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Billet de blog 15 avril 2022

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Le non choix de l'ultralibéralisme

La liberté de Delacroix a été kidnappée par la maffia financière et le pauvre peuple n'a plus de guide. Mais il peut encore s'évader avec la 5G et oublier pourquoi il devait se battre.

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Le non choix de l'ultralibéralisme

La liberté de Delacroix a été kidnappée par la maffia financière et le pauvre peuple n'a plus de guide. Mais il peut encore s'évader avec la 5G et oublier pourquoi il devait se battre.

Nouvelle épisode électoral, pseudo démocratie d'un jour, ce dimanche 10 avril . Il n'y avait pas à se tromper, une nouvelle gauche apparaissait, canalisant encore un peu nos faibles espoirs en une politique digne de ce nom, représentée par un homme politique qui ne cherchait pas à être aimé et que l'on aimait pas forcément, mais qui pouvait représenter à un moment donné, nos volontés de changement. .Une option réformiste certes, mais une option vers une sixième république et peut-être le début d'autre chose. On y était presque, à y croire encore, au début d'une nouvelle commune histoire. Et puis merde, de nouveau, au deuxième tour, ce choix qui n'en est pas un. S'abstenir, ou chercher à éviter le pire, encore une fois, jusqu'à quand ?

Ces élections présidentielles en ont fait une fois de plus la démonstration, la démocratie véritable partout agonise, la démocratie partout se meurt, empoisonnée par le virus ultra-libéral. La place du pouvoir symbolique du peuple a été vidée par cette « philosophie de l’égoïsme" telle que défini par Max Weber à propos du capitalisme. Une place de pouvoir vide de sens, vide d’éthique, vide d’esprit, de lumière et d'espoir, vide de toutes valeurs symboliques qui doivent nous rassembler et nous guider.

Le pouvoir désormais est aux algorithmes, aux places financières, aux marchés, et aux gros malins qui savent s'en servir, comme ils savent se servir des émotions et des affects du peuple pour faire leurs affaires. Le pouvoir est aux actionnaires de nos vies, qui gèrent les problèmes de société comme on gère une société. Qui managent le personnel humain pour qu'il soit efficace, productif, positif surtout, donc en bonne santé, physique et mentale (psychique est un mot devenu à la limite subversif). Le pouvoir symbolique du peuple a été vidé par l'hégémonie culturelle du discours ultra-libéral. Il ne lui reste plus à ce peuple (pour le moment!) qu'une violence réactionnelle stérile si elle ne peut être transformée, et/ou la plainte d'une souffrance tout aussi stérile si elle ne se transforme pas, elle aussi, vers une volonté, non pas de réparation, mais de justice.

L’ultralibéralisme triomphant se satisfait de tous les régimes. Du plus soft libéral, au plus autoritaire et dictatorial. De tous les régimes sauf d'une véritable démocratie directe et populaire qui remettrait en cause son instrumentalisation de l'humain, pour en faire un objet passif de producteur/consommateur aveugle et sourd.

Gramsci disait que le pouvoir politique était dans la manipulation de la pensée collective par un discours idéologique. C'est l'hégémonie culturelle du discours ultra libéral qui a le pouvoir aujourd'hui. Un pouvoir réel dans toute sa violence qui peut alors être représenté par le plus retors, le plus grande gueule, le plus fou, le plus pervers (les exemples ne manquent pas de part le monde).

En France, nous n'en sommes pas encore là, mais on y va tout droit. Le pouvoir symbolique est vacant, il ne reste pour tenir cette place de pouvoir rapté par le capital, qu'un hydre à deux têtes, ou deux avatars d'une même entité ; Soit Macron, le porteur d'un ultra-libéralisme pervertissant nos aspirations de libertés, qui, à n'en pas douter, deviendra avec le temps de plus en plus autoritaire et fascisant. Soit Le Pen, image plus traditionnelle de la réaction, et du fascisme, sur un mode plus identitaire, matinée de populisme opportuniste, qui servira tout autant le capitalisme financier.

Alors, voter ou ne pas voter ? Le serpent ou la hyène ? De toute façon, l'enjeu démocratique est ailleurs que dans ce choix non-choix. Peut être dans ce que nous ferons de cette Union Populaire qui vient de naître, et dans une réelle prise de pouvoir de nos destinées.

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