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Billet de blog 6 août 2014

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Comparer les massacres : une guerre sur la guerre qui oublie l'essentiel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

À lire la plupart des fils des commentaires sur Gaza, il semblerait qu'une guerre sur la guerre mobilise les passions. Doit-on ou non comparer les massacres des civils palestiniens, sciemment perpétrés par les militaires israéliens, à d'autres génocides reconnus par l'Histoire ?

Je me décide à faire de cette question un billet après avoir lu l'excellente et récente contribution parue dans les Invités de Médiapart : La Palestine comme métaphorePour être bref (et un peu fainéant), je me contenterai de reproduire ci-dessous un commentaire (un peu remanié) que j'ai laissé à l'occasion de ce billet. Il s'agit pour moi tout à la fois de focaliser l'attention sur la stérilité des comparaisons, mais aussi et surtout sur une cause majeure du consentement de fait de la société civile à ce massacre qu'elles contribuent à masquer. Je pense que le commentaire que j'ai laissé sera suffisant pour s'en faire une idée claire. On le comprendra sans doute mieux, néanmoins, si l'on se reporte à ce texte La Palestine comme métaphore.

*   *   *

Y aller de son propre couplet, ou de ses propres marottes (ici, dans ce fil, sur des comparaisons sans fin entre ce qui se passe à Gaza et d'autres massacres) au lieu de commenter le texte lui-même, est courant. Mais cela démobilise le débat sur la portée et l'intention soutenues par la contribution, et qui devrait être le véritable sens des commentaires.

Pour ma part je dis mille fois bravo à ce texte, car il pointe quelque chose d'essentiel (même s'il n'est pas le seul) : nous sommes entrés dans un discours de politiques managériales, où les hommes politiques gèrent la démocratie comme on gère une entreprise.

La question pragmatique que pose cette contribution est de savoir comment ne pas "abandonner des pans essentiels du débat démocratique à une vision exclusivement économique, géostratégique et euro-centrée". Là est la question essentielle qui se pose à nous au regard des positions adoptées par Hollande-Valls. Et elle relève de l'urgence ! Quel discours opposons-nous à cette "vision" qui fait consensus, sans même toujours savoir que l'acte même d'y consentir se rapporte à cette "vision" du monde et des rapports collectifs ?

Car il faut le répéter : c'est ce discours "managérial", aujourd'hui dominant et institué, qui est au fondement du consentement généralisé au massacre des palestiniens. Il a investi la politique internationale comme l'ordre intérieur. C'est lui qui est au fondement d'une nouvelle barbarie totalitaire qui considère l'individu comme trois fois rien au regard de la nécessité économique, administrative, technocratique et stratégique : "Economics is the method ; the object is to change the heart and soul", déclarait déjà Thatcher au Sunday Times en 1979.

Ce programme thatchérien est en train de se dérouler sous nos yeux. Et ce ne sont pas les interminables gloses "d'appareils" historico-géo-stratégiques qui s'y opposeront. Au mieux ils ne sont que (mauvaise) littérature, au pire ils l'alimentent.

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