Il n’est pas dépourvu de signification que le mot « personne », qui a été adopté à partir du latin persona par l’ensemble des langues européennes, dérive d’une source antique identique.
Persona renvoyait à l’origine au masque de l’acteur qui couvrait son visage et indiquait au spectateur le rôle qu’il jouait dans la pièce. Une large ouverture se trouvait à l’emplacement de la bouche par laquelle la voix de l’acteur pouvait passer. C’est de ce son passant à travers que vient le mot persona : per-sonare, « le son à travers ».
Les Romains furent les premiers à utiliser le mot au sens métaphorique : la persona était quelqu’un qui possédait des droits civiques, c’est-à-dire qui jouaient un rôle dans la société. Persona opposé à homo, mot utilisé avec dédain pour indiquer des gens qui n’étaient protégés par aucune loi, désignait quelqu’un qui était simplement membre de l’espèce humaine (à l’opposé de l’animal).
Cette interprétation latine de ce qu’est une personne est utile à notre analyse sur le voile intégral car le masque romain correspond à une façon d’apparaître dans le monde qui est une scène où nous sommes reconnus en fonction de notre rôle.
En d’autres termes, la notion de persona est inséparable du rôle que nous devons « jouer » si nous souhaitons participer au théâtre du monde. Le droit de jouer ce rôle est inaliénable.
Est-il possible à celles qui portent un voile intégral, tous identiques, de jouer ce rôle ?
La réponse ne peut être que négative.