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Billet de blog 23 février 2017

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De la critique du journalisme chez Médiapart

Quand les journalistes inventent des dispositifs supposés mettre en débat la pratique du journalisme et ses relations avec les lecteurs, il y a fort à craindre qu'ils ne servent qu'à mettre les journalistes en position d'arbitre, au-dessus de la mêlée, pour mieux critiquer des abonnés qui ne seraient pas à la hauteur de leur idéal de la Démocratie. La soirée de mercredi est emblématique.

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"Ni rire, ni pleurer, mais comprendre"

Baruch Spinoza

J'ai jeté un coup d'oeil distrait ce matin à la soirée organisée par la rédaction de Mediapart sur l'avenir du participatif. 

Après avoir lu le billet de Pascal Maillard, il n'y a guère de choses à ajouter. 

Je soulignerai seulement ici que les journalistes aiment faire parler, en s'en faisant les porte-parole, les "majorités silencieuses", un peu comme ils font parler "l'opinion publique", laquelle pense beaucoup de choses, à commencer par ce que pensent les journalistes qui s'en réclament. 

M. Bonnet et sa consoeur présupposent ainsi que ceux qui ne commentent pas sont "dissuadés" de le faire par les commentateurs récurrents. Mais qu'est-ce qui les autorise à postuler cela ? Rien, hormis la volonté de se placer au-dessus de la mêlée pour mieux tancer les abonnés indociles. Mais peut-être que beaucoup participent par procuration, estimant que ce qu'ils pensent a déjà été écrit ? Peut-être que d'autres se moquent des commentaires qu'ils ne lisent guère ? Peut-être que certains, au regard du racisme de l'intelligence pratiqué par un Perraud ou un Corcuff, dont les billets aussi vides qu'arrogants sont systématiquement placés en Une du Club, sont dissuadés de le faire en ayant peur de subir les foudres de ces deux Phares de la Pensée ?

Vous ne pouvez, en toute rigueur, rien dire de celles et ceux qui ne commentent pas, sauf à les interroger directement ; la ventriloquie sociale n'est qu'un artifice rhétorique bien connu.  

Surtout, quelle incapacité à vous remettre en cause ! Vous devriez pourtant vous interroger sur la façon dont vous avez de vendre une ligne pro-PS, assez vulgaire au sens de répandue dans la presse, avec des rapprochements douteux, des allusions fourbes, parfois des insultes gratuites, etc. Les biais sinon l'hostilité déclarée : voilà ce qui met souvent le feu aux poudres. Ainsi, pour ne prendre que cet exemple récent, quand vos deux journalistes évoquaient un "Front de gauche" défunt pour parler de FI, et qui se sont refusés à toute modification malgré les remarques de nombreux abonnés. Est-ce là la manifestation du sérieux journalistique et de l'interactivité dont vous vous réclamez ? 

Pour être coordinateur du programme santé de FI, je constate chaque jour l'intelligence collective de très nombreux sympathisants qui prennent de leur temps pour rédiger des notes ou des suggestions afin de nourrir les orientations programmatiques du mouvement. Ces notes sont souvent précieuses, toujours pertinentes. Elles font progresser la qualité du programme. Il y a aussi les nombreuses soirées thématiques organisées partout en France, au cours desquelles les gens viennent discuter santé, soins, prévention.

Alors, lire que les sympathisants sont des gros beaufs "melenchonâtres" incultes et fascisants, oui, cela met inévitablement en rogne, au moins pour celles et ceux qui ont le sens de la justice ; un tel mépris, une telle condescendance et une telle disqualification collective sont inadmissibles, surtout de la part de pseudo-journalistes. Les sous-entendus de certains journalistes de Mediapart et les parti-pris outranciers d'autres attestent de préférences politiques peu compatibles avec une neutralité minimale ou, pire encore, d'une suffisance coupable. 

Je note d'ailleurs que lorsque les papiers sont purement factuels ou les analyses équilibrées, il n'y a jamais de débordement, hormis quelques trolls habituels. Les abonnés sont dans leur immense majorité respectueux quand ils sont respectés. Mais lorsque certains journalistes se prennent pour les arbitres des élégances politiques ou encore pour des guides moraux, infantilisant les lecteurs, cela dérape, inévitablement. Pas la peine donc de venir jouer les pompiers pyromanes. 

Perraud, sa morgue, sa suffisance et son hypocrisie me sortent par les yeux. Qu'il donne des leçons de civilité alors que c'est le spécialiste de l'insulte, de l'humiliation et du procès d'intention, c'est le comble. Hier soir encore, il a fallu, bouffi d'orgeuil, mais surtout ridicule, qu'il fasse la leçon sur le Mister (Mr) utilisé en lieu et place de Monsieur (Môssieur pour Perraud). C'était là, en effet, un point vital. Il fallait que ce soit dit. Espérons qu'il a bien dormi. 

Mediapart, qui devrait refaire sien le propos de Spinoza en exergue,  c'est définitivement terminé pour moi. J'avais pris la décision de me réabonner il y a quelques mois. Je le regrette aujourd'hui. Je ne ferai plus cette erreur. 

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