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Billet de blog 3 juillet 2015

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Fressoz, la Mère Tape-dur de la médiocratie française

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"Tsipras mène un combat éminemment politique qui rejoint celui de tous les populistes européens : dynamiter la construction européenne en jouant le peuple contre les « sans-cœur ». Il prend pour cela le risque de couper la Grèce en deux blocs irréductibles par appel au référendum, consultation binaire par excellence. Dans la foulée, il prend la tête du non, lui qui préside aux destinées de son pays, pour tenter d’obtenir l’inatteignable : des sous sans les réformes, ce qui serait contraire à toutes les règles de fonctionnement de la zone euro." (Le Monde, 3 juillet 2015)

Voici le dernier morceau de bravoure de l'éditocratie européiste, solférino-umpiste, qui se répand chaque jour sur les ondes et les colonnes des journaux dominants. Il s'agit en l'occurrence de l'ineffable Françoise Fressoz dont la médiocrité intellectuelle et stylistique n'a d'égal que sa haine de la gauche, qualifiée d'archaïque, populiste, conservatrice, dangereuse. C'est la même qui se pâme à la vue des coups de menton censément "modernes" d'un Valls. Tout serait donc de la faute de Tsipras, le méchant "populiste" et par elle qualifié d'"affreux jojo" : la dette grecque, la corruption grecque, la souffrance du peuple grec, la faim dans le monde, la recrudescence des cancers, les crises hémorroïdaires, mon mal de crâne matinal, l'élimination du PSG en Coupe d'Europe, le réchauffement climatique... 

Et ces médiocrates de mobiliser, contre les "populistes", les pires figures essentialisantes et racistes : on parle "des Grecs" de base, avec leur atavisme (la paresse, la corruption, la triche, etc.) comme jadis on parlait "des Juifs" et de leur goût pour l'argent et les complots... Les dominants ont le droit d'être singularisés et individualisés ; par contre les dominés – ici les Grecs – sont traités comme une masse informe, moralement avachie, mue par des "pulsions" bestiales (la "grogne", la "colère", etc.). Selon le mode de pensée classique de l'impérialisme, du colonialisme et du racisme, "les Grecs" deviennent les figures de l'altérité radicale, celle qu'il faut "expulser" sans ménagement pour rétablir la santé d'un corps européen menacé par le cancer de la paresse et de la triche de l'Europe du Sud. Ce sont les mêmes qui crient leur effroi devant la montée du FN... On se pince et, pourtant, non, c'est bien vrai : le "journalisme" français en est arrivé à ce point d'inféodation aux puissances politiques et économiques.

Depuis quelques jours donc, les masques tombent. C'en est fini du respect minimal des règles de l'objectivité journalistique et de l'euphémisation (certes relative) des préférences politiques : désormais, la haine de classe, la haine de la démocratie, la haine de la gauche s'expriment sans fard. Un Leparmentier se prend ainsi à rêver d'un coup d'Etat en Grèce sur le modèle de ce qu'a fait la CIA dans le Chili d'Allende puis recule devant ses propres audaces. Il faudra finalement être un peu plus "soft", car les esprits ne sont pas prêts à une telle subversion au nom, bien entendu, de la Démocratie et de l'Europe de la Paix. Avec tout plein de Majuscules dedans.

Pierre Rimbert a, dans le dernier numéro du Diplo, commencé le travail de collecte des "réflexions" des éditocrates ; ACRIMED aussi... Mais les événements se bousculent et chaque jour, les "tabous" et les censures se lèvent chez nos médiocrates, révélant ainsi au grand jour leur fonction de chiens de garde de l'Europe ordo-libérale. Il faut donc actualiser sans cesse, quitte à s'infliger la purge que constitue cette bouillie médiatique.

Connivence, servilité, ignorance et bêtise, paresse, préférences politiques biaisant outrageusement ce que l'on a du mal à qualifier d'"analyses" : voici les plaies du "journalisme" à la française.

De quoi Syriza est-elle le nom ? Au moins de la mort honteuse du journalisme censément "politique", spécialité de commères se gargarisant des intrigues de la Cour dont elles partagent les vues*.

Bref, Fressoz est au journalisme ce que l'exorcisme est à la religion : une régurgitation.

PS : alors que Laurent Mauduit félicitait en 2009 la Fressoz d'avoir refusé la Légion d'Honneur**, l'analyse prend une tout autre couleur à la lumière de ses sorties récentes : quand on est à ce point dans la connivence et la servilité, accepter une telle distinction est un peu too much : le déshonneur, c'est mieux sans médaille tout compte fait...

* Voir le reportage sur une journée type de Fressoz et Quatremer ici : http://www.dailymotion.com/video/x4xgzx_ridicule-1996_shortfilms

**http://blogs.mediapart.fr/blog/laurent-mauduit/060109/l-honneur-sans-medaille-de-deux-journalistes

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