« Le souffle du Grand Loup "
Cette histoire commence par un très vieux loup qui va bientôt passer l'arme à gauche (une expression qu'il avait volé aux chasseurs). Ce loup avait fait son temps. Il était venu tout jeune d'une province orientale de Roumanie , alléché par la réputation de l'agneau français. Il avait traversé les Alpes, et s'était installé depuis bien des années dans le parc national du Queyras, un vrai pays de cocagne pour loups. Il avait ma foi bien vécu. Avait aimé plusieurs louves plus belles les unes que les autres, s'était bien battu et avait collectionné pas mal de cicatrices, avait repeuplé la région d'une légion de louveteaux à en faire faire des cauchemars aux bergers locaux. Une vrai vie de loup libre. Lorsqu'il commença à prendre de l'âge, lui qui était plutôt sociable pour un loup, devint peu à peu solitaire. Le temps faisant son affaire, il était de moins en moins présent lors des chasses avec ses collègues loups, n'avait plus le goût à la gaudriole, s'essoufflait de plus en plus, commençait à perdre ses grandes dents de loup, jusqu'au moment où il lui a bien fallu garder la tanière.
Heureusement, des voisins, un gros chat noir acariâtre et asthmatique, une vieille belette veuve de guerre, et un lapin timide et homosexuel, lui rendaient visite régulièrement pour s'occuper de lui., Madame belette lui faisait son ménage, le chat le débarbouillait au mieux, et le lapin lui faisait à manger végétarien, au grand dame du vieux loup. Les trois compères voisins faisaient ainsi preuve de solidarité animale. Ils savaient que le vieux loup avait eu sa vie de loup mais qu'il n'avait pas mauvais fond, surtout, ils ne craignaient plus rien du vieillard. Enfin, leurs gentillesse et leurs dons étaient largement payés par de magiques soirées. Le vieux loup leur racontait de son lit, d'une voix chevrotante (une voix chevrotante, pour un loup, pensez !) de passionnantes histoires plus ou moins véridiques. Ainsi, un soir, comme beaucoup d'autres, après l'avoir couché et fait boire son potage, ils s'assirent à son chevet et attendirent que le vieux loup raconta un de ses récits fabuleux.
Il commença ainsi :
- « Je me souviens avoir entendu un jour une histoire mémorable de la gueule d'un être mythique. J'étais à l'époque un jeune loup dans la force de l'âge, le croc bien aiguisé et le poil bien dru. Je chassais comme à la coutume dans une forêt profonde de mon pays natal. J'étais affamé et n'avais pas encore repéré de proies lorsque qu'un fumet délicieux me monta aux naseaux. Naturellement je m'empressais de remonter à la source de cette promesse de festin. J'arrivais alors au bord d'une rivière et là, je vis un spectacle qui me terrifia.
Là, devant moi, était le plus grand, le plus fort, le plus terrible de tout les loups que jamais la terre ne porta. C'était, à ne pas s'y méprendre LE GRAND LOUP en personne. LE GRAND LOUP avec Majuscules, oui mes petits amis. Le Grand Loup, cette légende vivante, connu et redouté de tous et de toutes pour son incommensurable souffle dévastateur, pour son haleine fétide, pour ses oreilles gigantesques, pour ses yeux de braise, pour ses griffes d'acier, pour ses crocs... Bon bref, le grand Loup en personne. Il était là, à quelque mètres de moi et il s'apprêtait à dévorer un mouton qu'il venait d’égorger. Vous vous doutez bien que j'étais paralysé, transi de peur, mais en même temps j'avais aussi très très faim. Poussé par mon estomac, n'y tenant plus, je m'approchais doucement de la scène, tout tremblant et la queue entre les jambes. Il leva brusquement la tête et porta son implacable regard sur moi.
-« Holà l'ami, tu veux venir faire un brin de causette avec moi et partager mon repas ? »
« Dit-il avec une voix à faire s'évanouir de terreur toutes les volailles du pays J'étais terrifié. Terrifié mais tout aussi flatté que le Roi, que dis-je le Roi, l'Empereur de la foret, le Maître et Seigneur, me traite comme un semblable et m'invite à sa table, et surtout, j'avais très, très faim. Il me reçu simplement. Nous mangeâmes goulûment comme il se doit un mouton fort bon sans échanger un mot. On a beau être loup, on a du savoir vivre et l'on sait qu'il est impoli de parler la bouche pleine. Une fois repus du repas, nous nous léchâmes les babines, puis nous nous installâmes confortablement sur des rochers au dessus de l'eau vive, à l'ombre fraîche de noisetiers. Là, le Grand Loup voulu bien me faire l'honneur de sa conversation. C'est ce qu'il appelait une causette »
Le vieux loup eu une profonde quinte de toux qui lui déchira la poitrine. Le chat et la belette regardèrent le lapin avec insistance, celui-ci alla chercher un verre d'eau et fit boire le vieillard. Ils attendirent impatiemment que sa toux cesse et que sa respiration s'apaise pour qu'il reprenne son récit. Après quelques instants, il reprit le récit que lui avait fait le Grand-Loup.
