BRAISES DU CHAOS (avatar)

BRAISES DU CHAOS

BALIKPAPAN@PROTONMAIL.COM■(55) 71 88826417■Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste: et je tweete, aussi, sur X (ex-Twitter), des faits.

Abonné·e de Mediapart

1512 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 décembre 2020

BRAISES DU CHAOS (avatar)

BRAISES DU CHAOS

BALIKPAPAN@PROTONMAIL.COM■(55) 71 88826417■Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste: et je tweete, aussi, sur X (ex-Twitter), des faits.

Abonné·e de Mediapart

Brésil: «lutter pour former un front couvrant le seul centre-gauche et la gauche»

Le professeur brésilien Aldo Fornazieri, au lendemain du 2e tour des élections municipales du 29/11 et des déroutes de nombreuses gauches, décrit combien ces partis s'égarent et se perdent dans une stratégie défensive. Pour lui, «les gauches devraient (..) rejeter l'idée de former un large front contre Bolsonaro, mais lutter pour former un front (...) couvrant le centre-gauche et la gauche».

BRAISES DU CHAOS (avatar)

BRAISES DU CHAOS

BALIKPAPAN@PROTONMAIL.COM■(55) 71 88826417■Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste: et je tweete, aussi, sur X (ex-Twitter), des faits.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les gauches ont été vaincues aux élections municipales de 2020, même avec la croissance du PSOL et la bonne performance de Guilherme Boulos au deuxième tour à São Paulo, les chiffres ne peuvent être déformés pour masquer les défaites. En termes effectifs, il faut compter le nombre et l'importance des mairies gagnées et perdues. Les mairies constituent un véritable pouvoir pendant quatre ans. Les votes des vaincus ne sont pas des actifs stockables pour les prochaines élections. Donc, la victoire est la victoire et la défaite est la défaite. De plus, c'est la post-vérité. L'analyse doit être réaliste, aussi douloureuse soit-elle. Masquer les défaites consiste à persister dans l'erreur et à ne pas corriger les axes politiques.

Le PSOL a remporté une victoire importante à Belém (Pará), mais a gagné dans peu de communes et n'a pas non plus élu un grand nombre de conseillers municpaux. Le PCdoB, en plus de ne pas avoir gagné à Porto Alegre (Rio Grande dos Sul), a fait vaincre le groupe de Flávio Dino [gouverneur du Maranhão, et putatif candidat présidentiel] à São Luís (Maranhão). Le PT était le parti qui a perdu le plus : -71 mairies par rapport à 2016. C'était encore pire que cette année-là, lorsque le parti était l'objectif de l'opération Lava Jato et de la destitution de Dilma Rousseff. Cette fois-ci, il n'a gagné dans aucune capitale. La gauche, en général, a commis beaucoup d'erreurs dans la dernière période, même avec les catastrophes des gouvernements Temer et Bolsonaro. Les gauches ne se sont pas organisées à la base, ont hissé les mauvais drapeaux et ont fait face à Bolsonaro dans le mauvais sens. Ces élections municipales ont offert aux partis de gauche, principalement le PT, l'occasion de se redresser. Mais ils n'ont pas su en profiter.
Dans l'Etat de São Paulo, bien que le PT ait récupéré les mairies de Diadema [426.000 hab.] et de Mauá [477.000 hab.], il n'a élu que quatre maires - inadmissible, dans le plus grand collège électoral du pays. Ce qui reste à faire aux directions nationales et de l'Etat de São Paulo du PT est de rendre leurs tabliers ou de convoquer immédiatement un congrès du parti pour le réorganiser. Il n'est pas admissible à un parti qui a atteint l'importance que le PT a atteint d'être lentement détruit par des directions bureaucratiques et incompétentes. Le PT est un patrimoine du peuple et doit être secouru par une direction compétente qui le renouvelle et le mette en phase avec les temps nouveaux.

