Le gouverneur de Roraima, Antonio Denarium (PP), de son vrai nom Antonio Oliverio Garcia de Almeida, élu en octobre 2018, a fait don de 2.390 hectares d'une zone forestière publique pour que son associé dans une usine de conditionnement de viande et entrepôt friogrifique, Frigo10, Ermilo Paludo, puisse y élever du bétail. Dans la même zone, le mandataire de Paludo a déjà l'autorisation d'explorer de l'or.
En 2017, ainsi, Denarium et Paludo ont fondé l'usine de conditionnement de viande Frigo10 avec un groupe de huit autres personnes, hommes d'affaires et éleveurs de bétail.
En octobre 2022, Denarium, 58 ans, a été réélu gouverneur au premier tour, sous l'étiquette du parti PP (droite extrême), avec 56,50% des votes, devant Teresa Surita (MDB, droite), avec 41,13%. De 2010 à 2018, Denarium était filié au parti PPS, puis au parti bolsonariste (PSL) de 2018 à 2020.
Ensemble, les actionnaires de Frigo10 ont été condamnés par l'Institut brésilien de l'environnement (Ibama) à des amendes pour avoir dévasté 4.500 hectares de forêt [la surface de la ville de Lyon en France] amazonienne, en payant plus de 20 millions de reais (4 millions €).
Denarium a reçu une amende en 2018 pour la déforestation sur la municipalité d'Iracema*, au sud du Roraima, où il possède personnellement des exploitations agricoles.
En 2014, après avoir signé un accord avec le ministère public fédéral (MPF), Paludo a quitté les terres indigènes et a été indemnisé pour l'occupation reconnue par la Fondation nationale de l'indigène (Funai) comme étant antérieure à la démarcation.
Ermilo Paludo a reçu comme donation, signée par le gouverneur Denarium, la ferme Santa Maria. La propriété se trouve dans une zone de forêt publique non allouée, située dans la bande frontalière, où Paludo a maintenant l'intention d'élever davantage de bétail. Cette zone donnée par le gouverneur à son associé dispose déjà d'une autorisation approuvée pour l'exploration de l'or sur 38.500 hectares.
Qui est Ermilo Paludo ?
L'un des associés de Frigo10 avec le gouverneur Antonio Denarium est bien connu du peuple Yanomami : Ermilo Paludo, un éleveur de bétail dont 746 hectares de zones ont été mis sous embargo par l'Ibama en 2013 au sein du territoire indigène Yanomami, et qui a une longue histoire de conflits avec le peuple indigène.
Dans les années 1990, Paludo a mené des mouvements contre la démarcation des terres indigènes et, pendant près de 20 ans (entre 1992 et 2008), il a empêché les équipes de la Funai d'arpenter la zone où il avait des exploitations, rendant difficile la désaffectation de la zone.
Pendant cette période, le producteur rural a été accusé de séduire les autochtones et d'empêcher les Yanomami d'accéder à son territoire. En 2007, les dirigeants ont dénoncé le fait que Paludo avait proféré des menaces de mort à l'encontre de Davi Kopenawa, une figure nationale indigène des Yanomami, internationalement reconnu (video), affirmant qu'il tuerait le leader indigène s'il était expulsé des propriétés où étaient ses fermes.
Alors que la forêt se réduisait dans la région, le bétail de Paludo s'engraissait sur les terres indigènes. Dans une interview accordée à un journal local en 2013, le grand propriétaire et richissime éleveur a confirmé qu'il possédait 3.000 têtes de bétail à l'intérieur du territoire yanomami.
Né dans la municipalité d'Arroio do Meio (Rio Grande do Sul), Paludo est arrivé au Roraima à la fin des années 1970, avec le projet de colonisation de l'Amazonie dans le Plan National d'Intégration (PIN), élaboré par le général de la dictature militaire Emílio Garrastazu Médici (1969-1974). À l'époque, plus d'une centaine de parcelles ont été délimitées et distribuées dans le but de promouvoir la colonisation de la région par l'installation d'entreprises agricoles avec la construction de l'autoroute Perimetral Norte (BR-210).
En 1991, la propriété de Paludo aurait dû être expropriée et compensée avec la démarcation de la terre indigène Yanomami, ratifiée en 1992. Il a perdu en justice toutes ses tentatives pour rester sur le territoire. En 2004, la 5e chambre du tribunal régional fédéral a reconnu définitivement que les terres de la région d'Ajarani, dans la municipalité de Caracaraí (RR), à l'extrémité orientale de la terre indigène yanomami, appartiennent aux Yawaripë, un sous-groupe yanomami.
Mais Paludo n'a pas quitté le territoire comme l'espéraient les Yanomami.
Car entre-temps, l'éleveur de bétail a fondé la première coopérative agricole de Roraima, Coopercarne, avec l'homme d'affaires José Lopes Primo et a introduit des milliers de têtes de bétail dans le territoire Yanomami, devenant ainsi l'un des plus grands éleveurs du Roraima. Plus tard, en 2017, les deux hommes s'associeront à Antonio Denarium pour fonder l'entrepôt frigorifique et usine de conditionnement "Frigo10".
Ce n'est qu'en 2008 que la Funai a réussi à pénétrer dans la zone occupée par Paludo sur les terres indigènes. Mais l'éleveur de bétail n'a pas accepté les valeurs de compensation et a continué à occuper les terres pendant six ans.
En 2013 sont venues les amendes et les embargos des fermes de Paludo et de ses proches, par l'Ibama. Il y avait 12 zones sous embargo au sein de l'IT dans la région d'Ajarani, et 19 avis d'infraction émis contre Paludo et six autres personnes, dont sa sœur, son beau-frère et d'autres personnes liées à l'éleveur de bétail. Le groupe a été condamné à une amende de 14,6 millions de R$ (2,8 millions €).
