Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'Europe n'est pas un modèle de démocratie participative : sondages réalisés dans divers pays européens mettaient en évidence une hostilité à 80% contre le produit de Monsanto ; "initiative citoyenne européenne", pétition à valeur légale demandant à la Commission Européenne de légiférer pour interdire glyphosate et mieux contrôler l'usage des pesticides ; vote du parlement européen demandant une interdiction progressive avec mesure de restriction immédiate pour les espaces publics et les particuliers ; travaux scientifiques indépendants montrant la dangerosité du produit, classé par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme cancérogène probable. Tout cela n'empêche par l'Union Européenne de voter la prolongation du Glycophysate, à la suite d'un travail de désinformation et de trucage des résultats mené par Monsanto.
C'est sur la base de ces rapports de "science poubelle" que l'agence européenne d'évaluation des pesticides a conclu à la non-dangerosité du produit. Les lobbies ont fait le reste. Malgré ces "dérives inadmissibles", la Commission a choisi de mettre sur la table un projet de prolongation sur cinq ans de l'autorisation du pesticide, voté à la majorité qualifiée à la suite d'un revirement spectaculaire de l'Allemagne, qui, jusqu'alors, s'était abstenue.
La France a voté contre la prolongation de l'autorisation et Emmanuel Macron s'est engagé à limiter la prolongation à trois ans pour la France. Mais a-t-il songé que, par l'intermédiaire d'une filiale canadienne, Bayer ou Monsanto pourrait porter l'affaire devant un de ces tribunaux arbitraux prévus dans l'accord commercial entre la France et le Canada pour empêcher les états de prendre des mesures nuisant aux intérêts des multinationales ? Quant aux agriculteurs, malgré les risques qu'ils encourent eux-mêmes au moment où ils répandent le Glycophysate, ils émettent des réserves sur la distorsion de concurrence à prévoir lorsque, dans trois ans, la France sera le seul pays à ne plus utiliser le pesticide. Que l'on puisse empoisonner en toute impunité la population pour des raisons de compétitivité est une preuve de plus que le capitalisme marche sur la tête.