Les vainqueurs de ces élections ont été la droite physiologique proche de Bolsonaro - les partis PP et PSD - et le centre droit, le parti DEM se démarquant dans ce domaine. Le PSDB, bien qu'ayant gardé la ville de São Paulo, a perdu un grand nombre de mairies, ainsi que le MDB. L'extrême droite ne s'est pas présentée avec son propre parti et les candidats soutenus par Jair Bolsonaro ont échoué. Les candidats anti-politique et les discours pour une nouvelle politique ont aussi échoué.

Les élections municipales n'ont pas d'impact décisif et déterminant sur les élections présidentielles. Ce ne sont que des signaux et ils forment des champs possibles, des lignes de force. Cela dit, on peut dire qu'elles ont configuré quatre camps politiques : une droite physiologique, proche de Bolsonaro ; un centre-droit, où s'est détaché le DEM ; un centre-gauche, configuré autour du PSB, du PDT et du parti Rede et un camp de gauche, composé du PSOL, du PT et du PCdoB [communiste].

L'espace de l'extrême droite bolsonarista s'est rétréci et la seule alternative pour que Bolsonaro soit compétitif en 2022 est d'être accepté et d'accepter de s'allier avec les partis de droite du centre (« centrão »). Le centre-droit, lui, devra avoir son propre candidat. Dans ce camp là, avec le renforcement de certains partis, l'espace réservé à Sérgio Moro [ex-ministre de la justice] et Luciano Huck [millionnaire et animateur de jeux à la télévision] s'est également rétréci. Ces partis doivent calculer combien vaut le risque d'essayer d'élire un candidat de leur propre parti plutôt que d'élire un candidat étranger avec tous les problèmes et idio-syncraties que ce type de candidat apporte.

Avec la faible performance du PT, avec le maintien des deux capitales [Fortaleza (Ceará, au Nordeste) et Aracaju (Sergipe, au Nordeste)] par le PDT et avec l'expansion du PSB à Maceió [capitale de l'Alagoas, au Nordeste], en plus du maintien de Recife [capitale du Pernambuco, au Nordeste], le champ de centre-gauche et la figure de Ciro Gomes se sont renforcés par rapport à la gauche. A gauche, il y a deux pôles : l'un représenté par le PT et l'autre par Guilherme Boulos et le PSOL.

Les gauches devraient immédiatement rejeter l'idée de former un large front contre Bolsonaro, mais lutter pour former un front progressiste et populaire couvrant le centre-gauche et la gauche. La formation de ce front dépend de plusieurs choses. Parmi elles, le rejet de l'arrogance et de la vanité des partis et des candidats potentiels, l'adoption de la prudence comme guide, la mise des intérêts du peuple au-dessus des intérêts des partis et le fait de se chausser avec humilité en sachant que la gauche vit un moment de faiblesse et de défensive .

Les partis devraient ouvrir un dialogue immédiat entre eux. Certaines conditions devraient être définies : aucun parti n'indiquerait de nom pour le moment, des méthodes et des objectifs devraient être définis, comme la discussion d'un programme et d'un projet pour le Brésil et des procédures pour les relations entre les partis. Ce qui compte maintenant, c'est de définir un processus et il devrait déterminer un résultat. Le plus probable est que la formation du front de la gauche et du centre-gauche dépende des conditions de compétition de Bolsonaro. Si Bolsonaro arrive très faible en 2022, ce qui est une possibilité, le front progressif verra difficilement le jour. Mais si Jair Bolsonaro est en position de force, il sera impératif de former le front des gauches, sinon le camp progressiste risque d'être exclu du second tour.

Les partis de gauche doivent agir pour empêcher le champ de centre-gauche de former un front avec le centre-droit, ce qui est une possibilité. Pour remporter une élection présidentielle, il faut agréger le maximum de forces politiques et sociales dans les paramètres définis par le programme et par les objectifs stratégiques. Si, aux élections municipales, les partis doivent donner la priorité à leurs intérêts de parti et de construction, aux élections présidentielles ils doivent mettre au-dessus de tout les intérêts du peuple et du Brésil.

Aldo Fornazieri
(30/11/2020)

(professeur à la faculté privée
" Fundação Escola de Sociologia
e Política de São Paulo " - Fespsp)

--------

(traduction manuelle)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.