- « Connais-tu la Moldavie » dit le Grand Loup ?
-« Naturellement il ne me laissa pas le temps de répondre et poursuivit son récit . Figure toi, mon petit ami, qu'il m'est arrivée en ces contrées une histoire bien singulière. Tout le monde pense que le Grand Loup est tout-puissant et que rien jamais, ne peut l'affecter. Cette histoire te montera que ce n'est pas tout à fait le cas.
- « Je l'écoutais tout en digérant mon repas, légèrement assoupi, mais en même temps, avec beaucoup d'attention et une certaine vigilance qu'en à sa dentition et ses éventuelles sautes d'humeur. Il poursuivit »
- « La Moldavie est un pays de collines aux forêts profondes et obscures tout à fait propice à mon activité. Dans un de ces vals, étroit, boisé et ombreux vivait une famille de cochons dans une petite ferme avec un minimum de terres cultivables alentour. Le couple avait trois cochonnets. Arrivés jeunes adultes, la ferme étant trop petite pour nourrir tout le monde, ils durent par nécessité quitter le tablier de leur mère et aller faire ailleurs leur vie de cochon. Leur nature était très différente pour chacun, et comme tu vas voir, ils s'y prirent pour aller dans le monde, de façon bien singulière.
Le premier, l'aîné, était un grand gaillard, solide comme un roc, droit dans ses bottes, ambitieux et suffisant. Il faisait la fierté de ses parents. C'était un pragmatique. Il partit dans la ville de Chisinau, capital de la Moldavie, où il devint cochon d'affaire et sut très vite faire fructifier les siennes avec le petit apport financier donné par ses parents à son départ de la maison. Je crois qu'il commença par créer une entreprise de sécurité en tout genre. Il se lança même plus tard avec grand succès, dans la fabrication de masques, lorsqu'un de mes redouté éternuement provoqua un jour, une épidémie dans toute la région. Plus sa fortune grossissait, et plus il redoutait de la perdre comme si il s'agissait de sa propre vie. En guise de demeure, il fit alors construire une véritable forteresse, Il y mit toute son énergie et employa pour se faire une armée de cochons noirs dont la paye naturellement, avait la même couleur. Tout était conçu dans ce bâtiment pour se parer de tout les dangers. Dangers extérieurs, à commencer par moi, bien sur, le Grand Loup, mais aussi dangers occasionnés par des animaux vagabonds, les plantes potentiellement toxiques et la fréquentations de voyageurs, qui pourraient ramener n'importe quelles cochonneries. Enfin, il voulait se protéger de tout ce qui pourrait sembler suspect, c'est-à-dire à peu près de tout. Il y avait des caméras de partout, tout le monde portait des combinaisons étanches. L'air était conditionnée et il était strictement interdit d’ouvrir les très rares fenêtres. La nourriture était produite hors sol et désinfectée avant d'être mangée. Tout avait été prévu, anticipé, programmé, projeté, et comme les esclaves cochons, pardon, les collaborateurs du patron cochon n’étaient que des cochons, c'est-à-dire, des êtres pas totalement fiables, ils avaient fini par être remplacés par des ordinateurs et des machines, eux infaillibles. Enfin, cet empire forteresse était une réussite totale.
Au jour et à l'heure déterminée pour remplir ma mission qui, comme tu le sais, est de mettre à bas toutes constructions animalières pour en dévorer le contenu, je me présentais devant l'édifice dont le spectacle me laissa assez circonspect. Après un temps de réflexion, je me mis à penser qu'il était inutile de gaspiller mon souffle dévastateur, il me vint une autre idée.
Le vieux loup, à ce moment du récit, commenta pour son auditoire constitué de ses trois petits amis, pendus littéralement aux mots qui sortaient de sa gueule à moitié édentée.
