Je découvre, avec un sourire ironique, les résultats provisoires des Présidentielles. Trump est donné gagnant. C'est serré. Néanmoins, même si Clinton est élue sur le fil, ce sera une immense défaite symbolique tant son adversaire était donné largement perdant.
Obama n'aura vraisemblablement pas réussi à faire oublier avec ses coups de com' ses nombreux et sidérants reniements et abandons. Comme l'a montré remarquablement Thomas Franck dans son récent ouvrage Listen Liberal!, le parti démocrate apparaît désormais pour ce qu'il est : un parti de nantis, un parti d'entre-soi, un parti d'éduqués prétentieux et darwiniens à leur manière ; un parti qui n'a plus aucune base populaire ; un parti inféodé aux banques et aux multinationales.
La bulle médiatique a donc crevé, une fois de plus (après 2005, le Brexit, etc.). J'imagine les têtes dans les principaux partis politiques et médias français. Le réel c'est ce à quoi on se cogne disait l'autre. Cette défaite est bien réelle.
Alors, oui, les gens ne meurent jamais en silence en démocratie : cette Amérique populaire et rurale, laminée par l'ALENA et la crise financière de 2008, s'est mobilisée, tandis que le camp démocrate semble ne pas l'avoir fait suffisamment (difficile de s'enthousiasmer pour la revêche et hautaine Clinton).
A partir de ce résultat électoral, il y a deux conclusions possibles pour nos "liberals" à la française (le PS et ses alliés) :
1/ J'entends à l'instant un démocrate dire que les Américains sont des imbéciles... On ne renonce à aucun de ses dogmes et on se croît toujours plus intelligent que des masses supposées avachies et incultes. La tentation est grande car la pente est facile. On les entend déjà entonner les airs du "C'est trop horrible, Trump il est trop méchant, raciste, sexiste" ! Cela ne coûte pas cher intellectuellement et surtout permet de se réassurer à bon compte.
2/ On commence à comprendre qu'à force de le mépriser et de le sacrifier sur l'autel de ses intérêts de nantis internationalisés, le petit "Peuple" se venge toujours ; et dans ce cas, on rééxamine certains de ses dogmes : précarisation du marché du travail, libre-échangisme dogmatique, politiques économiques favorables aux rentiers, etc. Bref, on revient aux racines du Mal.
J'ai hâte de lire la prochaine analyse de Terra Nova pour savoir laquelle des deux options va l'emporter.
Je ne suis pas optismiste.
Que le PS regarde bien les résultats américains : c'est ce qui l'attend en 2017, au carré.
Nota benêt : Corcuff, le visionnaire, vient de fermer les commentaires de son billet d'hier sur Ramonet Trumpisé. cas classique de gestion de la dissonnance cognitive : lorsque sa croyance est prise en défaut, on bascule dans le déni du réel. Il a pris bien soin de lancer une derrière insulte à celles et ceux qui s'indignaient de ses procès d'intention à l'endroit de l'auteur d'un article dont la nuit a bien montré qu'il avait raison.