ATTENTION TRAVAUX DE POLITIQUE ET PHILOSOPHIE SAUVAGE 6
Le risque d'un totalitarisme écologique
Je ne sais pas pourquoi mais Gréta Thunberg me fait un peu froid dans le dos, pas vous ? Ne me cassez pas la gueule tout de suite mais n'y aurait-il pas quelque chose de légèrement autiste dans son personnage ? En tout cas, la fulgurance de son ascension médiatique doit bien être significative de quelque chose de nouveau et d'un peu bizarre dans notre société.
Voilà le discours d'une jeunes fille, relayé par les médias du monde entier qui nous intime l'ordre de tout réparer de ce monde bien amoché (d'abord, quel est ce nous?). Le contenu du discours est entièrement justifié. Il faut dénoncer la marchandisation du vivant absolument, mais ce monde est le notre et l'on ne peut pas se placer hors de lui pour le juger. Faire fi de la filiation et de la dette générationnelle est dangereux. Critiquer ce monde consumériste, se battre, inventer les formes possibles d'un monde nouveau oui, mais cliver l'humanité entre victimes et coupable et déclarer au nom de quoi au faite, l'insignifiance de l'homme, ça craint des ronds de chapeau. Pour en finir avec cette satanée ambivalence humaine et ses liens avec la nature, dans ce monde post-moderne d’hégémonie capitaliste devenant de plus en plus bivalent , la tentation est grande de déclarer l'insignifiance de l'homme. Paradoxalement, déclarer cette insignifiance et vouloir imaginairement s'identifier à elle (montée en puissance des courants antispécistes, véganes et compagnie) signe pour moi un délire de toute-puissance imaginaire, donc un risque totalitaire majeur.
C'est vraie que ce n'est pas rien cet âge bascule de l'adolescence, pardon, cet âge bascule de l’anthropocène ; et la perspective de plus en plus massive et catastrophique de ses conséquences. Il faut agir de toute urgence. La lutte écologique est vitale, c'est une question de vie ou de mort, il n'y a pas à tergiverser. Il faudrait être con comme un texan pro Trump pour dire le contraire. Un peu comme le port du masque ou les gestes barrières. Tout le monde d'à peu près sensé se retrouve là dessus.
En France et un peu partout dans le monde, la vague verte prend de l’ampleur (Drôle de métaphore Tsunamique vous ne trouvez pas ?) Aux dernières élections municipales c'était flagrant et tous les parties politiques se doivent de repeindre avec plus ou moins d'entrain leur programme . Sauf ceux dont les chefs sont tellement aveuglés par leur égo qu'ils ne voient même pas le vent .tourner. Europe Écologie les Verts eux, ont le vent en poupe. Eux qui louvoyaient jusqu'à présent de droite et de gauche ont trouvé le cap. Tous droit. Leur projet c'est d'exister et d'agir parce qu'il y a un besoin urgent....
La maison brûle, il faut des pompiers. Oui, mais qui a foutu le feu ?... C'est plus le moment de chercher faut éteindre !...Non, Non c'est toujours le moment de cherche !!.
D'ailleurs l' écologie est-elle de droite ou de gauche ? Ce n'est plus la question. L'écologie doit être pragmatique (ce mot oh combien suspect!).
« Elle ne doit pas être occupée par des problèmes de productions et de répartitions » a dit le nouveau secrétaire des EELV, Julien Bayou à France Inter ce matin.. L'écologie aujourd'hui prône un monde axé sur de nouvelles énergies propres. Oui, mais qu'en est t-il du système économique qui est a l'origine de ce besoin exponentiel d'énergie?
Toujours sur France Inter ; le maire de Grenoble Eric Piolle ; « Nous ne sommes ni pour la croissance, ni pour la décroissance, nous sommes pour des énergies propres « .
En sommes une planète nettoyée des scories produites par l'activité humaine sans remettre en question l'inflation folle de ces scories généré par le système mondialisé en place.
Dans ce discours, ce n'est pas le système qui est remis en question avec son emballement catastrophique. Ce système basé sur les lois du marché , un système de production capitaliste comme le nommait Marx (Pour Marx le capitalisme n'est pas une idéologie mais un système de production économique... ça a son importance). Ce système dont les scories (les déchets, la pollution) sont les conséquences incontournables. Toujours plus d'avoir (à défaut de toujours plus d'être), c'est toujours plus de merde, avec ou sans papier recyclable. Et plus cela va aller, et plus les mesures pour nettoyer la merde seront drastiques et passeront avant toutes libertés.
