Terreau

Un scientifique m’envoie une image de plante, je lui réponds : Ma culture pousse sur le terreau de tes envois. Et puis en relisant ma phrase, moi qui ne suis pas de la tendance "La terre, elle ne ment pas", j e me dis tout de même voilà un beau mot terreau.
Peut-être que c’est un symptôme d'une maladie mentale? Mais je ne peut m'empêcher de m’arrêter sur ce mot et de l’examiner comme si j’avais trouvé un joli reflet dans un diamant. Ce mot-valise qui lie la terre et l’eau en une seule matrice féconde, c’est trop beau. C’est un mot qui sent bon la culture, celle des paysans. Vous prenez photosynthèse, par exemple, un mot qui nomme le processus le plus naturel du monde et qui est source de toute vie, et vous voyez bien que c’est un mot qui ne le fait pas. On imagine tout de suite un truc scientifique atroce. Terreau cela sent l’humus et le renaissance en même temps, c’est un terme totalement simple basique, du terroir, et en même temps c’est forcément métaphysique. Cela parle du cycle de la vie, de l’éternel retour. Il est vrai qu'étymologiquement, terreau dérive de territoire, et vous allez me dire que ce n'est pas très sympathique d'aller pendre son linge sur la ligne Siegfried. Mais cela ne change rien au fait que photosynthèse est un terme sans souffle. D’ailleurs il paraît que terreau est de la même famille que terral qui serait un vent qui soufflerait de la terre vers la mer, un vent à vous mettre la tête à l'envers. On se souvient du film génial de Luc Moullet sur les terrils: La cabale des oursins. Je regrette qu’il n’ai pas commis un traité du terreau.