Nous attendons des journalistes une conscience morale aigue, une discipline éthique, une clarté de la pensée, une intégrité des convictions. Cela fait partie de leurs devoirs professionnels. C’est avec les journalistes qu’on devrait être le plus sévère en cas de défaillance. Car ils ne sont pas que des paquets d’énergies créatrices d’articles et de reportages. Ils sont aussi des transmetteurs de vérité, une vérité qui est ici davantage que l’absence de mensonge. La vérité en matière journalistique, c’est une vertu, une conquête, une façon de voir le monde, pour laquelle il faut travailler et qu’on ne peut sauvegarder qu’avec davantage de travail, de raison, de foi et de force.
Malgré les efforts du journaliste, il existe toujours le risque, pour nous lecteurs, auditeurs, téléspectateurs ou internautes, de réduire inconsciemment le monde à un spectacle dont nous ne serions que les spectateurs. C’est pour le citoyen un combat permanent à mener que de défendre une certaine conception de notre société. Et ce combat-là, c’est le nôtre. Pas celui des médias. Mais si l’on préfère le spectacle à la réflexion et à l’action, il ne faudra pas s’étonner d’être dirigé par des comédiens.