Aucun homme politique – à ma connaissance – n’a jamais parlé de la sixième extinction. Il est temps que tu sois le Candidat qui mette cette question à l’agenda de la politique.
Selon un article paru dans Nature, en mars 2011, on parle d'extinction de masse à partir du moment où sont anéantis plus des trois quarts des espèces à l'échelle planétaire, sur terre comme dans les mers, en un temps géologiquement très court, de l'ordre de la centaine de milliers ou du million d'années. S'ensuit un « Monde nouveau », recolonisé par les espèces survivantes, qui se diversifient et se spécialisent.
Si cette destruction globale est la sixième, c’est que des savants ont révélé depuis fort longtemps, l’existence d’autres épisodes catastrophiques antérieurs dans l’histoire de notre planète. Il te faut lire ou relire les écrits de Georges-Louis Leclerc de Buffon et Georges Cuvier. Ils ont dés le XVIIIème siècle vérifié l’hypothèse. Les cinq extinctions précédentes se situent à la fin des ères géologique dénommé Ordovicien (-445 Ma), Dévonien (-360 Ma), Permien (-250 Ma), Trias (-200 Ma) et enfin Crétacé (-66 Ma). La dernière, la plus célèbre, a amené la disparition des dinosaures et l’avènement des mammifères.
Aujourd’hui les observations, nombreuses et précises, montrent que la sixième extinction a déjàcommencé, et que les mammifères seraient en sursis ! Je te rappelle cher ami candidat naturel que nous sommes des mammifères et qu’il faudrait nous y faire, notre disparition est programmée !
La vitesse de disparition de toutes les espèces est incroyable: les espèces vertébrées éteintes au siècle dernier auraient dû mettre entre 800 ans et 10 000 ans à disparaître.
« Tous les indicateurs de la biodiversité montrent que le train vers la sixième extinction est lancé à fond », estime Philippe Bouchet, professeur au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) à Paris, directeur de l'unité Taxonomie-collections, spécialiste de la biodiversité marine, malacologiste, c'est-à-dire spécialisé dans l'étude des mollusques.
La communauté des herpétologues (Herpétologie (du grec ancien ἑρπήτόν / herpetón, « qui rampe, reptile » est la branche de l’histoire naturelle qui traite des amphibiens et ce que l'on nommait autrefois les reptiles, terme périmé). - dresse un bilan terrible: selon le Global Amphibian Assessment, une publication reconnue par l’essentiel des spécialistes, au moins 168 espèces auraient été purement et simplement rayées de la carte au cours des deux dernières décennies. Pour bien mesurer l’importance de l’événement, Vance Vredenburg, biologiste à l’université dʼÉtat de San Francisco (Californie), propose de prendre « un peu de recul ». « Ces animaux existent depuis 360 millions d’années, rappelle-t-il. Ils ont donc survécu aux quatre dernières extinctions massives que la Terre a connues – ils étaient apparus après la première grande extinction. Ils ont vu naître et disparaître les dinosaures. Alors pourquoi sont-ils à leur tour en danger ? Et pourquoi maintenant ? »
D'après une synthèse de Nature, publiée fin 2014, les estimations les plus pessimistes prévoient que trois quarts des espèces auront disparu d'ici à 2200, au rythme de 690 espèces s'éteignant chaque semaine. C’est-à-dire en deux ou trois cents ans, à une vitesse terrifiante en comparaison des autres épisodes connus.
Selon le rapport Planète vivante du WWF, publié fin 2014, les effectifs de 3 038 espèces vertébrées (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) ont décliné de 52 % entre 1970 et 2010… Autrement dit, la taille de ces populations a fondu de moitié en moins de deux générations ! « Il y a des exemples d'espèces sur toute la planète qui sont littéralement des morts-vivants », a souligné Paul Ehrlich. L’Europe a par exemple perdu plus de 420 millions d’oiseaux d’espèce commune en 30 ans. Les principales menaces pesant sur les espèces sauvages sont la disparition et de la dégradation de leurs habitats (du fait de la déforestation, de l'urbanisation ou encore de l'agriculture), la chasse et la pêche (intentionnelle, à des fins alimentaires ou sportives, ou accidentelle comme les prises accessoires), la pollution et le changement climatique, dont les effets devraient être de plus en plus forts.
Les biologistes américains Paul Ehrlich et Robert Pringle, dans un dossier des PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) publié en août 2008, lancent un signal d’alarme,en écrivant : « L'avenir de la biodiversité pour les dix prochains millions d'années sera certainement déterminé dans les cinquante à cent ans à venir par l'activité d'une seule espèce, Homo sapiens, vieille de seulement 200 000 ans. » C’est dire l’urgence du propos.
C’est dire cher Candidat que toute politique nationale ou internationale devrait être totalement orientée par ce FAIT scientifique. La nécessité d’une planification globale de l’économie planétaire te fera comprendre la difficulté de ta tâche. Tous les scientifiques qui travaillent sur toutes ces questions s’égosillent à le dire: Nous avons à peine une quinzaine d’années encore pour sauver la biodiversité de la planète et pour nous sauver avec. Tu le sais, toi le candidat que je conseille, tu te présentes dans l’unique but de servir l’humanité, tu te moques des honneurs et encore moins de la richesse… Tu sais que l’avenir est sombre et qu’il faut changer totalement de cap. Tu sais que la première étape serait de se débarrasser de cette idéologie destructrice qui est le néolibéralisme. Tu sais aussi – l’actualité le montre – que cette idéologie qui nous emmène à détruire toute vie sur la planète du fait de sa religion du profit à tout prix, tu le sais que cette idéologie est entrain de se détruire elle-même telle l’Érysichthon. Tu devrais te plonger dans ce récit mythologique qui raconte comment ce personnage est puni pour avoir abattu un peuplier sacré. Érysichthon, selon Ovide finit par se dévorer lui-même, ce que font tous les jours les financiers et les néolibéraux entre eux.
Il est temps donc de présenter un programme où la nature soit la première priorité. Tu sauras replacer l'espèce humaine à sa place, comme une espèce liée aux autres, dépendantes des autres dont l'existences ne tient qu'à la survie des autres espèces.
Mais tout cela m’effraie tellement qu’on va s'arrêter là, pour aujourd’hui.