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Billet de blog 31 juillet 2014

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Jaurès, smartphone, victimes de guerre et François Hollande

Jean Jaurès était assassiné il y a cent ans. Jean-Luc Porquet rappelle un de ses discours – celui du 7 mars 1895 - dans sa dernière livraison au Canard (« Encore Jaurès... ») dans lequel le penseur dénonçait la synergie du capital et de la guerre. Cent ans, quelques guerres et plusieurs dizaines de millions de morts après, le constat reste d'actualité. La synergie financière progresse toujours vers plus d'efficacité macabre aux dépends d'un confort harmonieux et équilibré de l'humanité.

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Jean Jaurès était assassiné il y a cent ans. Jean-Luc Porquet rappelle un de ses discours – celui du 7 mars 1895 - dans sa dernière livraison au Canard (« Encore Jaurès... ») dans lequel le penseur dénonçait la synergie du capital et de la guerre. Cent ans, quelques guerres et plusieurs dizaines de millions de morts après, le constat reste d'actualité. La synergie financière progresse toujours vers plus d'efficacité macabre aux dépends d'un confort harmonieux et équilibré de l'humanité.

Les porteurs de Rolex et de Vuitton, les « hyperconsommateurs » s'épanouissent en proportion du nombre de morts qu'accumule la recherche du profit et des plus-values, à commencer celle des technologie de pointe dont la guerre serait un vecteur de "progrès". L'équipement utltra-moderne de Tsahal fait la démonstration que les Palestiniens meurent avant tout d'une logique de progrès et de la finance. Gaza est une parabole du progrès financier, comme le sont également toutes les dictatures (Sarkozy au Congo : les dessous d'une conférence embarrassante). Des milliers de morts garantissent la prospérité des clients de l'avenue Montaigne. Business first, as usual.

La logique délétère de la synergie financière s'exprime dans l'évolution de la consommation quotidienne, dans l'environnement de chacun, par la promotion de méthodes de ventes cherchant à créer toujours plus de « cash » toujours plus vite.

Le consommateur n'est plus qu'un vecteur de cash, l'intermédiaire obligé entre la banque et la ... banque. L'ultime progrès sera atteint quand la finance aura éliminé cet intermédiaire, ce qui est presque déjà le cas, puisque la spéculation mobilise plus de 90% de l'affectation de la masse monétaire en circulation sur la planète. Ce taux signale le mépris de la finance pour l'économie, et donc pour l'humain. L'argent n'est plus un moyen mais une fin, il n'est plus un outil mais le but des dirigeants.

Si l'économie est une "économie casino", les joueurs ne laissent rien au croupier. Ils veulent tout. Les 10% de l'argent affecté à l'économie réelle, qui reste encore à capter, suscitent les convoitises et inspirent l'ingéniosité.

La synergie financière travaille à l'optimisation du principe de destruction (de ressources naturelles, humaines, ...) créatrice (de profits). Les sociétés réfléchissent à dématérialiser les cartes de paiement pour les remplacer par des applications à télécharger dans les smartphones, afin d'accélérer le processus de consommation, à chaque « coup de coeur », « coup de tête », « coup de bluff ».

L'application permet non seulement de dépenser immédiatement – c'est le miracle du crédit, qui est celui de l'endettement que les banques reprochent étonnamment ensuite aux clients à qui elle le propose - mais, en plus, comme cela se fait pour de nombreux sites marchands électroniques, présente d'autres produits à l'acheteur ; l'entretenant ainsi dans un tourbillon d'achats reléguant la loi Neiertz au souvenir d'une pensée révolue, un article de musée.

La raison rappelle qu'à chacun ses besoins selon ses moyens. Une augmentation de la consommation impose une augmentation des salaires, pas un endettement des ménages ou une réduction des droits sociaux (cotisations patronales sur le capital au lieu de sur le travail).

Le premier des droits du consommateur est de ne pas acheter.

