Qu’il soit chômeur contraint de se plier aux stages inutiles de Pôle-emploi, précaire obligé de vendre son mobil-home, puis finalement amené à devenir « petit caporal de centre commercial »[1], Thierry (Vincent Lindon) est constamment happé par une seule et même logique : la loi du marché. Mais jusqu’où pourra-t-elle lui faire renier tout sens moral ?
À la limite du documentaire, ce film démonte les rouages de l’humiliation sociale induite par « le marché ». Car à l’opposé de sa « main invisible » comme promesse de société harmonieuse et équilibrée, c’est plutôt sa « loi invisible » qui s’obstine à faire des ravages : s’immisçant désormais dans tous les compartiments du monde du travail et de la vie, mais ne pouvant être dite ou invoquée en situation de domination, elle est à la source de la honte sociale et de la violence rentrée… Film à voir donc, absolument, car le cinéma, comme tout recul sur le réel, peut nous aider à trouver les mots qui manquent encore face au cynisme du capitalisme contemporain.
[1] Pour reprendre ce que disait déjà Souchon en 1978, dans Le Bagad de Lann Bihoué.