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Billet de blog 5 juillet 2010

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Le paradoxe d’Einstein

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

(Écouter le samedi 10 juillet 2010 à 20 heures sur France Culture : « Freud et Einstein, Pourquoi la guerre ? ». Avec Michel Bouquet dans le rôle d’Einstein)

En 1939, Einstein signa une lettre pour alerter le président Roosevelt sur la menace nazie d’un armement atomique. C’est le point de départ du Manhattan District Project qui conduira tout droit à Hiroshima et Nagasaki. « En vérité, j’ai servi de boîte aux lettres, dira-t-il plus tard. On m’a apporté une lettre toute faite et je l’ai simplement signée ». Paradoxe de cette histoire : c’est le savant le plus pacifiste du monde qui a déclenché la réalisation de l’arme la plus effroyable jamais mise au point.

Aujourd’hui, Einstein incarne encore la contradiction entre deux sciences ; l’une engluée dans les fantasmes de puissance et d’argent et l’autre au service de la communauté humaine.

Qu’en est-il exactement ?

Einstein est resté toute sa vie citoyen du monde, soucieux de faire entendre la voix de la raison à la planète entière et récusant tout fanatisme patriotique ou religieux. Assurément, il a été très tôt pacifiste, allant jusqu’à recommander l’interdiction du service militaire. Dès 1935, il exprima le vœu que le sionisme (qu’il soutenait) entretînt une coopération pacifique et amicale avec le peuple arabe. Plus tard, il ne s’est jamais privé de défendre les droits des Arabes spoliés par la création d’Israël.

Dans le siècle des guerres mondiales qu’il a vécu, il a constamment milité pour la paix. C’est pourtant ce même homme, tout pacifiste qu’il était, qui a joué un rôle pionnier dans l’histoire de l’armement nucléaire. On peut discuter des raisons douteuses qui ont conduit les Etats-Unis à lancer les bombes sur Hiroshima et Nagasaki, mais on ne peut pas mettre en question, face aux avancées allemandes en matière atomique, la décision de lancer un programme de recherche sur ce type d’armement. Dans son combat pour la paix, Einstein a toujours expliqué que la science et la technologie ne sont pas des forces autonomes qui agiraient de l’extérieur sur les sociétés. Elles déterminent certes l’évolution des armes, mais ne sont pas la clé des raisons qui poussent les hommes à se faire la guerre. Pour répondre à la question : « Existe-t-il un moyen d’affranchir les hommes de la menace de la guerre ? », Einstein se tourne vers le psychanalyste Freud. Il veut, dit-il, avoir l’occasion d’être éclairé sur la vie instinctive de l’homme. Freud lui répond « Tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre ». Einstein lui réplique « La proie la plus facile des funestes suggestions collectives, c’est la prétendue intelligence et non pas seulement les êtres dits incultes ».

L’avenir donna raison au physicien et tort au psychanalyste...

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