Tout d’abord, si vous ne connaissez par la Primaire Populaire, il s’agit d’une initiative citoyenne qui affirme que pour faire gagner l’écologie et le social, éviter le duel Macron Le Pen et de manière générale un duel Droite néolibérale – Droite extrême ou conservatrice, il faut que les candidats de gauche se rassemble. Ils proposent donc une primaire qui se distingue des autres par le mode de scrutin : le jugement majoritaire.
Aujourd’hui, à gauche, plusieurs visions majoritaires s’affrontent. La première affirme que Jean Luc Mélenchon peut arriver au second tour et gagner, l’autre affirme que si la gauche n’est pas rassemblée au premier tour, elle disparaitra au second tour, et à l’inverse, rassemblée, elle peut gagner.
Certains affirment (en particulier les partisans de la France Insoumises que ça arrange) que la multiplication des candidatures à gauche n’a pas été un souci dans le passé, en prenant par exemple l’élection de 1981 qui a vu Mitterrand gagner l’élection alors qu’il y avait de nombreux autres candidats. Mais chacun des camps ignorent maladroitement des faits essentiels. Tout d’abord, en 1981 la gauche représente beaucoup plus qu’aujourd’hui. Le Parti communiste représente plus de 15%, la gauche n’avait jamais été au pouvoir depuis le début de la 5ème république (1954 avec Vincent Auriol pour être précis), les insatisfaits du mandat précédent ayant voté centriste se sont ensuite décalé sur les côtés, l’extrême droite est quasi inexistante et Mitterrand gagne avec 51% donc de justesse. Donc prendre 1981 comme exemple est juste un argumentaire plein de stupidité.
Une grosse erreur est de ne pas prendre en compte le fait que la gauche a été au pouvoir depuis, avec Mitterrand pendant 2 mandats, et Hollande avec un mandat en 2012. Et c’est là où le bât blesse. La Gauche défend dans son discours un système différent de celui prôné par la Droite, elle est censée fédérer les citoyens pour un système plus juste socialement. Mais Mitterrand, dont on ne voit les dérives qu’avec le recul mais qui déjà à l’époque était pointé du doigt par certains comme Balavoine ou Coluche pour citer les célèbres, a finalement aidé à faire courir la dette sans répondre à un enjeu de renouvellement du système et a bénéficié d’une situation initiale plutôt favorable grâce au second choc pétrolier qui a favorisé le mécontentement des citoyens puis l’embellie économique. Il y a l’accident Jospin en 2002 qui aurait dû immédiatement alerter sur le souci de notre mode de scrutin et sur la capacité de la gauche à s’unir pour le bien des citoyens. Et enfin, certainement le pire traitre qui a douché les espoirs d’un peuple qui pensait encore que la gauche était capable d’offrir autre chose : François Hollande.
Il faut dire qu’avec François Hollande, l’esprit qui anime la gauche a pris un sacré coup dans l’aile. Cahuzac, Macron, El Khomri, Moscovici… Comment ces hommes auraient-ils pu enchanter la gauche ? Ces individus ont acté définitivement que le parti Socialiste, dans sa forme de l’époque autant que l’actuel, ne pouvait définitivement pas répondre aux attentes du peuple de gauche.
2022 est complètement différent de 1981 mais le temps qui a passé nous permet tout de même de comprendre l’erreur. L’esprit de la gauche, c’est de pousser la justice sociale, c’est-à-dire l’égalité et une certaine forme de coopération au sein de la communauté. Mais les partis de gauche ont toujours attendu que les électeurs de gauche et le peuple les portent au pouvoir pour défendre leurs idées. Mais voilà tout le problème, la méthode dessert le cœur du combat. Car ce n’est pas au peuple de mettre les partis de gauche au pouvoir, mais aux partis de gauche de mettre le peuple au pouvoir. Car il pourrait toujours y avoir un « Hollande » qui prendrait la place de Macron et décevrait à nouveau le peuple de gauche qui basculerait dans l’abstention un peu plus.
