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Billet de blog 4 juin 2015

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Justice morte : relaxe de Woerth et condamnation de Kerviel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a un sérieux problème avec la justice quand la relaxe d'Eric Woerth soulève le même doute que la condamnation de Jérôme Kerviel. Il y aurait comme un schisme entre l'abstraction juridique du principe de la chose jugée et le ressenti de l'opinion qui conduit à s'interroger sur l'escroquerie au jugement en considération de l'évidence manifeste des faits.

Woerth-Sarkozy reste intact. Voici pourquoi Par Fabrice Arfi

Eric Woerth lors du congrès fondateur des “Républicains” © Reuters

La double relaxe en faveur de l’ancien ministre de Sarkozy agit à la manière du stylo effaceur de mémoire du film Men in black : rien de l'extravagant conflit d'intérêts dans lequel il s'était retrouvé pendant l'affaire Bettencourt n'aurait donc existé. La justice ne sanctionne pas. L'administration, les électeurs et la classe politique non plus. Un abîme démocratique est devant nous.

Affaire Kerviel : des députés s'emparent de la « bombe judiciaire » 27 mai 2015 |  Par martine orange

Après les déclarations de la principale enquêtrice, l’affaire Kerviel devient une affaire d’État, selon six parlementaires. Dépassant leurs clivages politiques, ils demandent ensemble la protection de la commandante de police, une révision du procès et la création d’une enquête parlementaire.

A cela s'ajoute le sketche glauque à Rennes d'une justice indécente à faire durer inutilement l'affaire d'Ourtreau pour plus se ridiculiser au mépris de la dignité et de la santé d'une personne mise en cause et celui, encore à Rennes, d'une enquête tronquée et d'une relaxe confrimant l'immunité de la violence institutionnelle, dans l'attente de la décision du Carlton où il n'y aurait pas de proxénétisme avec un proxénète es qualité sur le banc des personnes mises en cause.

Il est fort regrettable que les condamnés en comparution immédiate ne bénéficient pas d'une interprétation aussi pointue du droit à la lumière de la doctrine, comme dans l'affaire d'Eric Woerth, et n'aient pas à disposition immédiate le jugement, d'une centaine de pages, qu'ils n'auront jamais s'ils ne font pas appel. Et dans ce cas, il est rare qu'il fasse plus de dix pages.

C'est aussi cela la discrimination sociale.

Le bourgeois ou la banque reçoivent des égards que n'ont pas les charettes de condamnés des comparutions imédiates, au prétexte que la justice manquerait de moyens.

Si la justice manque de moyens, elle en manque pour tout le monde, au nom du principe d'égalité républicaine. Si elle en a pour les notables, elle doit nécessairement offrir les mêmes moyens à tout le monde, sans distinction. Comment les président et chefs de parquet peuvent-ils justifier cette discrimination dans leur gestion ? Ce sont eux les responsables. On ne les entend jamais.

Ces évidences qui se répètent ne font pas réagir la présidence de la République qui avait fait de la justice sa priorité.

On n'entend pas non plus Christiane Taubira, plus prompte à faire fuir ses directeurs de cabinet et ses collaborateurs qu'à présenter des propositions pour mettre un terme à l'injustice de la justice.

Serait-ce que celui qui gouverne effectivement est le premier ministre de l'ordre républicain et du paradigme sécuritaire, comme la loi Urvoas le démontre, pour le triomphe d'un pragamtisme économique, comme l'illustre la régression sociale de la loi Macron ?

Voilà, semble-t-il la question de fond politique, l'abdication aux valeurs fondamentales de la République du pouvoir, que soulève le débat de ce soir sur Médapart.

Ce qui précède montre que la justice n'est pas malade. Malgré les efforts de quelques belles individualités pour la sortir de son coma, elle est morte. Cette léthargie n'est pas d'hier. Il faut remonter à la guerre pour la comprendre (La justice déshonorée 1940-1944 - Editions Tallandier). 

La discrimination assumée dans les instructions et les audiences, selon qu'il y a des personnalité ou non, et l'application, le perfectionnisme dans l'interprétation du droit, selon que les avocats de la défense sont des cabinets réputés ou des commis d'office, montrent qu'il n'y a rien de démocratique dans l'organisation judiciaire et le fonctionnement de la justice, qui est pourtant un pouvoir consitutionnel au sens de la théorie de la séparation des pouvoirs. Laisser les choses se perpétuer ainsi, c'est laisser Vichy sommeiller encore.

Supprimons les robes de chambre.

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Jeudi 18h-23h, «En direct de Mediapart». Réformer une justice malade

29 mai 2015 |  Par La rédaction de Mediapart

Jeudi 4 juin, de 18h à 23h, nous vous donnons rendez-vous pour une nouvelle édition de «En direct de Mediapart», notre émission vidéo mensuelle en accès libre. Thème principal: comment réformer une justice malade. Outreau, Clichy-sous-Bois et aussi le scandale Société générale ou EADS, ou encore ces affaires politico-financières qui n'aboutissent pas; la justice doit être remise sur pied. Le détail du programme et des invités.

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