L'association Hutukara Associação Yanomami (HAY), qui a dénoncé les illégalités à diverses occasions, a informé Infoamazonia qu'après plus de 20 ans d'occupation illégale, les éleveurs ont quitté les terres autochtones.
En 2014, après avoir signé un accord avec le ministère public fédéral (MPF), Paludo a quitté les terres indigènes et a été indemnisé pour l'occupation reconnue par la Funai comme étant antérieure à la démarcation. Selon l'organisme, 12 exploitations illégales situées sur la terre indigène ont été libérées cette année-là.
Au cours des premiers mois de son premier mandat en 2019, Antonio Denarium a réussi à transférer 400.000 hectares de zones fédérales à l'État de Roraima. Ce transfert lui a permis de mettre en pratique l'une de ses principales promesses de campagne auprès des producteurs ruraux qu'il a appelée "régularisation des titres fonciers".
Ermilo Paludo, associé de Denarium et considéré comme l'un des plus grands éleveurs-producteurs du Roraima, a été l'un des bénéficiaires du programme avec 2.390 hectares d'une zone totalement couverte de forêt préservée dans la municipalité d'Amajari, à seulement sept kilomètres de la terre indigène Santa Inez, du peuple Macuxi. La propriété est enregistrée sous le nom de ferme Santa Maria et est située sur la bande frontalière avec le Venezuela, dans une zone de forêt publique non allouée. Cette catégorie de terre est la plus déboisée et aussi la plus illégale de l'Amazonie.
En novembre 2022, la ferme Santa Maria a été remise à l'éleveur de bétail en tant que "don", et sans aucun frais. Antonio Denarium a signé le titre de propriété définitif, qui dans sa deuxième clause dit que la propriété a "pour objectif d'assurer la subsistance et le progrès social et économique des occupants".
Dans la zone de forêt donnée par le gouverneur de Roraima, Emilio Paludo a l'intention d'élever davantage de bétail. En janvier 2023, l'éleveur a déposé une demande d'autorisation d'utiliser les ressources en eau de la zone pour l'élevage de bovins. Dans la demande, il informe de l'introduction de 10 têtes comme plan initial pour les 2.390 hectares.
Les images satellites de janvier 2023 montrent que la zone est totalement couverte de forêt, sans aucun signe d'occupation antérieure.
Selon la loi d'État 976/2014, la régularisation des terres sera effectuée pour "ceux qui prouvent une occupation pacifique".
Paludo possède sept propriétés rurales enregistrées à l'Institut national de la colonisation et de la réforme agraire (INCRA), y compris la ferme Santa Maria, totalisant 8.500 hectares [soit presque deux fois la superficie de la ville de Lyon, en France].
Comme si cela ne suffisait pas, sur une partie des terres données par l'État du Roraima à Paludo et dans les environs, il existe, depuis mai 2020, une autorisation de l'Agence nationale des mines (ANM) pour l'exploitation de l'or.
En janvier 2023, après avoir reçu le titre de propriété d'une zone comprenant plus de 2.300 hectares de forêt, Paludo a demandé l'autorisation d'utiliser les ressources en eau de la zone pour l'élevage de bétail.
Quant à elles, les quatre demandes d'exploitation minière ont été autorisées par le général Augusto Heleno, alors ministre bolsonariste du Cabinet de sécurité institutionnelle de la présidence de la République, en décembre 2019, au nom de Jairo Mesquita de Lima, qui est l'avoué de Paludo dans les processus de régularisation foncière de la zone de la ferme Santa Maria. Le fasciste notoire Augusto Heleno a autorisé l'exploitation minière de 38.500 hectares - soit 3,6 fois la surface de Paris intra muros - dans une zone de forêt amazonienne.
InfoAmazonia a envoyé des questions au gouverneur Antonio Denarium, mais il ne s'est pas manifesté jusqu'à la publication de cette enquête. InfoAmazonia a aussi envoyé des questions à Ermilo Paludo, mais l'éleveur de bétail a déclaré être en voyage. Contacté, Frigo10 n'a pas répondu. InfoAmazonia n'a non plus réussi à contacter José Lopes Primo tandis que Jairo Mesquita de Lima, l'avoué de Paludo, n'a pas non plus répondu aux questions.
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Sources de ce texte et de cette traduction partielle : diverses, mais surtout le site indépendant, et rigoureux, InfoAmazonia.
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(*) En juillet 2022, un route vicinale en terre a été asphaltée ... Mais la route qui distribue la ferme de Denarium, outre du gravier posé, possède au moins quatre galeries pour le passage des eaux de pluie. Grâce à cela, le tronçon restera en parfait état. Et aussi sans risque de casse, ainsi que d'inondation comme cela se produit en saison des pluies dans toutes les communes. Mais ... les travaux de qualité commencent sur le terrain de Denarium et se terminent ... sur le terrain de Denarium. A moins de deux kilomètres de la fin de la clôture de la ferme du gouverneur, le drame des habitants recommence. La même route atteint la municipalité de Caracaraí et démontre l'auto-clientélisme d'Antônio Denarium et de la municipalité d'Iracema. Le maire de cette ville, Jairo Ribeiro, du MDB (droite), a été réélu en 2020 avec 69,94 % (2.943 bulletins) des votes au premier tour face au seul autre candidat.
- En 2019, ont été plantés 40.000 hectares de soja au Roraima. La récolte de 2018 s'est montée à 120.000 tonnes de soja (PDF ICI). En 2021, 72.000 hectares de soja ont été plantés.
- Généalogie brésilienne de la prédatrice famille Paludo, ICI