-« Je repris conscience de la situation extraordinaire dans laquelle je me trouvais à l'évocation faite par le Grand Loup de sa terrible mission, et de la nature véritable du personnage qui était allongé sur le rocher, prés de moi. Je ne pus que balbutier timidement - Et Maître Grand Loup, quelle était cette idée ? »
Le chat, la belette et le lapin répétèrent en cœur :
-« Oui vieux loup, dites nous donc quelle était cette idée ? »-
Le vieux loup continua alors le récit de Grand Loup.
-« Je savais que le lieu sinistre avait un besoin vital d'énergie et dépendait pour cela d'un long câble électrique, il me suffisait juste de couper le courant pour réduire à néant toutes ces machinations. Je m’exécutais et attendis tranquillement le résultat de mon sabotage. Très vite, je vis le cochon sortir en courant par la porte blindée qui ne lui avait servi strictement à rien. Je je m'amusai quelques instants à le terroriser puis fondis sur lui et le dévorai comme il se doit. Finalement. Sur l'opération, j'étais fort déçu. Le geste était bêtement digne d'un humain, et le cochon, gonflé d'une mauvaise graisse bourrée d’antibiotiques, à la limite du mangeable.
Le vieux loup commenta pour ces petits voisins pétrifiés.
«- Nous étions maintenant au milieu de l'après-midi. Ma digestion se terminait et l'ombre des noisetiers envahissait lentement le rocher où nous étions couchés. La chaleur à cette heure de l'après-midi, irradiait tout autant de la grande pierre noire que du soleil plus bas descendu vers l'horizon. J'avais toujours peur du Grand Loup bien sur, mais j'étais maintenant captivé par son histoire et ne voulus certainement pas qu'il s'arrêta là
« Maître Grand Loup je vous en prie, que se passa-t-il pour le second de ces frères cochons ? »
-« Le Grand Loup, que je commençais à soupçonner d'être un peu cabot, ne se fit pas prier pour continuer son histoire »
-« Le puîné des cochons était très différant de son frère . C'était un cochon longiligne à la gueule émaciée, ce qui, tu l'avoueras, est assez rare pour un cochon. Tout petit, il s’intéressait à ce qui n’intéressait pas ses proches. Il se posait tout le temps des questions et n'avait jamais de réponses En grandissant, comme il n'avait pas à l'école réponses à ses questions, il lut beaucoup, beaucoup trop diront certains. Il aspirait à une vie de chercheur. Il hésitait entre l'ENA et le Grand Séminaire car il était aussi fort croyant, voir un peu mystique. Bien sur cela lui était impossible vu sa condition d'enfant de cochon paysan roumains. Il devint alors un adolescent cochon renfermé, taciturne,tourmenté, une vraie plaie pour ses parents qui ne supportaient plus ses incessantes citations de Nietzsche et de Teilhard de Chardin entre deux grognements.
Lorsqu'il lui fallut partir de la maison comme ses frères, avec sa part de donation parentale, il prit un billet d'avion pour Katmandou d'où il fit un trek qui l'emmena dans une lamaserie reculée des contreforts de l’Himalaya. Il y demeura 3 ans, 3 mois et 3 jours, comme il est de coutume dans ces pays, pour devenir un véritable sage aspirant à l’illumination. Puis, voulant initier ses proches, il revint dans son val natal. Il s'habilla d'une robe de moine, fit construire une sorte de temple où il séjourna, tout en bois, entouré d'un jardin zen. Cet étrange cochon et cet étrange lieu ne tardèrent pas à attirer une myriade de disciples fervants.
Au jour et à l'heure déterminée pour remplir ma mission qui, comme tu le sais, est de mettre à bas toutes constructions animalières pour en dévorer le contenu, je me présentais devant l'édifice
Le vieux loup commenta pour le chat, la belette et le lapin :
-« J’eus l'impression que Grand Loup se répétait un peu dans ses formules mais je m'abstins bien de le contrarier » Puis il continua le récit de Grand-Loup.
« Au moment où après avoir inspiré profondément je m'apprêtais à faire du petit bois de ce temple, je vis un moine à face porcine sortir tranquillement du lieu et venir à moi.
« Je t'attendais » me dit-il.
