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Billet de blog 15 décembre 2008

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Au secours, je suis exproprié !…*

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

* J’appelle expropriation la confiscation de ce qui nous appartenait, qu’il s’agisse de biens matériels ou immatériels.Le néolibéralisme est né du capitalisme, lui-même issu d’un système économique que personne n’avait prévu et organisé. Ce système s’est développé grâce aux effets d’un monstrueux « processus d’expropriation » provoqué par l’accumulation initiale du capital.Le communisme a autrefois engendré des processus d’expropriation beaucoup plus sévères en privant la classe ouvrière de l’ensemble des syndicats, conventions collectives, droit de grève, assurance chômage etc. Ce processus d’expropriation a été répandu grâce à l’illusion que les usines étaient propriétés de la classe ouvrière. Indépendamment des idéologies et des considérations théoriques, notre expérience nous enseigne que le processus d’expropriation engendré par le néolibéralisme n’a plus de limites.Chaque citoyen est aujourd’hui exproprié dans un grand nombre de domaines. Tentons d’en lister quelques uns :Nous sommes expropriés de l’agora, espace démocratique et politique où pouvait avoir lieu une libre rencontre entre citoyens et où était façonné le monde.Nous sommes expropriés du projet européen (voir référendum puis ratification contraire).Nous sommes expropriés des services publics par ce qu’on a injustement appelé « les privatisations ».Nous sommes expropriés du dialogue social (destruction des syndicats…). Nous sommes expropriés d’un enseignement gratuit (frais d’inscription dans les universités, frais prohibitifs des logements étudiants, privatisation de l’enseignement. etc.).

Nous sommes expropriés du droit à une information véridique et non manipulée sans laquelle la liberté d’opinion n’est plus qu’une cruelle mystification.Nous sommes expropriés de notre capacité de discernement par la pensée unique distillée par des médias complaisants.Nous sommes expropriés de la culture (baisse des budgets et subventions).Nous sommes expropriés de notre cerveau par l’aliénation publicitaire et du medium TV.Nous sommes expropriés de notre vie privée (fichiers de police avec données sur la religion, la sexualité, les opinions politiques, les habitudes commerciales…).Nous allons être expropriés de notre repos dominical en travaillant le dimanche.Nous sommes expropriés de notre capital fiduciaire (pression fiscale).Nous sommes expropriés d’une partie du patrimoine naturel (pollution…).Etc.La plus inquiétante des expropriations est sans doute celle que nous subissons dans le domaine politique. Pourquoi ? La création de l’espace politique est le seul lieu véritable d’expression de la qualité humaine. C’est le domaine de la parole partagée. Il n’y a d’espace politique que là où les hommes se reconnaissent et se respectent mutuellement. La politique est aussi le domaine majeur de la liberté humaine car elle ne peut jamais prendre la forme de l’obligation. Dès l’instant qu’un homme politique prétend qu’il n’y a pas de choix possible, il trahit l’essence même de la politique. C’est parce qu’elle est étrangère au règne de la contrainte que la vie politique implique la pluralité (pluralité de la presse, des partis politiques, des idées et des réponses possibles aux problèmes qui posés). Rien n’est plus étranger à la politique qu’une forme d’administration des hommes calquée sur la gestion économique. Ainsi, la logique néolibérale, normative, monopolistique, concentrationnaire, uniformisante, spéculative et insécurisante n’est finalement rien d’autre qu’une sorte de refondation du communisme sur une base privatisée.

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