« Allemagne, 1930. 37% des voix pour le parti nazi, 36% pour la gauche. Novembre 1932, le parti nazi fait 33% des voix et Hitler est nommé chancelier. Novembre 1933, 100% des sièges sont obtenus par le parti nazi. »
Il est important de voir comme une république peut devenir rapidement un régime autoritaire quand les extrêmes arrivent au pouvoir. Et comment les hommes de pouvoir dans les partis politiques, à gauche comme à droite, par leur pratique opaque et antidémocratique du pouvoir, servent la montée des extrêmes.
Cela s’explique aussi car nos Républiques ne sont pas des démocraties, mais des régimes oligarchiques électoralistes. L’élection sert à choisir l’oligarchie, mais prive les citoyens de leur pouvoir.
Aujourd’hui, la situation de la France est similaire. L’extrême droite est aux portes du pouvoir législatif et s’annonce, en cas de victoire, légitime pour détenir le pouvoir exécutif. Comme les partis traditionnels l’ont fait avant elle.
Face à elle, un président qui provoque le rejet d’une majeure partie des citoyens, en incarnant un néo-libéralisme qui fait souffrir les classes modestes et ruine l’avenir des générations futures. Plus loin encore, une gauche qui n’a de vision que l’union. L’union pour gagner, encore une fois un peu de place et garantir la survie financière des partis. Une gauche qui décide encore et toujours en petit comité entre quatre murs à Paris, dont les sénateurs et députés ne se vantent pas de toucher 7500€ par mois. On place les amis, on sélectionne les collègues, et on continu d’utiliser massivement les jeunes pour militer pour les rares « élus ».
Avec une gauche au pouvoir de 2012 à 2017, qui a servi de marchepied à un président néolibéral qui a été élu grâce à un vote contre l’extrême droite, mais qui l’a encore fait croître.
Montesquieu considère notre système comme celui d’une République aristocratique. Aristocratique car l’élection est censée désigner les meilleurs d’entre nous. C’est l’objectif d’une élection. Qui ose croire que nos députés sont les meilleurs ? En vérité les meilleurs fuient la politique comme la peste. Ils ne veulent pas s’engager, mais n’hésitent pas à afficher leur indignation face au résultat. S’engager, certains le font, comme récemment en faveur du Front populaire, présenté comme seul vote de barrage à l’extrême droite. Le temps presse, pas le temps de réfléchir…
Pourtant, il existe des candidatures citoyennes, en dehors des gros partis, qui défendent la mise en place d’une vraie démocratie, celle qu’on appelle démocratie réelle ou directe.
Mais eux, on ne les entend pas sur les Médias. La gauche ne les aide pas à être candidats.
Notre problème central, c’est ce système politique, prévu pour un homme responsable comme le Général de Gaulle, mais dévoyé par cette famille politicienne que le Général avait en horreur. Qu’aurait-il pensé de la récente union entre Ciotti, président du parti qui se prétend de l’héritage de De Gaulle, et de l’extrême droite. Je crois qu’il est temps de baisser le rideau de cette farce, et de rappeler au Français l’essentiel !
Quand Robespierre était au pouvoir, une constitution inspirée des lumières donnait le pouvoir législatif à plus de 60000 citoyens en Français et le mandat exécutif était partagé entre 24 personnes pendant 1 an. À sa mort, les riches s’allient pour construire une constitution qui centralise les pouvoirs dans leurs mains, à Paris.
Depuis, on a réussi à vendre au Français qu’un système où on vote un jour pour des personnes pour désigner un gagnant n’ayant aucune responsabilité devant les électeurs pendant 50 ans… ah non 5 ans, est une démocratie. Mais la durée est-elle importante ? 10 jours de démocratie pour 50 ans d’oligarchie.
Sur le site institutionnel Vie Publique https://www.vie-publique.fr/fiches/19562-quels-sont-les-principes-fondamentaux-de-la-republique-francaise nous pouvons apprécier le caractère démocratique de notre république !
« le caractère démocratique de la République, qui implique le respect des libertés fondamentales et la désignation des différents pouvoirs au suffrage universel (ouvert à tous les citoyens majeurs), égal (chaque électeur dispose d’une voix) et secret (chacun vote librement à l’abri de toute pression) ; »
Il faut savoir que le caractère « égal » n’est pas respecté dès l’instant où il y a disparition de la représentativité avec le mode de scrutin. Effectivement, le vote n’a de « pouvoir » que s’il a un impact effectif sur le pouvoir. Cependant perdre ou voter blanc n’a aucun impact sur l’assemblée. La voix d’un électeur ayant choisi le gagnant et celle des autres n’est donc pas égale une fois l’élection terminée.
Ensuite, le caractère « secret » est davantage un argument contre la démocratie que pour. Dans l’histoire, les républiques autoritaires se sont servies du caractère « secret » pour truquer des élections. En outre, dans la démocratie athénienne, le vote se faisait à main levée. À l’assemblée le vote est public et les lobbies sont en relation officiellement avec les députés. La vérité est que si un tiers cherchait à faire pression sur les électeurs pour faire basculer un vote, ce serait de notoriété publique. Et donc il suffirait de condamner fermement cette pratique pour en réduire le risque. D’ailleurs le principe de procuration doublée du secret du vote ouvre également la voix à des pratiques douteuses.
En conclusion, notre système est une république oligarchique, bien loin de la démocratie. Mais les citoyens sont nés dans un système qui leur a toujours affirmé que la France était une démocratie, en réduisant l’argumentaire à la comparaison avec des régimes autoritaires. Un discours qui bien évidemment sert ceux qui sont au pouvoir. Les citoyens ignorent ce qu’est la démocratie. Ils ne l’ont jamais connu. Ce qui s’en rapproche le plus, c’est l’isocratie dans un petit groupe. Un simple vote où chacun compte pour un, certainement limité à un choix entre 2 réponses. Mais la démocratie est plus diverse, plus riche que ce simple vote binaire.
Nous sommes dans une époque grave. Et tristement la population prend le mauvais chemin, aveuglée par des luttes de pouvoirs qui ne s’intéressent pas au bien commun, mais à celui de quelques-uns. Candidat dans la seconde circonscription de l’Indre, au contact des électeurs, je remarque qu’ils ont démissionné politiquement. Pour eux, enfermé dans leur désespoir, ce sera l’abstention ou les extrêmes. Je pleure ce soir les idées des philosophes des Lumières qui se sont fracassées contre les intérêts individuels des capitalistes.
Pierre SCHWARZ
Candidat dans la seconde circonscription de l’Indre
constitutioncitoyenne.fr