant pour des Robocop et n’hésitant pas à tabasser et humilier". Il y a eu aussi les retards à l'évacuation des manifestants blessés dénoncés par Médiapart.
Léa Sébastien, une géographe interviewée par le Monde, commente : "Mes travaux montrent que les citoyens opposés à une infrastructure commencent par utiliser tous les moyens légaux dont ils disposent pour se faire entendre". Mais les carences de la Justice énoncés plus haut montre précisément que ces moyens n'existent pas ! Elle poursuit : "L'occupation de l'espace menacé intervient dans un deuxième temps lorsqu'ils constatent un manque de transparence, des conflits d'intérêts, un passage en force des porteurs de projets". La situation ne peut pas être mieux décrite ! Et ce Gouvernement ne peut opposer, comme contrefeu à cet incendie qu'il a allumé lui-même, que les accusations dérisoires d'écoterrorisme proférées par Darmanin et une procédure de dissolution d'une association selon les clauses d'une loi séparatisme créée pour la circonstance. Croient-ils, ces abrutis, qu'il suffit de dissoudre un mouvement pour le faire taire ? Dès ce soir devant les préfectures de France, les citoyens conscients des dangers que court notre démocratie manifesteront notre opposition à la république dictatoriale de Macron.