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Billet de blog 9 novembre 2016

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Michael Moore fait une dédicace à Philippe Corcuff

Certains, voulant incarner le socialisme, puis l'écologie, puis l'anti-capitalisme puis l'anarchisme, se contentent d'imprécations morales, dans le cadre d'un idéalisme naïf – si les gens votent Trump, c'est qu'ils sont racistes, sexistes, populistes, nazistes, unijambistes. D'autres comme Michael Moore ou Thomas Franck, connaissent de première main la réalité.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Eux ne s'y sont pas trompés. Ils ont vu arriver Trump. Ignacio Ramonet aussi, qui était hier brocardé par notre visionnaire moralisateur dans une tribune suintant la mauvaise foi et l'auto-satisfaction. 

Donc, je ne saurais que trop conseiller de lire la tribune, déjà vieille de quelques mois, de Michael Moore, intitulée "Cinq raisons pour lesquelles Trump va gagner" : 

http://www.huffingtonpost.fr/michael-moore/cinq-raisons-pour-lesquelles-trump-va-gagner/

Deux conclusions : 

1/ La moraline ne fait pas une pensée : seules l'enquête PUIS (seulement dans un second temps donc) la réflexion peuvent et doivent guider l'action.

2/ La moraline est un pistolet à bouchon à l'heure où des pans entiers des catégories populaires et moyennes sont en proie au déclassement objectif et subjectif

Il est temps que nos petits barons des médias et de la politique arrêtent de croire que Patrick Cohen, Thomas Legrand, Bernard Guetta sont l'alpha et l'oméga de la connaissance du monde social. Ils sont victimes d'un biais classique, le sociocentrisme – soit regarder le monde social depuis son nombril – qu'ils aggravent avec une forte propension à donner des leçons de morale, celle des gens certains d'être dans le camp du Bien et qui confine à la condescendance (j'aimerais bien voir leur réaction si leurs enfants étaient voués à l'échec scolaire, au chômage, à la précarité et à la pauvreté). 

Il y a plein de bouquins récents de synthèse des travaux sur les catégories populaires. Un conseil : lisez les, à défaut d'être en contact direct avec cette réalité populaire sombre. 

C'est "populiste" mais c'est informatif. La réalité sur laquelle Corcuff vient de se cogner n'est pas celle des envolées verbeuses de la "sociologie de la critique" ou de l'entre-soi militant. C'est le vrai monde. Il n'est pas plaisant. Il n'est pas sympathique. Il est même cruel. Mais ça n'est pas avec des slogans moraux vides qu'il deviendra plus vivable. C'est en se levant de son canapé pour aller au contact de ces catégories sociales laminées par les choix de politique publique de nos "élites" politiques et économiques et en menant une action déterminée de reconquête de ces catégories populaires. Et, là, la morale ne suffira pas. 

Car au fond quelle est la morale d'un Obama, porté aux nues par les médias internationaux et les zélites européennes, qui a ouvertement trahi non seulement les catégories populaires mais aussi les minorités, notamment Afro-américaine, qui se sont abstenues plus qu'à l'accoutumée ? Ne sont pas immoraux ceux qu'on croit. 

Clinton, version masculine, a enclenché le processus de déclassement (ALENA, dérégulation financière, NPM). Obama a poursuivi l'oeuvre (TAFTA, CETA, impunité des banques, inégalités croissantes, police se croyant tout permis vis à vis des citoyens noirs, etc.). La démocratie s'est vengée de Clinton, version femme. Il n'y a rien à y redire. Juste à en tirer les conclusions politiques. La boucle est bouclée. L'imposture démocrate démasquée. 

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