La montée des mouvements écologiques est inversement proportionnelle aux nombre d'électeurs, ce n'est sûrement pas un hasard. . Plus le peuple est dégoutté de cette pseudo politique des coquins, des malins, et des narcissiques plus ou moins pervers, plus il cherche à se retrancher dans l'imaginaire d'une nature bienfaisante (La nature, c'est ni bien ni pas bien, ça nourrit comme ça tue). Il se retranche ou alors, ou alors s'extrême droitise, ce qui est loin d'être incompatible. Faites un petit tour dans l'histoire contemporaine. Illusion d'un sur homme débarrassé de toutes tares (péchés, pulsions, maladies comme vous voulez selon l'époque) « Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolvers » Hermann Goering L'écologie comme une finalité en soi, comme la recherche d'un monde revenu à sa virginité première est un risque majeur. Cela peut conduire au rêve halluciné fasciste.
Nature ou culture, il faut choisir ??
Il faut sauver la planète mais qui sauvera la culture Il n'y a pas de nature sans culture si ce n'est l’illusion mortelle d'une pureté radicale, d'une symbiose parfaite entre l'homme et son milieu. La culture, dans tous les sens du terme, dans son actualité, mais aussi dans ce qu'elle a de fondamentale.
Ce terme de culture, c'est quelque chose ! L'équivocité de ce terme est merveilleuse...Condensé étymologique
Du mot latin cultura qui vient lui-même du verbe latin colo, colere, qui signifie cultiver, soigner d’où cultum et colonus, habitant d'une colonie. La culture ça serait-t-y pas notre façon d'habiter la terre ?
Ça serait-t-y pas autant le soc qui laboure et la main qui semence ? (malheureusement c'est aussi OGM, Rondop et compagnie) autant que notre art de la représentation et de son savoir ?
Le dico étymologique Hachette a une jolie définition : Du latin cultura : soins que l'on donne à la terre et attention que l'on donne à l’esprit
Bon, tout ça pour vous dire que culture et civilisation c'est un peu du pareil au même. Parce que oui, pour moi, LE POLITIQUE ça fait partie de la culture, c'est-à-dire que cela fait partie de l'acte civilisationnel (ça y est, je commence à employer des gros mots)
J'ai l'impression que bon nombre de nos « dirigeants » nous ont spolié de ce qui nous revient à nous de notre façon d'habiter ce monde, c'est à dire de s'engager dans l'acte politique, avec nos aspirations et nos échecs, nos victoires et nos revers, nos rêves de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, jetées dans les toilettes de leur Ego Capital.
L'écologie en cela fait parti intégrante DU politique et doit être traité par tous comme notre façon A NOUS, d'habiter notre maison
Je pense donc que le mouvement écologique ne peut véritablement être « vivant » qu'intégré à la perspective d'un changement radical des modes de productions et de consommations, n'en déplaise au EELV.
Vous vous rappelez ce que disait Vals à propos de ceux qui essayaient d'avoir une réflexion sur le phénomène du terrorisme ? « Expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser » Quel beau slogan totalitaire !Chercher à expliquer, c'est chercher à faire l'analyse de nos erreurs pour ne pas continuer à foncer dans le mur, même si le mur est en matériaux entièrement recyclables grâce au programme des écolos.
Mais Julien Bayou parle aussi de justice sociale !? Ha Oui ? Quels moyens propose-t-il pour imposer cette justice au monde de la finance ?
Défendre une position écologique aujourd'hui, c'est évident. La nature se meurt sous nos yeux et nous pourrions bien la suivre de peu Quand on est blessé, on se soigne, c'est normal. Le retour du Réel (J'y reviens à mon Réel).
Mais doit-on vivre dans un monde d’hygiénistes thérapeutes qui seraient en même temps les fossoyeurs de notre libre arbitre (traitement du symptôme, dénie de l’être). N'en déplaise à Spinoza, que j'aime bien sur d'autres points mais j'entends le libre arbitre comme un existentialisme humaniste...
« Nous sommes les choix que nous avons fait »...et oui, le retour à Sartre....)
Que signifie ce phénomène civilisationnel où le dénie global de nos limites vers une extension exponentielle (de produits matériels mais aussi d'inflation imaginaire, de virtualisation) nous rend étranger à nous même ?
« La montée de l'insignifiance » (un bouquin d'un type remarquable Cornelius Castoriasis).
La perte de la quête du sens des choses au profit d'un toujours plus de jouissance et d'un toujours moins de désir. .
Est-ce inéluctable ?
Que nenni mon ami car je crois à ce drôle de phénomène mystérieux que nous partageons tous ensemble qui s'appelle la curiosité. La curiosité de tout et de tous, de soi et de l'autre, depuis l'instant où le nouveau née ouvre l’œil jusqu'à l'instant où le vieillard ferme le sien. Cette curiosité, que je ne serai pas loin de penser que cela pourrait ressembler « presque » à de l'amour.... (Ça, c'est pour une des dernières chansons d'Alain Souchon que j'adore...c'est mon côté midinette... )
Cette curiosité, sans laquelle je crois, on se serait tous entre-tués et/ou suicidés depuis belle lurette. Cette curiosité là, dont je tire mon auto légitimité à m'adresser à vous, malgré mes incompétences crasses, cette curiosité mène le monde d'un espoir toujours renouvelé
Pierre-Yves