Selon l'enquête du ministère public de Rio de Janeiro (MP-RJ), remise à la justice le 19 octobre 2020, Flávio Bolsonaro, en 2008 et 2009, alors qu'il était député de l'Etat de Rio de Janeiro, a déboursé près de 300.000 R$ (85.000 US$) pour l'achat de 12 bureaux commerciaux avec des ressources d'origine incertaine, qui ne sont pas même passés par son compte bancaire.
Selon le MP-RJ, des espèces, des chèques de tiers et des bordereaux bancaires ont été utilisés. Les bureaux sont situés dans le Barra Prime Offices, un centre commercial huppé dans le quartier de Barra da Tijuca, à l'ouest de Rio de Janeiro.
Selon l'enquête, les premiers paiements ont été effectués en décembre 2008, pour un peu plus de 297.000 R$ - soit 86.700 R$ en cash, 16.800 R$ en chèques de tiers et 193.600 R$ en bordereaux de versement non issus de son compte bancaire.
« En 2008 et 2009, les extraits bancaires de l'ex-député de l'Etat de Rio de Janeiro n'ont enregistré aucun débit qui puisse être compatible avec avec les dates et les montants des versements informés par les agences immobilières. »
Pour la seule année 2008, le montant payé par le fils aîné de Jair Bolsonaro a atteint 262.000 R$ (65.000 US$), mais tout au long de l'année, Flávio Bolsonaro avait retiré un peu plus de 90.000 R$ (23.000 US$) de son compte bancaire.
Le MP-RJ affirme que Flávio Bolsonaro montrait une « prédilection pour l'utilisation d'argent en espèces ».
Mais ce montant a pu être utilisé pour payer une partie de ses dépenses personnelles, puisqu'il n'utilisait pratiquement pas de cartes de crédit et de débit, selon les informations obtenues, via ses extraits bancaires, par les enquêteurs.
L'enquête pointe que Flávio Bolsonaro a continué de payer les mensualités des douze bureaux achetés pendant l'année 2010, quand il s'est marié avec Fernanda Antunes Figueira, mais le MP-RJ n'a pas révélé combien le fils aîné de Jair a dépensé cette année-là, et sous quelle forme.
Lorsqu'il a été candidat à un nouveau mandat de député en 2010, Flávio Bolsonaro a déclaré à la justice électorale avoir payé seulement 10% du montant total des douze bureaux (268.221,75 R$, soit 65.000 US$). Au moment de l'achat, les bureaux ont été estimés à 2,66 millions de reais (650.000 US$). Flávio Bolsonaro les a revendus, en octobre 2010, peu après les élections législatives, à la société MCA Participações - qui s'est engagée à payer les 90 % restant.
Des 268.221,75 reais, le député a déclaré dans l'impôt sur le revenu de 2008 qu'il avait emprunté 230.000 R$ (60.000 US$) à des amis et des parents, ce qui pourrait justifier l'origine des fonds utilisés pour payer les douze (12) biens immobiliers. Cependant, le MP-RJ souligne que ce montant n'est pas non plus passé par le compte bancaire de Flávio Bolsonaro et qu'il n'y a aucune preuve que ces prêts aient existé. Pour les procureurs, si cela est vrai, ces emprunts ont également été obtenus et consentis en espèces.
Le ministère public souligne également qu'en raison d'opérations similaires effectuées lors de l'achat d'autres propriétés immobilières, il a été possible de trouver que des fonds issus des détournements (« rachadinhas ») des salaires des assistants parlementaires - dont plusieurs étaient fantômes - au cabinet du fils aîné Bolsonaro à l'Assemblée législative de Rio de Janeiro (Alerj) ont été utilisés.
Un exemple de cette manoeuvre illicite est l'achat en 2011 d'un appartement dans le quartier de Laranjeiras, à Rio de Janeiro, pour lequel Fabricio Queiroz et Miguel Ângelo Braga Grillo, principaux assistants parlementaires de Flávio Bolsonaro et nommés par le député lui-même, ont effectué des transferts sur le compte bancaire de l'épouse de Flávio, Fernanda Bolsonaro, à des dates proches du paiement des mensualités des biens immobiliers.
Dans un communiqué, la défense de Flávio Bolsonaro a déclaré que « en raison du secret judiciaire, la défense est empêchée de commenter les détails, mais garantit que la plainte contre Flávio Bolsonaro est insoutenable. Parmi les vices procéduraux et les erreurs narratives et mathématiques, la thèse accusatrice forgée contre le sénateur s'avère irréalisable et n'est rien de plus qu'une chronique macabre et mal conçue, influencée par des groupes qui ont des intérêts politiques clairs et qui tentent désormais de revenir au pouvoir. »
Le sénateur n'a pas commenté les accusations concernant l'achat des douze bureaux.
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A la date du 3 septembre 2020, la plateforme UOL rappelait les lourdes suspicions de blanchiment et de détournements de fonds qui pèsent sur le fils aîné du président de la République :