« Quand la logique de droite veut que le chef décide pour le bien de son peuple dans une logique aristocratique (les meilleurs au pouvoirs), la logique de gauche veut que le peuple décide pour lui-même (le pouvoir se partage entre tous) »
Donc la gauche ne peut remplir ses objectifs que si, ce n’est pas un parti qui va au pouvoir, mais le peuple. Les partis, eux, doivent être un soutien pour que le peuple y parvienne. Il apparait donc absurde qu’un système de primaire veuillent représenter le peuple avec une figure importante de parti, qui plus est unique. Il n’y a que la modestie et la neutralité d’une personne qui pourrait en faire une figure temporaire dans un système présidentielle, en attendant que le système change pour redonner son pouvoir au peuple. Ce qu’on appelle la démocratie. Le terme aujourd’hui été détourné de son sens par les politiciens. Ils cherchent à faire d’un « pays libre » une « démocratie » alors qu’une démocratie est un pays libre, mais une république peut l’être autant sans être une démocratie. La Démocratie reste le vote des lois par le peuple, la République c’est le vote des lois par des représentants.
La primaire populaire, quant à elle, fait donc l’erreur de chercher la candidature unique en misant sur les égos des candidats ayant émergé des partis. Mais comme nous l’avons vu, les partis de gauche ne doivent pas être au-dessus des citoyens mais en-dessous. Pour faire gagner le peuple, c’est une condition nécessaire. Heureusement, parmi les candidats de la primaire populaire, il y a Charlotte Marchandise et Anna Agueb Porterie qui peuvent être cette figure citoyenne neutre garantissant le retour du pouvoir au peuple.
En outre, le mode de scrutin n’est pas garant d’un résultat acceptable. Un sondage récent au jugement majoritaire sur les candidats à la présidentielle fait sortir Valérie Pécresse et Emmanuel Macron avec une mention Passable supérieur à 50%, les autres sont insuffisants ou à Rejeter. Comment motiver des électeurs avec une figure qui serait Passable ? Certains philosophes des Lumières avaient déjà évoqué qu’aucun individu unique ne peut représenter la diversité du peuple Français. La primaire populaire, qui s’attend à créer une dynamique, a donc, à ce jour, pris le parti d’une méthode contre-productive et malheureusement, dans la veine d’un système rejeté par ses propres militants.
J’évoquerais de plus le problème de la France Insoumise et le Sujet Mélenchon.
Il est incroyable de voir autant de personnes soutenir un changement « démocratique » (en vérité républicain) et aveuglement cet homme. Conseilleur Général pendant 13 ans, Sénateur pendant 18 ans, Ministre pendant 2 ans, Député européen 7 ans, Députés Français pendant 4 ans… Mais qu’a-t-il fait ? Que de la politique, avec ses discussions animées avec Hollande pour la présidence du PS, puis il quitte le Front de Gauche pour créer son propre parti parce qu’il n’aimait pas gérer un parti avec d’autres personnes de même niveau de décision. Un homme qui promeut une 6ème République et qui se présente comme seule alternative pour être candidat de son propre parti. Non, Jean Luc Mélenchon ne pourra être qu’une déception pour la Gauche mais de toute façon il ne peut être élu car pour ces raisons il est trop rejeté par les citoyens (c’est le candidat le plus rejeté au jugement majoritaire dans un sondage). Et si par miracle il était élu, ce serait par un dégoût supérieur de son adversaire. Ce qui ne l’empêcherait pas de se sentir légitime pour mettre en place son programme. François Ruffin, qui n’est pas un homme politique dans l’âme, était beaucoup plus approprié. A 70 ans je ne sais pas s’il est capable de prendre conscience que s’il veut faire bouger l’histoire, il doit réussir à mettre ses ambitions de cotés et pousser les jeunes à montrer la voie. J’en doute mais sait-on jamais…
Que faire pour que la gauche gagne ?
