En 2023, au Brésil, les minéraux critiques, considérés comme fondamentaux pour la transition énergétique, selon le site de journalisme indépendant Observatório da Mineração, ont continué d'avoir un rôle de premier plan dans les secteurs favorisés par des mesures gouvernementales, et s'approfondissent la recherche, les processus et les changements initiés par le gouvernement Bolsonaro. Pour cela, aussi, le Brésil a participé pleinement du 5 au 8 mars 2023 au sommet annuel Prospectors & Developers Association of Canada (PDAC), à Toronto.
Etaient là-bas, le ministère des mines et de l'énergie (MME), le service géologique du Brésil (SGB) et l'agence nationale des mines (ANM), qui ont précisément envoyé une "mission internationale" à cette PDAC 2023, ainsi que des représentants des plus grandes sociétés minières opérant au Brésil, réunis au sein de l'Institut brésilien des mines (IBRAM), de l'Agence pour le développement et l'innovation du secteur minéral brésilien (ADIMB) et d'autres institutions.
L'ADIMB est composée de représentants de géantes transnationales telles que Vale, Anglo American, AngloGold Ashanti et d'autres, ainsi que de membres du MME, de l'ANM, du ministère des sciences et de l'IBRAM. Vale, Bemisa et Nexa ont été les principaux sponsors de la participation du Brésil à cette PDAC 2023, avec le "partenariat institutionnel" de l'ANM, du SGB, du MME et du gouvernement fédéral, et la "coordination" de l'ADIMB, de l'IBRAM et de l'ABPM.
Le message porté jusqu'au Canada était clair : le monde aura besoin de minéraux "critiques" et le Brésil est stratégiquement positionné pour répondre à la demande mondiale. Le "potentiel" brésilien en tant qu'exportateur de matières premières, base de l'économie minérale et nationale, a été mis en valeur pour les plus de 30.000 participants de 130 pays qui ont visité les stands de la PDAC 2023.
Car le Brésil possède les septièmes plus grandes réserves d'uranium au monde, fait partie des six premiers pays pour l'extraction de lithium et possède 22 % des réserves mondiales de graphite. Le pays est aussi le troisième détenteur de réserves de nickel.
Les informations consolidées sur les réserves et les gisements minéraux du Brésil figurent dans un rapport du Service géologique du Brésil (SGB), qui a été présenté au PDAC le lundi 6 mars 2023, lors du "Brazilian Mining Day". Le document, rédigé en anglais, intitulé "An overview of Critical Minerals Potential of Brazil" (PDF, 24 p.) contient des données sur les principaux gisements de cuivre, de graphite, de lithium, de nickel, de phosphate, de potassium, d'uranium et de terres rares. "Nous avons établi une vue d'ensemble des ressources et des réserves qui sont disponibles ou dont le potentiel d'exploration a été approuvé", précise Guilherme Ferreira, le chef de la Division de géologie économique (DIGECO), incluse dans la direction de la géologie et des ressources minérales (DGM) de l'entreprise publique SGB, créée il y a cinquante trois ans, dont la tutelle est le ministère des mines et de l'énergie (MME).
Ce rapport détaille également les principales zones en exploitation, en recherche ou en développement de projet, avec les noms des entreprises respectives qui possèdent les gisements actuels.
Selon le site indépendant Observatorio da Mineraçao, le SGB a également énuméré cinq actifs minéraux qui feront l'objet de ventes aux enchères de droits miniers en 2023 : les gisements d'or dans l'Etat du Tocantins, le calcaire et le kaolin au Pará, et, au Nordeste, le diamant dans celui de Bahia et le phosphate dans le Paraíba et au Pernambuco.
Au stand du Brésil, la carte des provinces et des gisements minéraux du pays et un ensemble de trois cartes avec les polygones de données géophysiques, géochimiques et géologiques avaient été mis à la disposition du public. Des vidéos institutionnelles ont également été projetées et des documents imprimés contenant des informations sur le potentiel des minéraux stratégiques, des projets de recherche et d'autres produits ont été distribués.
