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Billet de blog 13 décembre 2022

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«Âpre, pour le gouverneur de São Paulo, d'ôter la caméra individuelle des policiers»

Le nouveau gouverneur de São Paulo, l'ex-ministre bolsonariste Tarcísio de Freitas, a nommé comme secrétaire d'Etat à l'intérieur un ex-policier militaire, député fédéral, ami de Eduardo Bolsonaro et filié au parti de son père Jair B. Réaction, le 11/12, du directeur du Fórum Brasileiro de Segurança Pública (FBSP), respectée ONG brésilienne qui publie annuellement son "Atlas da Violência".

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Illustration 1
Eduardo B., Guilherme Derrite, Jair B. © DR

- The Intercept Brasil : Comment évaluez-vous la nomination du capitaine Guilherme Muraro Derrite pour le portefeuille de la sécurité publique à São Paulo ?
 
- Renato Sérgio de Lima (FBSP) : Il est un représentant du bolsonarisme " le bon bandit est un bandit mort ". C'est indéniable, il s'est construit politiquement en possédant une chaîne Facebook avec plus d'un million de followers, spectacularisant l'activité policière. Mais il est un capitaine de 38 ans, ce qui, pour une force de police comme celle de São Paulo, signifie qu'un capitaine à peine sorti de ses fonctions commandera des majors, des lieutenants-colonels. Cela brise en quelque sorte la colonne vertébrale du militarisme. Si l'objectif est de mettre fin à l'institutionnalité construite, c'est un moyen de faire partir à la retraite tous ces officiers supérieurs. Et puis Derrite met des plus jeunes qui sont d'accord avec lui et, étant le plus vieux, impose sa propre version.
 
 

- Y a-t-il un risque d'accroître le pouvoir des milices à São Paulo ?

- Lorsque vous investissez dans le manque de contrôle et dans le renforcement du leadership individuel au détriment du leadership de la corporation, l'un des risques est la milicisation. La corruption existe déjà, mais le modèle de la milice de Rio de Janeiro n'est pas exactement le même partout au Brésil : avec un contrôle du territoire et de la force, un commerce d'économie souterraine et des activités illégales. Ces éléments, d'une certaine manière, sont déjà exploités par le crime organisé à São Paulo, ce qui a du poids et mettra à mal toute tentative de ce type.
De toute façon, le risque existe déjà et est contenu précisément avec le renforcement de la société. Lorsque vous étendez l'autonomie, le risque peut augmenter. Mais dire que ce sera le résultat automatique ne fait que renforcer le bolsonarisme. Parce que ça va dans le sens du discours "tout le monde est contre la police". Cette discussion doit être très prudente, car le risque est présent dans tout le Brésil. Policiers militaires, employés de trafics, tireurs, agents de sécurité, cela existe partout - c'est ce que la société elle-même cherche à inhiber lorsqu'elle crée les programmes de caméras individuelles sur l'uniforme de chaque policier militaire. Si nous affirmons que ce sera une conséquence automatique, vous affaiblissez le bon policier. Il est nécessaire de traiter la question de la milicisation à São Paulo comme un risque, et non comme un fait accompli.
 
(...)
 

- Tarcísio de Freitas a également évoqué le retrait des caméras individuelles de sécurité des uniformes de police.

- C'est un programme de la police militaire. Alors que tout le monde poussait pour le contrôle de l'usage de la force, la police elle-même étudiait déjà des prototypes, des usages, des formes de contrôle. Et elle l'a fait par ses propres moyens et par sa propre planification. Lorsque le colonel Marcelo Vieira Salles a pris ses fonctions, en 2018, il a autorisé la poursuite de ces études. Et, en 2020, lorsqu'il a repris le portefeuille, le colonel Fernando Alencar Medeiros a suivi la même ligne : " Nous allons le faire, parce que la police a besoin d'une nouvelle forme de contrôle et de légitimité ".
Il s'agit d'un projet de la corporation. Ce ne sera pas si facile pour Tarcísio de Freitas de le défaire. Certains candidats bolonaristes plus radicaux ont tenté de disqualifier le projet de caméra individuelle comme étant l'œuvre de deux ou trois colonels, car ils savent que la société a pris en charge le projet. Et une façon de le disqualifier est de dire que ce n'est pas un projet de la société, que les députés ne veulent pas des caméras. Il s'agit donc d'un jeu interne qui doit être clair, mais la société a dit jusqu'à présent : "Non, nous les voulons". 
La police militaire de São Paulo (PM-SP) a un modèle qui donne plus d'autonomie à la corporation qu'au policier. C'est ce qui est en jeu. Et il existe plusieurs facteurs importants et des problèmes internationaux, notamment avec les entreprises qui proposent cette technologie. Vous avez donc, d'une part, le lobby des entreprises et, d'autre part, la société elle-même qui affirme qu'il s'agit d'un investissement créé par elle-même. Il y a cette tension fondamentale par rapport à São Paulo. Tarcísio de Freitas a promis d'annuler l'utilisation des caméras individuelles corporelles car le groupe le plus bolonariste est totalement contre, surtout ceux qui sont "carrés". Et ils sont contre car il y a une variable très importante : les caméras surveillent, elles microcontrôlent la vie quotidienne. Ce n'est pas seulement une question de corruption, il y a aussi la faveur politique du commandant, de vouloir "servir" le propriétaire de la boulangerie. Puis le type paie pour une tasse de café. Ou pour fournir des services de sécurité privés en utilisant des équipements publics, ou pour répondre à la demande de tel conseiller municipal dans une certaine région. Les caméras individuelles surveillent les demandes d'utilisation privée de la force publique, d'où la résistance interne. Il ne s'agit pas, non, de "donner la liberté aux policiers". Les gens ne veulent pas de contrôle parce que cela défait les accords, non seulement ceux de la corruption directe, mais la microfaveur, la façon de faire de la gestion privée de l'activité policière. C'est pourquoi ce projet est si important et, à Rio de Janeiro, il n'aura jamais lieu.
 
 (...)
 
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Atlas da Violência 2021,  en partenariat avec Instituto de Pesquisa Econômica Aplicada (Ipea), Fórum Brasileiro de Segurança Pública (FBSP) et Instituto Jones dos Santos Neves (IJSN)  :
https://forumseguranca.org.br/atlas-da-violencia/
  
 
Source de l'entretien partiellement traduit :
https://theintercept.com/2022/12/12/se-bolsonarismo-quer-matar-seguranca-do-rio-mais-eficiente/

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