Attention Travaux de Politique et de Philosophie Sauvage 10
Une république à bout de souffle : Imposer un pacte social ?
Dernières grandes mesures d'un Jupiter-à-terre qui se voyait décoller. L'homme providentiel se dresse pour endosser l'armure républicaine contre les séparatistes sournois, maures de préférence. Voilà bien un thème fédérateur éclairant le bon peuple sur les justes causes, en noyant le poisson du mauvais esprit circulant, qui poussent aux révoltes anarchisantes. Ses précédentes déclarations humanistes et résolument sociales, du temps du confinement, se sont dégonflées bien vite et il se devait de reprendre la main, d'occuper le terrain médiatique, de regonfler le moral des troupes puisqu'il s'agit de faire la guerre parait-t-il. Il se devait de jouer à nouveau les guides d'une France en ordre de marche vers... une nouvelle croissance . .
Après la « laïcité positive » de Sarkozy, la laïcité renforcée de Macron. Plus laïc que laïc, plus blanc que blanc, pardon, c'est de mauvais goût ! ¨Tout bon narcissique n'étant jamais mieux servi que part lui-même, il annonce des mesures les plus importantes depuis les grandes lois sur l'école obligatoire et la séparation de l'église et de l'état. Macron, plus fort que Jules Ferry, plus fort qu'Aristide Briand, voilà le nouveau chevalier des valeurs républicaines. Et toute la cours des ministres de reprendre en cœur le discours du grand homme, avec toutefois de légères défections dans le mouvement, pour quelques uns qui n’apprécient plus guère la fonction de marchepieds. Réunir les français, lesquelles ?, autour de la juste cause de la laïcité républicaine. ressortir une fois de plus, les grands mots des illustres anciens en espérant que le simple fait de les prononcer l'élèvera magiquement à leur hauteur. En appeler solennellement au pacte social en alignant les décrets comme autant de solutions salutaires. Ce nouveau roi de pacotille est tout aussi nu que nos monarques anciens sans même la sacralité de leur habit d'hermine. Le sceptre n'est plus qu'une matraque.
Chasser le despotisme, il revient au galop.
Je crois qu'il est fondamental en ces temps de confusion généralisée des termes employés, de ne pas confondre le régime républicain et l'aspiration démocratique. Nous vivons une crise profonde des régimes républicains étatiques, nous ne vivons pas une crise de la démocratie, si il faut entendre par démocratie, non pas la récupération d'un modèle plus ou moins fidèle à la démocratie athénienne, mise au service de régimes diverses, démocratie libérale, démocratie chrétienne, démocratie populaire, mais la démocratie prise dans son sens étymologique le plus littéral, comme une aspiration à partager un espace commun. l'espace politique d'un territoire, « Le terme démocratie, du grec ancien δημοκρατία / dēmokratía, combinaison de δῆμος / dêmos, « territoire » (de daiesthai, « partager ») puis « peuple » (en tant qu'ensemble de tous les citoyens de la cité), et kratein (« commander »), désigne à l'origine un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions politiques au moins par le vote. Il désigne aujourd'hui tout système politique dans lequel le peuple est souverain. » Encyclopédia Universalis ..
Les valeurs de l'état républicain, car il s'agissait bien de valeurs, depuis l'origine, depuis la déclaration des droits de l'homme en 1789 et la convention nationale de 1992, ces valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, en ont pris un bon coup dans l'aile. Dès le départ, c'était mal partie pour une véritable aspiration démocratique. Plus que cela le système politique républicain c'est très vite opposé à toutes formes de démocratie directe, et les ont mêmes combattu. La seule mesure qui a permis à la république de se dire démocratique, c'est l'élection de ses représentants, et c'est bien peu. Lire le livre de David GRAEBER « La démocratie aux marges ». Ces valeurs démocratiques « récupérées » par les différentes républiques, ont été trahies, bafouées, vendues, dévitalisées, dénaturées, spoliées, humiliées, de mille façons au fur et à mesure des républiques successives et de l'intérêt des puissants. Jusqu'à la dernière, la cinquième, celle de 58, qui a donné pratiquement plein pouvoir à un seul homme, le président, et qui à tordu peu à peu l'espoir qui pouvait encore subsister pour le peuple, dans « le programme du conseil de la résistance » à la fin de la seconde guerre mondiale.
Cette cinquième république aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec l'idéal démocratique, Le système capitaliste a fait voler en éclat ce qui pouvait en être du pacte social, puisqu'il prône non pas des valeurs de partages et de solidarités mais des tendances primaires d'accumulation et d'individualité forcenée. Les différents dirigeants qui ont été élus ces dernières décennies, issus de la droite ou de la gauche réformiste, ont abandonné au monde du capital, les organisateurs du projet républicain que sont les institutions d'états et les services publics.
Comment mobiliser toute la communauté nationale autour de ces valeurs de partage et de solidarité quand tous les moindres actes gouvernementaux nous montrent strictement l'inverse des discours prononcés : Mesures sécuritaires, taxation des plus pauvres, démantèlement des services publics, démantèlement de la protection salariale, de tous les services de protection et service sociaux, avantages faramineux aux intérêts privés au détriment de l’intérêt public, politique mercantile et répressive, mesures anti immigration populistes (ce terme de populiste à été tellement tordu ces derniers temps ! Populiste pour moi, c'est chercher à séduire le peuple par une pseudo mise en valeur de ce qui est bas en lui. Chercher à convaincre le peuple de mettre en lumière au contraire, ce qu'il a de plus haut, ça c'est autre chose !) Enfin, comment prêcher le pacte social lorsque tout a été fait précédemment pour le miner ?