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Tel est le point central d'un rapport de dix-neuf pages (" Déboisements irréguliers dans le biome cerrado de Bahia : une politique d'Etat "), produit dans le cadre d'un plus large projet d'étude - "Desvendando as Autorização de Supressão de Vegetação (ASV) do Cerrado Baiano"- mené par l'université fédérale locale et plusieurs organisations sans fins lucratives qui a recoupé des données officielles émises par l'agence environnementale de l'État de Bahia (Inema).
Ce rapport, daté de juillet 2022 et rendu public le 4 août, a analysé seize procès administratifs qui ont permis la délivrance, par l'Inema, d'"autorisations de supression de végétation" (ASV) dans les bassins du fleuve Grande et du fleuve Corrente, ce qui correspond à une surface supprimée de cinquante mille sept cent vingt-trois hectares (50.723,99 hectares).

Cette enquête dévastatrice (sic) a précisément été effectuée par l'Instituto Mãos da Terra (Imaterra), l'ONG Instituto Sociedade, População e Natureza (ISPN), l'Instituto de Pesquisa Ambiental da Amazônia (Ipam), l' Universidade Federal da Bahia (UFBA), par l' Observatório do Matopiba. et aussi par le WWF-Brasil.
Des fonds européens ont également permis la production de cette enquête, à travers le projet CERES (Climate change and European Aquatic RESources).
L'enquête énumère au moins 21 types d'irrégularités qui ne respectent pas les normes ou violent les lois environnementales et qui n'ont pas été prises en compte par l'Inema lorsqu'il a accordé les "autorisations de supression de végétation" (ASV) à seize exploitations céréalières. L'Inema aurait non seulement adapté la législation de l'État, en réponse au secteur de l'agrobusiness mais aurait également ignoré les lois fédérales, dans une succession d'irrégularités qui peuvent, selon l'étude, être qualifiées de crimes environnementaux.
Selon Imaterra, l'Inema a non seulement omis d'exiger une série de documents requis par la loi, mais autorisé la déforestation sans identifier de mesures d'atténuation. L'Inema n'a pas non plus analysé de manière adéquate l'impact de la déforestation et le potentiel de conflits dans les communautés touchées, qui étaient déjà limitées dans leurs activités de base telles que l'élevage du bétail et les activités extractives, ainsi que dans leur droit d'aller et venir.

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La diplômée en pharmacie Márcia Telles, entrée par concours dans la fonction publique en 2006, a été la directrice-générale de l'Inema de 2012 - nommée par le gouverneur Jaques Wagner (PT) - jusqu'au 3 décembre 2021.
A cette date, le gouverneur de Bahia, Rui Costa (PT), l'a nommée secrétaire d'Etat à l'environnement (SEMA). Celle qui avait été sa directrice administrative et financière à l'Inema (de 2011 à 2021), Daniela Teixeira Fernandes de Araújo, est devenue directrice de l'Inema le 3 décembre 2021 et en meme temps nouvelle cheffe de cabinet de Marcia Telles au SEMA. Précision utile : ces deux femmes sont blanches, dans l'Etat le plus "noir" ou métis de noir (75 % de la population) du Brésil.

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En décembre 2021, après la nomination de Márcia Telles au poste de secrétaire d'Etat au SEMA, Amanda Santos Silva, l'une des représentantes de la société civile dans l'organisme public bahianais "Conseil de Bahia de l'environnement" (Cepram) avertissait : « C'est la consolidation d'un recul que nous avons connu dans l'État de Bahia et c'est la confirmation de combien l'agence environnementale est à la merci des intérêts économiques présents dans l'État de Bahia et non de la préservation de l'environnement. Alors qu'elle était directrice de l'Inema, Márcia a signé plusieurs concessions de licences, chevauchant des zones de communautés traditionnelles et des engagements de licences qui affectent des zones importantes pour la protection de l'environnement ».