J’ai eu 21 ans le 6 mars 1971. J’étais devenu… majeur (la majorité était alors à 21 ans et non à 18).
C’est ce jour qu’il m’a fallu faire le choix de ma nationalité. Allemande, nationalité de mon père ou française, nationalité de ma mère.
Faire un choix entre ma patrie ou ma matrie.
C’est la France que j’ai choisie. Sans hésitation. Aucune.
Pourquoi la France ?
J’admire la France des Droits de l’Homme, de la Révolution, de la culture, du savoir-vivre. J’admire le courage des hommes et de femmes qui, après s’être battus contre l’Allemagne nazie, se sont battus pour un rapprochement franco-allemand. J’admire le courage d’une Irène Laure, résistante torturée par les Allemands, s’excuser auprès des Allemands de s’être réjouie lorsqu’elle avait vu passer au dessus de sa tête les bombardiers alliés en route vers Hambourg. J’ai pleuré de bonheur sur le « Es lebe die deutsch-französische Freundschaft! » du Général de Gaulle à Bonn... J’ai de nouveau pleuré de bonheur à la main tendu du Président Mitterrand au Chancelier Kohl
Pourquoi pas l’Allemagne ?
Je n’ai pas vu les Allemands faires le mea-culpa sur leur triste passé. La hiérarchisation du peuple allemand ne me convient guère. Je trouvais l’Allemagne de l’époque grise, sans joie, sans bonheur, sans idées. Il n’empêche… J’admire aussi Hegel, Hölderlin et Schelling liés par l’enthousiasme de la Révolution française. J’admire mon grand-père, ex- directeur d’une aciérie en Sarre et anti nazi notoire qui interdisait l’accès de la maison familiale à son fils unique, mon père, lorsqu’il portait l’uniforme d’officier allemand.
Certes. Je dois beaucoup à l’Allemagne et à ma famille. Je ne renie rien.
Mais c’est la France que j’ai choisie il y a 43 ans. Nous nous sommes aimés d’un Amour inconditionnel. J’ai voulu tous connaitre d’elle : son Histoire, sa culture, son art, son architecture, ses paysages, sa nourriture, ses joies, son intelligence...
Dépassé par cet Amour, je me suis parfois surpris à être chauvin, à défendre des positions françaises indéfendables.
J’ai fermé les yeux sur ces petites escapades. Rien n’y faisait. La France était belle et je l’aimais.
Je l’aimais…