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Billet de blog 28 mai 2016

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A boulets rouges sur la CGT

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 A boulets rouges sur la CGT

C'est la posture d'un Gouvernement qui ne s'attendait sûrement pas à ce que la loi travail suscite de telles oppositions : c'est dit dans le Figaro et dans les journaux télévisés contrôlés soit par le pouvoir, soit par quelques gros intérêts privés, alors ça doit être vrai : tout est de la faute de la CGT, un syndicat isolé qu'on ne peut pas laisser faire la loi. Monsieur Valls, dans sa volonté d'ignorer tous ceux qui ne lui disent pas ce qu'il a envie d'entendre, n'a probablement pas lu les appels à la manifestation qui portent également les logos de Force Ouvrière, Solidaires, la FSU et du syndicat étudiant UNEF. Et, dans la foulée de ces affirmations mensongères, il affirme : "ce n'est pas une minorité qui fera la loi". Et il accuse la CGT, "irresponsable" à ses yeux, de réduire à néant les supposés frémissements de reprise économique que le Gouvernement se plait à monter en épingle.

A écouter ses propos, on se prend à croire que la CGT est un miroir qui lui renvoie sa propre image. Car c'est bien monsieur Valls qui est minoritaire : il l'est dans l'opinion car, dès l'annonce de la loi, les sondages ont montré que les français étaient contre à plus de 70% et même les blocages n'empêchent pas une majorité d'entre eux de penser que la sortie de crise passe par un retrait de la loi. Il est minoritaire même dans sa propre "majorité", car l'accouchement de la loi au forceps du 49-3 est motivé par un défaut de majorité au palais Bourbon. Il est donc minoritaire à la foi dans l'opinion et au parlement, mais cela ne l'empêche pas de faire la loi, et, pour cela, il n'hésite pas à en violer d'autres : il n'y a eu, avant le dépôt de la loi, aucune concertation ni aucun débat avec les partenaires sociaux - contrairement à ce que prévoient la loi Larcher de 2007 et l'article L1 du code du travail - et il a prévu, par la suite, de n'écouter que ceux qui lui disait ce qu'il avait envie d'entendre. Valls a créé les conditions d'une explosion sociale et il fait semblant de s'en étonner. Mais qui est l'irresponsable dans l'histoire ?

Ce petit monsieur a d'ailleurs une pensée très courte et une conception très personnelle de la démocratie sociale, lui qui pense que la seule existence du 49-3 dans la constitution suffit à en légitimer l'usage. Mais l'histoire et le monde sont pleins de pays dotés d'une constitution et qui, par essence, ne sont pas démocrates. Ce qui définit la démocratie, ce n'est pas la constitution, mais l'usage qu'on en fait. S'appuyer sur la peur qu'éprouvent quelques frondeurs d'opérette des conséquences (surtout pour eux) d'une motion de censure, ce n'est pas un signe de bonne santé démocratique, pas plus que l'usage à quatre reprises (peut-être cinq lorsque la loi reviendra devant les députés) en un an du 49-3 n'en est un. Nous l'avons déjà dit : la sixième république n'a pas besoin de 49-3.

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