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Billet de blog 8 février 2022

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Rio de Janeiro: emprise milicienne sur les espaces de loisir du littoral

L'attribution par le maire de Rio de 2 baraques de plage en dédommagement à la famille du Congolais Moïse Kabagambe, attaché et tabassé à mort le 24/1 à 22 heures par 3 serveurs d'un kiosque de plage, lève une partie du voile qui couvre les identités des véritables gestionnaires de ce débit de boisson installé face à la mer. Non déclaré et policier militaire salarié, dans ce cas. Une généralité ?

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Illustration 1
Les deux accolées baraques de plage "Tropicália" et "Biruta" (toits bleus), dans le quartier huppé (également celui de Bolsonaro) de Barra da Tijuca, à Rio de Janeiro © Google Earth

La mairie de Rio de Janeiro a officialisé lundi 7 février la concession de la baraque de plage "Tropicália" - dont le propriétaire est Carlos Fabio da Silva Muzi - et de sa voisine, nommée "Biruta", à la famille de Moïse Mugenyi Kabagambe.
 
A la police, selon le quotidien Extra, Carlos Fabio a affirmé qu'il a acheté le kiosque en janvier 2019, et qu'il en a transféré la propriété à son beau-père - Arnaldo Monteiro de Almeida- , il y a six mois.
 

Cependant, le propriétaire du kiosque de plage "Biruta", le retraité Celso Carnaval, 81 ans, a déclaré à un organe de presse digital qu'il n'avait pas l'intention de céder l'espace. Depuis juillet 2021, le concessionnaire Orla Rio, qui gère 309 kiosques du littoral - du quartier de Leme jusqu'au quartier de Pontal, en bordure de la plage de Recreio, à l'ouest - a intenté une action en reprise de possession de "Biruta" devant les tribunaux, mais aucune décision de justice définitive n'a été prise à ce jour. Celso Carnaval : "Je ne vais pas partir. Je me suis entretenu avec quelques personnes, et ils m'ont conseillé de ne rien faire. Je suis dans cette baraque depuis 1978 et je ne vais pas l'abandonner". Aux mêmes journalistes, Orla Rio a précisé qu'elle "ne commencera la seconde phase [de la concession de la baraque Biruta], avec la famille de Moïse, quand elle aura réussi à reprendre possession de la baraque. Et en attendant ce moment, notre société attend le déroulement complet de l'action judiciaire".
Dans cette action judiciaire en cours dans la 1re Chambre civile du quartier de Barra da Tijuca, Celso Carnaval n'a même pas été localisé par la justice. Orla Rio affirme qu'il existe, pour la baraque, des dettes impayées en matière de loyers et de charges sociales qui dépassent le montant de 49.000 R$ (9.000 €), un manque de déclaration des employés, une cession à des tiers, irrégulière, et des conditions sanitaires précaires.
 

Bien que le contrat de cession du kiosque ait été signé entre Orla Rio et monsieur Celso Carnaval, c'est Viviane de Mattos Faria, la sœur du caporal de la police militaire Alauir de Mattos Faria, qui gérait l'espace dans les derniers temps. Deux des trois tueurs de Moïse - qui travaillaient dans la baraque "Biruta" - ont en effet désigné, aux policiers, le frère et la soeur Mattos Faria comme responsables effectifs de l'établissement. Deux des tueurs ont été identifiés sous les noms de Aleson Cristiano de Oliveira Fonseca, 27 ans, dit "Dezenove", et Brendon Alexander Luz da Silva, 21 ans, surnommé "Tota". Le troisième est le vendeur ambulant Fábio Pirineus da Silva, dit "Belo" (photos du tabassage), âgé de 41 ans.
 
Le 3 février, Viviane Faria avait déclaré à la police civile (DH) de Rio de Janeiro que le kiosque de plage "Biruta" était au nom d'un "oncle âgé", sans dire qu'il se nommait Celso Carnaval. 
 
Orla Rio affirme également que le contrat pour l'activité autorisée de la baraque "Biruta" a été fait avec Celso Carnaval, qui, sans le consentement d'Orla Rio a remis ensuite la gestion de la baraque au policier militaire Alauir Faria.
  
Deux des tueurs de Moïse, le 24 janvier 2022, ont aussi affirmé aux enquêteurs de police, dans des propos ensuite recueillis par la plateforme UOL, que Viviane Faria et son frère Alauir Faria sont, en plus d'être les patrons effectifs de la baraque "Biruta", le sont aussi d'une autre, voisine à la baraque "Tropicália" - celle où Moise a été tabassé à mort, d'une trentaine de coups de bâtons de bois - , nommée "Barraca do Juninho".
 
Deux baraques du bord de plage seraient donc sous la direction officieuse et non déclarée d'un policier militaire salarié, recruté sur concours, par l'Etat de Rio de Janeiro, et de sa soeur, non déclarée. Selon cette dernière, les serveurs étaient payés au noir, à la journée. En février 2022, Alauir a touché 3.933 réais net comme policier militaire. Soit 20 % de plus que ce que touchent 90 % des salariés brésiliens.
 
La facturation mensuelle de la baraque, à cet emplacement privilégié, dans ce quartier huppé, est probablement supérieure à cent mille reais (18.000 euros), pour une bonne part en espèces. Le salaire minimum au Brésil est de 1.212 reais (180 euros).
  
Le dernier contact direct enre Orla Rio et Celso Carnaval date du ... mois d'avril 2015. Le contrat signé alors était pour trois ans. Depuis avril 2018, Orla Rio a, selon elle, envoyé ... huit notifications extrajudiciaires à Celso Carnaval. Sans réponse. La décision, par voie judicaire, d'une remise à la société Orla Rio de la baraque n'a ainsi été prise qu'en juillet 2021.
 
Selon les documents internes à la police militaire de Rio de Janeiro (PMERJ), publiés par les journalistes de UOL, Aluir Faria était rattaché au 31e bataillon de la PMERJ, qui était chargé de la surveillance et des rondes dans le quartier de Barra da Tijuca. En août 2021, il a été muté au 41e bataillon, en charge du quartier d''Irajá. En octobre 2021, il a été transféré au 18e bataillon  de Jacarepaguá - l'un des plus craints et les plus létaux de toutes les polices militaires du Brésil - à l'ouest de la ville de Rio de Janeiro, où il est toujours affecté en février 2022.
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Sources - ouvertes : UOL, Istoé, O Globo, Carta Capital.

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