La première chose qu’elle doit faire, c’est redonner confiance en elle. Et pour le faire, elle doit se remettre à sa juste place, c’est-à-dire sous le peuple et non pas au-dessus. En particulier le Parti Socialiste qui doit faire un Méa Culpa à la hauteur de son implication en mettant toute ses forces à défendre les citoyens et non pas ses membres éminents. L’espace médiatique ne doit pas être occupé par des Jadot, des Mélenchon, des Hidalgo, mais par des personnes lambda. Les partis de gauche doivent faire une croix sur positionner leurs anciens généraux à des postes, mais amener des groupes de personnes nouvelles à occuper des fonctions, conseillés par ces anciens qui ont de l’expérience. Sans ce sacrifice, qui s’applique aussi en particulier à Jean Luc Mélenchon, ils ne peuvent gagner la confiance de ceux qui leur ont tourné le dos depuis 1981.
Puis, si la gauche veut que le peuple décide, elle ne doit pas imposer un programme qu’elle pense bon mais le soumettre à l’ensemble du peuple. Il ne peut donc logiquement y avoir de programme qui serait mis en place avant que le système de décision ne soit pas lui-même démocratisé. La gauche doit aider à mettre en place donc, avant tout chose, un processus de refonte de notre système politique, afin que le peuple, et non plus ses représentants, soit respecté. Il y a un vrai travail pédagogique à faire et seul l'exposition démocratique des grands partis permet d'obtenir le temps de parole nécessaire à cet exercice.
Ensuite, elle doit montrer l’exemple en repensant la façon de faire de la politique. Le système présidentiel est un problème, il ne faut donc pas désigner un individu unique en suivant ces règles mortifères, mais bien un groupe divers, capable de prendre des décisions de manières transparentes et par consensus. Idéalement s'appliquer la démocratie (via une démocratie liquide pour plus d'efficacité). On a le droit de ne pas être d’accord, mais il faut qu’avec les arguments une ligne soient définies ensemble, même si d’autres points peuvent être débattu plus tard. C’est pour cela que la Primaire Populaire, au lieu de chercher à désigner un gagnant, devrait essayer de construire une équipe.
D’ailleurs, est ce que la gauche doit gagner l’élection présidentielle ou simplement les citoyens dans leur globalité. Rendre le pouvoir aux citoyens plutôt qu’aux partis, représentant une part infime des citoyens, est déjà un argument de taille pour convaincre au-delà du spectre de la gauche et éviter que la tribune présidentielle soit, comme elle l’est aujourd’hui, la tribune d’un parti en campagne continue. Pour de multiple raison il faut un candidat citoyen comme président, et ce qui l’a toujours empêché, ce sont les grands partis qui ont fait pression sur les maires pour ne permettre qu’à leur candidat ou des candidatures trop « originales » pour récolter une adhésion suffisante.
Actant cette élection comme la dernière de type présidentielle et pour garantir qu’aucun parti n’aura le pouvoir au-dessus des autres, les partis de gauche doivent accepter de porter comme candidat une personne hors de tout parti et dont l’expérience politique réduite laisse entendre qu’elle est au service des citoyens et qu’elle respectera son rôle : garantir le passage à un système de gauche au service des citoyens et non pas des partis.
Si les partis de gauche, ne parviennent pas a accepter ces grandes lignes, alors ils resteront parmi ceux qui se prétendent être « les ennemis de la finance » mais en sont les alliés les plus sournois.
C’est pourquoi, j’invite ceux qui veulent changer les choses, d’une part à s’inscrire à la primaire populaire pour garantir la victoire de Charlotte Marchandise ou Anna Agueb Porterie, mais aussi soutenir des candidatures citoyennes comme celles de Martin Rocca et Clara Egger qui, parallèlement, propose une candidature citoyenne lambda associée à un changement de dogme démocratique fondamental.
Je terminerais par rappeler que les victoires de radicalité ne sont pas des victoires citoyennes mais provoquerons l’alternance futur par un simple système d’insatisfaction, car le choix gagnant ne représentant jamais la majorité, il provoque disparation d’une grande partie de la représentation et la frustration. Alors que le peuple ne change pas aussi souvent d’avis que nos institutions changent de sensibilités politique. Pour des décisions stables dans le temps, nous avons besoin d’une Démocratie.