Toutes ces enquêtes, tous ces rapports, toutes ces informations et toutes ces prévisions de ventes aux enchères ont été transmis pendant le gouvernement de Jair Bolsonaro, avec une continuité pendant le gouvernement de Lula da Silva. Le SGB a créé un site internet entièrement en anglais avec ces informations, dédié au marché international.
Selon le ministère des mines et de l'énergie, les informations présentées aux investisseurs montrent que le Brésil dispose d'une grande diversité de ressources minérales encore à explorer. "Le Brésil a un énorme potentiel qui, s'il est exploité, peut faire de nous des acteurs mondiaux dans toutes ces commodities", a déclaré le chef du département des ressources minérales (DEREM) de la SGB, Marcelo Esteves Almeida.
Nommé par Lula da Silva ministre des mines et de l'énergie, Alexandre Silveira de Oliveira (PSD, droite), natif de l'Etat du Minas Gerais, a reçu plus de 2 millions de R$ (400.000 US$) de la part de sociétés minières lors de ses campagnes sénatoriales de 2014 et 2022, comme l'a montré l'Observatório da Mineração, y compris des fonds issus des géants miniers tels que Gerdau, Vale, CBMM, ArcelorMittal, Usiminas, la française Vallourec.
L'IBRAM et le cabinet de conseil KPMG ont lancé, lors du PDAC 2023, le rapport, rédigé en anglais, "Brazil Country Mining Guide 2023" (PDF, 44 p.). "Nous avons plus de 3.000 mines réparties sur l'ensemble du territoire national et environ 90 produits minéraux sont commercialisés. Ce guide démontre les opportunités d'affaires dans le secteur minier brésilien", a déclaré le directeur de la communication de l'IBRAM, Paulo Henrique Soares.
Le rapport souligne les opportunités d'investissement pour les années à venir, rappelle que les litiges réglementaires découlant des déclarations du gouvernement actuel "ont inquiété le marché" et que "moins de 50 % du territoire brésilien est cartographié géologiquement".
L'ADIMB, une entité qui réunit des entités publiques et privées, créée en 1996, a célébré les promesses de l'ANM de faciliter les investissements dans les minéraux critiques et d'accélérer les procédures, le cheval de bataille de l'agence pendant le mandat de Jair Bolsonaro. Directeur général de l'ANM, Mauro Sousa [Mauro Henrique Moreira Sousa, né au Maranhão (Nordeste)], nommé le 5/12/2022 sous le gouvernement Bolsonaro, a annoncé, lors du PDAC 2023, que l'ANM encourageait les changements afin de rendre disponibles environ 50.000 zones qui se trouvent aujourd'hui non prises en compte. "Notre réglementation doit être adéquate et suffisante pour rendre les affaires viables et ne pas créer d'obstacles et de difficultés", a-t-il souligné dans un communiqué de presse de l'ADIMB. Mauro Sousa a indiqué que l'ANM publiera une résolution visant à assouplir le délai pour la recherche minière, qui peut être prolongé au-delà de quatre ans, en fonction des besoins de l'investisseur.
La récente modification de la législation, qui permet désormais d'utiliser le titre minier comme garantie de financement du projet minier dès le stade de la recherche minière, a été jugée "très importante pour accroître le niveau de la recherche minière dans le pays". C'est l'un des points forts du "pacote" annoncé par le ministère des mines sous le gouvernement Bolsonaro et qui a été cousu avec des parlementaires liés aux entreprises minières dans la discussion, pour l'instant bloquée, du "Nouveau code minier", dont le texte, au fil rouge écocide, a été livré à la fin de 2022 sur les ordres de Jair Bolsonaro et d'Arthur Lira, alors président de l'assemblée nationale et qui l'est toujours en mars 2023, renouvelé après l'indication tacite de Lula da Silva aux groupes parlementaires alliés du président âgé de 77 ans.
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- Source : Observatório da Mineração et divers autres.
- Lors de la PDAC 2023 à Toronto, l'Agence nationale des mines a lancé des versions anglaises de deux rapports contenant des informations clés sur le secteur minéral brésilien :
Anuário Mineral Brasileiro Interativo (AMB)
et
Comércio Exterior do Setor Mineral (ComexMin).