« Ha bon, et n'es-tu pas terrifié ? »
« Pourquoi le serai-je, mon karma s'achève et tu viens me l’annoncer. Mais, si je peux me permettre, je suis un peu décontenancé, voir même un peu déçu, car je m'attendais à voir devant moi, à ce moment crucial, un Dieu magnifique et rayonnant et je n'ai à la place, que le Grand Loup qui habitait mon imagination lorsque j'étais enfant. En plus, si ça se trouve, tu ne crois même pas à la réincarnation »
« Sur ces misérables paroles, il s'assit devant moi en lotus et se mit à baragouiner d'une voix de basse des espèces de prières qui m'étaient totalement incompréhensibles.
« Imagines un peu ma colère dit alors le Grand Loup d'une voix formidable qui faillit me mettre à bas du rocher et tomber dans la rivière.
Que fîtes vous alors ? dis-je affolé au Grand Loup ?
Le cœur des voisins reprit : « Oui, Oui, Que fit-il alors ? »
-« Moi, le Grand Loup, me laisser humilier par cet avorton, ce sapajou, cet olibrius, ce rastaquouère, ce, ce, ce misérable cochon d'Inde ! Voilà ce que je fit. Je soufflai alors sa maison ridicule, et croquai l’impudent.
Mais là encore, je fus très décu, il n' avait que le cuir sur les os et un exécrable goût d'encens »
Le soleil était maintenant derrière la colline voisine . Il n'y avait plus de taches lumineuses sur le rocher où nous étions allongés et nos ombres avaient traversé la rivière. Notre présence et le soir approchant imposaient le silence à la forêt. Grand Loup se dégourdit ses immenses pattes, fit quelques pas, bailla plusieurs fois, de sommeil ou de faim ? Il n'avait pas fini son histoire et se faisait attendre.
« Dites moi par pitié Grand Maître Loup, quel fut le destin de ce troisième cochon »
Vieux loup fit une pose lui aussi dans l'histoire de Grand Loup, et le chat, la belette et le lapin, prièrent pour qu'il ne s'endorme point.
Le chat captivé par l'histoire et contrarié par son interruption lui miaula :
« Allez vieux loup, ne nous laisse pas à mi parcours, dis-nous s'il te plaît le destin de ce troisième cochon si différent des autres »
Le vieux loup était vraiment vieux et vraiment fatigué. Ses amis voisins ne se rendaient pas compte à quel point il était au bout du rouleau. Les signes de sommeil qu'il manifestait devant eux , risquaient fort d'être avant-coureur d'un autre genre de sommeil, beaucoup plus long celui-ci. Mais il voulait achever cette histoire et en reprit le cours.
Sa voie soudain plus claire surpris l’assistance.
« Grand Loup revint vers moi après avoir reniflé quelques pistes pour sa prochaine activité nocturne »
« Tu veux savoir ce qu'est devenu le troisième loup ? Et bien pour lui, les cartes se sont jouées de façon toutes différentes, et cela n'a pas été pour me déplaire.
Le troisième cochon de la fratrie était un drôle d'animal. Les cochons du village pensaient qu'il avait du tombé dans l'auge commune étant cochonnet, et qu'il ne s'était jamais vraiment remis de sa chute. C'était un cochon lunaire en quelque sorte. Il était petit, tout rond comme ses lunettes car il était myope comme une taupe, et il s'était flanqué à l'adolescence, d'une barbichette. Il n'était pas contrariant avec ses parents ça non,, pas autoritaire comme l'aîné, pas moralisateur comme le second, il était seulement là sans être là et ne suivait jamais aucunes instructions de quiconque Il rêvait aux corneilles sans même les imaginer bouillies dans son écuelle. Il rata forcément sa scolarité et fit le désespoir de ses parents. Mais il y avait un domaine où il excellait, un seul, c'était dans l'art de faire le pitre. Il trouvait toujours un moyen de faire rire son père ou sa mère et s'évitait ainsi pas mal de torgnoles. Et puis, il inventait des spectacles qu'il jouait le samedi soir à la ferme. On invitait les voisins et tous se poilaient à ses contorsions, ses jeux de mots, ses imitations, ses déguisements, ses blagues, même ses poèmes lorsqu'ils n'étaient pas trop longs.
Lorsque jeune adulte, il du quitter la maison avec son peu d'argent, ses parents étaient soulagés de ne plus l'avoir dans les pattes, mais aussi un peu tristes et inquiets pour lui. C'était le plus jeune de leurs enfants et c'était le plus vulnérable. Son avenir était plus qu'incertain.
