La mesure frappe les entreprises agroalimentaires d'Agrícola Xingu, contrôlée par le géant japonais du trading Mitsui & Co, qui exporte sa production rurale dans l'ouest de Bahia à certaines des plus grandes multinationales (la brésilienne Amaggi, la française Louis Dreyfus Company (LDC), la japonaise Zen-Noh Grain) du secteur des matières premières dans le monde. La maison mère Mitsui qui avait 44.336 employés en 2022, a déclaré cette année là un profit de 914,7 milliards de yens (6,22 milliards d'euros).
La décision judiciaire a également une incidence sur les entreprises agroalimentaires du président de l'Association bahianaise des producteurs de coton (Abapa), Luiz Carlos Bergamaschi, des trois frères Ricardo Yoshio Horita, Walter Yukio Horita et Wilson Hideki Horita, du groupe agricole Horita, et de 12 autres prévenus dans cette affaire retentissante.
Le cabinet du procureur général de Bahia souligne qu'une partie des accusés aurait loué "les services de milices privées, sous une façade d'entreprises de sécurité, pour expulser les familles" de la zone, qui fait partie de la grande frontière agricole du Brésil, plus connue sous le nom de Matopiba (Maranhão, Tocantins, Piauí, Bahia.).
La plainte du parquet de Bahia (PGE) souligne également le rôle du grand propriétaire terrien et fermier Dino Romulo Faccioni et de l'entreprise Agropecuária Talismã Ltda. Les menaces impliqueraient la société de sécurité privée Estrela Guia, dénoncée par le site d'information indépendant Agência Pública, il y a déjà plusieurs années, pour des attaques très similaires dans l'extrême ouest de l'Etat de Bahia.
La plainte souligne aussi que "le nombre de démembrements et de transferts de zones dont les détenteurs sont Dino Rômulo Faccioni et [son épouse] Roseli Faccioni est surprenant", faisant référence aux changements de titres des fermes qui auraient été squattées à Capão do Modesto. Selon un rapport de l'ONG Global Witness, de novembre 2021, Dino Romulo Faccioni contrôle au moins "13 propriétés" dans la région, totalisant plus de 11.000 hectares.
Toujours selon la plainte du PGE, une enquête sur les registres des 19 exploitations agricoles a révélé qu'elles se chevauchent presque totalement avec les terres de Capão do Modesto, et sont enregistrées au bureau du cadastre de la ville de Correntina, mais selon une analyse basée sur des études de la Coordination du développement agraire (CDA) du gouvernement de l'État de Bahia, tous les titres de propriétés seraient frauduleux.
Ce n'est pas la première fois que le groupe Horita est impliqué dans des accusations d'accaparement de terres dans l'extrême ouest de Bahia. Walter Yukio Horita, l'un des trois frères propriétaires, a été la cible de l'opération judiciaire Faroeste - un système de corruption et d'accaparement de terres par des milliardaires sur 360.000 hectares dans la région, qui a été démantelé par le bureau du procureur général du Brésil (PGR).
L'enquête du PGR a permis d'identifier une série de paiements de pots-de-vin à la haute direction du Tribunal de l'État de Bahia en échange de la régularisation de parcelles de terre dans le biome cerrado bahianais. La participation présumée de Walter Horita à ce système a été rapportée par le site indépendant Mongabay, qui a cité les gigantesques transactions financières de Horita liées à l'affaire.
La plainte à l'origine de l'opération Faroeste devant la [fédérale] Cour Supérieure de Justice (STJ) souligne que, rien qu'entre 2013 et 2019, Horita aurait déplacé au moins 7,5 milliards de reais (1,5 milliard US$) sans origine ni destination. En outre, l'agriculteur aurait "transité librement entre diverses autorités de Bahia et agi en défense d'intérêts criminels" dans le cadre de l'opération Faroeste.
Selon la plainte de mai 2023, Walter Horita est soupçonné d'avoir travaillé en coulisses pour éviter le même type de décision de justice que celle qui vient de bloquer son exploitation à Capão do Modesto.
L'implication présumée d'Horita dans l'opération Faroeste serait liée au fait qu'il est l'un des principaux locataires du condominium Estrondo, considéré comme l'un des plus grands accaparements de terres publiques du Brésil. Estrondo est la microrégion productrice de Formosa do Rio Preto, à 1.000 kilomètres à l'ouest de Salvador de Bahia, "Agronegócio Estrondo" est le surnom de zones rurales appartenant à 41 propriétaires, dont de nombreux d'origine japonaise.
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Sources : Agência Pública et diverses autres.