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Billet de blog 13 décembre 2020

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Quand on ferme un théâtre, on ouvre une prison

Il faut se distraire de l'essentiel et pour cela les plates-formes devraient largement suffire.

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Attention Travaux de Philosophie Politique Sauvage 16 

Quand on ferme un théâtre, on ouvre une prison

      Un régime politique qui priorise le profit, le sécuritaire, et le sanitaire au dépend de l'éducatif, du lien social et de la culture, est un régime qui a perdu le sens même de sa mission. C'est un régime au service du système ultra-libéral mondial actuel qui a perdu toute légitimité pour représenter le peuple.

Leurs priorités

L'ouverture des supermarchés pour vite acheter/consommer,

L’inondation sur le marché d'un super vaccin, très beau pas cher de nos amis les lobbys américains, sans recul, sans position critique.

La défense du nucléaire avec en prime, un gros pétard flottant de plus de cinq milliards à la clef

Des applications de surveillance tout azimut, surveille ton voisin Covide et bientôt, surveille ton voisin Black bloc (ce n'est pas une blague, c'est bien en projet)

Une loi sur la sécurité globale (tout est dans l'intitulé, nous sommes globalement en liberté surveillée)

Un projet de loi pour abaisser l'âge de la responsabilité pénale à 13 ans.

La mise en place de consultations citoyennes; amuse-peuple en forme pseudo démocratique relevant d'un incroyable mépris

        La culture n'est certainement pas une priorité pour les décideurs au pouvoir. Les cinémas, les musées, les expos, les théâtres, les concerts, les arts vivants, sont bien plus qu'un marché, bien plus qu'un secteur d'activités où les réduisent les technocrates. Ce sont les lieux vivants de la culture. Bien sur que tout le monde n'en profite pas, bien sur qu'une majorité de la population est violemment exclue de cette ouverture au monde et dissuadé d’accéder à ce qui pourrait vraiment les concerner. Mais, même si la culture est difficilement accessible pour tous, elle appartient à tous, c'est un objet commun. (merci Jean Vilar, le groupe octobre, Jacques Prévert, Ariane Mnouchkine et tout les autres, connus et inconnus, passés et présents !)

        Pourtant la culture est vitale pour toutes sociétés. Pas la culture bourgeoise sous serre, manifestation de la ségrégation sociale, non, la culture comme aspiration à se sentir concerné par l'autre, par les autres. La culture comme fait de civilisation, comme trait-d'union humanisant. Celle que Freud assimilait à LA civilisation même. Si il n'y a pas de culture, il n'y a pas de civilisation, il y a que le chaos des violences pulsionnelles. Mettre le monde de la culture sur le même plan que celui du commerce, de l'industrie, des loisirs, du travail, c'est ne rien comprendre aux fonctions essentielles que celles-ci occupent dans l'ordonnancement social. La culture est bien autre chose qu'une satisfaction pour l'élite ou un divertissement pour les masses. La culture c'est ce qui nous unis autour de ce qui nous dépasse. La culture en cela est éminemment politique. Politique dans le sens où la culture est ce qui mobilise le NOUS.

 La richesse d'une culture fait œuvre de civilisation et je pense que ses fonctions se déploient entre deux pôles majeurs: Fonction divertissante et fonction symbolisante. Je vais essayer de m'expliquer

La culture comme fonction divertissante.

Se divertir c'est sortir un temps de l'objet qui nous occupe. C'est oublier volontairement notre condition, notre état, nos angoisses existentielles en mettant de côté un temps, la gravité des choses (gravité entendu aussi comme masse attractive). C'est aussi sûrement travestir le tragique pour s'en moquer, le détourner, le rendre dérisoire, le transformer, le sublimer parfois. C'est la capacité créative qui nous permet de jouer (dans le sens de s'amuser, mais surtout dans le sens de mettre un espace entre, un espace potentiel, un espace de possible entre notre solitude et notre destin). Jouer avec les représentations de nos pulsions, nos affects, nos sentiments, pour passer le temps, pour aimer et ne pas mourir encore ( « Je chante pour passer le temps »... Merci Aragon)

La culture comme fonction symbolisante.

La culture c'est l'espace des mythes, des traditions, des rituels et en même temps c'est l'espace de la contestation des mythes, des traditions, des rituels. C'est un espace vivant d'appartenances multiples et croisées. Un vivier humain en quelque sorte Le lieu même de la transmission d'un savoir en perpétuelle élaboration, donc en perpétuelle mouvement. Une chaîne qui se noue et se dénoue au gré du temps. C'est l'espace du langage organisateur du monde symbolique.

Ces deux fonctions sont étroitement mêlées et corollaires. Dans ce monde ultra-libéral, où la technologie numérique sert d'outil d'aliénation, la fonction symbolisante de la culture est attaquée de plus en plus, digérée, récupérée pour ne laisser apparaître que la dimension distrayante

Il faut se distraire de l'essentiel et pour cela les plates-formes devraient largement suffire.

La culture qu'en à elle, elle devra se faire toute petite..... et attendre les miettes.

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