D'une part, les sollicitations commerciales directes non désirées sont illégales. Le législateur doit garantir au citoyen l'effectivité du respect de sa boîte aux lettres, qu'elle soit matérielle ou électronique, laquelle est un prolongement de son domicile, réputé inviolable selon droit au respect de sa vie privée et de son intimité, qui sont des droits de l'Homme, fondement de l'ordre public français et européen. Les droits de l'Homme sont intangibles et la "croissance" n'est pas un prétexte permettant de les mépriser.

D'autre part, imposer au consommateur la possession d'un smartphone pour régler ses factures est un achat forcé. Personne ne peut être obligé, pour accéder à la consommation, de s'équiper d'un matériel coûteux – voire très coûteux – et de contracter un service de télécommunication également onéreux et souvent insuffisamment performant, voire défaillant. Il s'agit de ventes liées que le législateur doit prohiber si tant est qu'il prétend protéger un marché libre et concurrentiel.

Le législateur et l'exécutif doivent donc rappeler très fermement le droit de la consommation aux services financiers et au commerce électronique compte-tenu de la gravité des dérives qu'ils engendrent et dont l'accélération souligne toute l'actualité de l'avertissement qu'énonçait déjà Jean Jaurès, il y a plus d'un siècle.

Ceux qui commémorent aujourd'hui le souvenir de Jaurès auront donc à coeur de souligner l'échec social, politique et humain des choix de société des adversaires du fondateur du quotidien l'Humanité (231 millions de morts en 100 ans de guerres). Ils présenteront des excuses, au nom de l'Etat, au peuple sacrifié pour les souffrances qui lui ont été imposées et pour le résultat que l'on connaît, et se rappelleront qu'ils ont toujours pour mission de lui assurer un bien-être général.

L'anniversaire de l'assassinat de Jean Jaurès est donc l'occasion pour François Hollande d'affirmer sa préférence entre l'humanité ou la finance. Le réalisme politique est que le politique est au service de l'humain. Sinon, ce n'est pas de la politique, mais de l'affairisme. François Hollande est-il à la République - ou au socialisme - ce que Louis-Philippe fut à la monarchie ?

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Palestine : Monsieur le Président, vous égarez la France 23 juillet 2014 |  Par Edwy Plenel

De l’alignement préalable sur la droite extrême israélienne à l’interdiction de manifestations de solidarité avec le peuple palestinien, sans compter l’assimilation de cette solidarité à de l’antisémitisme maquillé en antisionisme, François Hollande s’est engagé dans une impasse. Politiquement, il n’y gagnera rien, sauf le déshonneur. Mais, à coup sûr, il y perd la France. Parti pris en forme de lettre ouverte.

1. Vous avez d’abord commis une faute politique sidérante.

2. Vous avez ensuite commis une faute intellectuelle en confondant sciemment antisémitisme et antisionisme.

3. Vous avez aussi commis une faute démocratique en portant atteinte à une liberté fondamentale, celle de manifester.

4. Vous avez également commis une faute républicaine en donnant une dimension religieuse au débat français sur le conflit israélo-palestinien.

5. Vous avez surtout commis une faute historique en isolant la lutte contre l’antisémitisme des autres vigilances antiracistes.


Les deux morts de Jean Jaurès   29 juillet 2014 |  Par Antoine Perraud

Un siècle après l'assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, à l'aube de la Première Guerre mondiale, Mediapart s'est plongé pendant plusieurs semaines dans les archives de l'Histoire pour comprendre une époque tourmentée, qui nous renseigne aussi sur la nôtre. Enquête historique en trois volets.


" Le soir, au camp, accroupis autour de la marmite, ou bien allongés sur la bruyère froide, la tête sur le sac, ils pensaient à la maison d'où on les avait arrachés violemment. Tous les jeunes gens, aux bras robustes, étaient partis du village ; beaucoup déjà dormaient dans la terre, là-bas, éventrés par les obus ; les autres, les reins cassés, erraient, spectres de soldats, par les plaines et par les bois, attendant la mort. Dans les campagnes en deuil, il ne restait que des vieux, davantage courbés, et des femmes qui pleuraient. " Octave Mirbeau Le Calvaire Ch. II

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