Suicides dans les prisons, suicides des gardiens, suicides des policiers, suicides des chômeurs, suicides des SDF, suicides à France télécom, suicides chez Renault, suicides des vieux, suicides des jeunes, suicides... La France est en tête des pays de l'OCDE en matière de mortalité volontaire. Légaliser l'euthanasie dans ces conditions paraît risqué.
En 1987, Christian Baudelot, Roger Establet et Saadi Lahlou écrivait un article dans "Données sociales" : le Suicide un fait social.
Cet article relevait l'augmentation du taux de suicide passé de 15 pour 100 000 entre 1950 et 1976 à 21 pour 100 000 depuis 1982, provoquant 12 000 décès par an. Les chiffres actuels sont de 13 000 suicides par an et 195 000 hospitalisations ont eu pour cause une tentative de suicide l'an passé. Le nombre serait plus important, des suicides étant camouflés par les familles ou certains accidents présentant des conditions de réalisations telles qu'il est possible de rattacher cela à un acte volontaire.
Les sociologues expliquaient dans Données Sociales : "que le taux de suicide est un indicateur social particulièrement sensible à la nature des relations que nouent entre eux les membres d'un groupe social ou d'une société. Plus les facteurs de cohésion et d'intégration seront forts, moins les suicides seront nombreux. (...) La montée du suicide en France renvoie donc à une dégaradtion ou un affaiblissmeent des éléments de cohésion et d'intégration"
Le réseau Sentinelle édite des rapports annuels statistiques à partir des cas observés (p. 114 du rapport 2008). L'INSERM propose une étude sur le suicide confirmant l'importance du suicide chez les jeunes (25% des causes de décès).
La France est donc un pays où la population se suicide beaucoup, depuis longtemps. Malheureusement. Ce triste constat établit l'échec du politique. L'importance du phénomène du suicide en France illustre l'impact mortifère de l'impéritie politique sur la vie des Français. Des politiciens déprimant dans un pays dépressif champion du monde de la consommation de psychotropes...
Lutter contre le mal être des Français est plus ambitieux et diffcile que de les entretenir dans la peur par un discours sécuritaire. Ce n'est pas donné à tout le monde. Le baromêtre du moral des ménages montre que les admonestations au travail ne redonnent la joie de vivre à ceux qui la perdent à s'entendre se faire critiquer, devoir faire des efforts, se serrer la ceinture et à compter leurs sous en permanence tout en voyant la richesse et l'opulence s'afficher au sommet de l'Etat sans retenue, situation schyzophrénante par excellence. Encore un temesta ?
La gauche n'a pas été bien plus brillante. Elle a connu aussi son apogée caviar, les sirènes du fashion, l'oubli de l'injustice...
Pour les prisons, il est effectivement nécessaire de ne pas oublier que l'incarcération vise aussi, normalement, la réinsertion du condamné (en théorie : la défense sociale nouvelle).
N'importe quel observateur remarquera sans difficulté que cela ne correspond pas exactement aux préoccupations du tout répressif à la mode. On a des humanistes qui manquent d'humanité(s). Après une justice d'Outreau, des prisons mouroirs, des asiles de relégation... Le progrès est bien mince depuis Albert Londres finalement (1, 2). Jusqu'où ira cette descente en enfer ? Où donc est passée la capacité d'indignation des Français ? A-t-elle existé ? Se serait-elle alors dissoute avec les cachets ?