La première chose que fit ce petit cochon, fut de ne rien faire. Il appelait ça zoner. Il fit des rencontres, pas toutes très recommandables, et dépensa très vite son pécule en fêtes folles où l'on ingérait de drôles de substances. Il faillit cent fois mal tourner et finir en brochettes ou en lard fumé. Mais un jour, il rencontra une troupe de bohémiens et se greffa naturellement à la compagnie. Il était à son affaire. Entre deux projets, entre deux tournées, il se reposait et continuait à rêver sur un petit coin de terre où il s'était construit une petite cabane aux murs de chanvre.
« Le Grand Loup fit une pose qui me permit de glisser, moitie pour rire, moitie par bravade
Alors, au jour et à l'heure déterminée pour remplir votre mission qui, comme je le sais, est de mettre à bas toutes constructions animalières pour en dévorer le contenu, vous vous présentâtes devant sa cabane.
Il me jeta un regard impressionnant mais où je crus déceler, en même temps, une ombre de malice »
« C'est cela mon jeune ami. Arrivé près de la cabane où brillait par la fenêtre la petite lumière d'une lampe à pétrole, je perçu de la musique. C'était un blues de John Lee Hooker. J'aime le blues et ne pus me résoudre à pulvériser à l'instant la fragile demeure. Après John Lee Hooker, ce fut BB King puis Robert Johnson puis des plus récents, clapton et le grand Hendrix et ce vieux Higelin qui prenait le relais. Interrompre ce concert aurait été au dessus de mes forces mais l'heure tournait et il fallait agir. Je m'apprêtais à le faire lorsque le cochon, dans sa maison, décida de changer de musique. Ce fut tout d'abord, une incroyable mélodie, dont le nom me revint plus tard et qui enchanta mon âme de Grand Loup . Pavane pour une infante défunte de Ravel , suivi du deuxième mouvement du quintette en ut de Schubert suivi d'autres œuvres plus belles les unes que les autres. Crois moi si tu veux mon petit ami, mais se cochon de rien du tout avait réussi à me faire verser ma première larme.
Le concert dura toute la nuit et déjà, une lumière pâle transparaissait à l'horizon. Je n'ai jamais failli à ma tâche et me résolu donc à remplir mon office. Je n'avais plus envie de pulvériser la maison. Profitant d'un moment de silence, je soufflais alors délicatement sur la petite fenêtre qui s'ouvrit sans faire d'histoires. Le cochon était dans un fauteuil à moitie assoupi. Lorsqu'il me vit, bien sur, il eu très peur, mais contrairement à d'habitude, je n'avais pas envie de l'effrayer. Je le persuadais qu'il dormait encore, puis, avec beaucoup de précautions, je le dévorai.
Entends bien ce que je vais te dire, l'ami, la chaire était succulente et ce fut là mon meilleur festin »
« Le Grand Loup se tut. Il avait fini son histoire. La nuit était tombée. Je ne voyais plus qu'une immense ombre à côté de moi où deux yeux scintillaient comme deux étoiles gigantesques. Son regard pénétrant se posa sur mon humble personne, puis, dans un saut extraordinaire où je cru un instant que le temps s'était arrêté, il disparut dans les bois.
C'est ainsi que je rencontrais pour la première et seule fois de ma vie le Grand Loup. Le Mythique Grand Loup qui fait peur à tout le monde sur terre, avec son terrible souffle et son appétit insatiable. Il m'est permis de dire après cette expérience, qu'au fond, ce Géant tout puissant a pu s'être révélé un jour, comme un animal fort sensible
Voilà, dit le vieux loup, mon histoire est finie mes petits amis »
Le chat s'était endormi ou paraissait endormi, ce qui est fréquent pour les chats. La belette pleurait doucement sur sa chaise, et le lapin débarrassait la table, sûrement pour se donner une contenance. Le vieux loup au fond de son lit, ouvrit une dernière fois les yeux et entrevit par la fenêtre l'aube qui se levait. Un instant, il cru reconnaître le Grand Loup derrière la vitre qui lui faisait un petit sourire. Alors il ferma définitivement les yeux et soupira une dernière fois.
Le lendemain, il faisait beau et chaud, un nouveau jour d'été. La chat, la belette et le lapin se retrouvèrent pour organiser les funérailles du vieux loup. Ce fut un bel enterrement. Après la cérémonie, il allèrent au café du village et trinquèrent à ce vieux loup qui savait si bien raconter les histoire. Et aussi à la santé du Grand-Loup en espérant qu'il ne vienne pas dans le coin de ci-tôt.
Pierre-Yves – Avril 2020