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Pierre Oscar Lévy, retraité, cinéaste, scénariste, etc...

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Billet de blog 4 juin 2012

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L'image officielle

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La photo officielle du Président de la République François Hollande a donc été réalisée le 29 mai et présentée ce jour par Raymond Depardon. On peut lire sur le site des Inrocks, les intentions de Depardon. Je cite: Je ne cherchais rien d’autre qu’à sortir des photos de campagne pour en faire une simple et naturelle. C’est pas n’importe qui, on parle d’un monsieur qui va se retrouver dans tous les bâtiments publics pour les cinq années à venir.

http://www.lesinrocks.com/2012/06/04/actualite/le-portrait-officiel-de-francois-hollande-raconte-par-son-auteur-raymond-depardon-11266013/

On peut voir Raymond Depardon s'expliquer aussi sur le site du Point et on comprend qu'avec une telle image, la mise au point fut longue. http://www.lepoint.fr/politique/raymond-depardon-j-ai-pris-son-visage-comme-un -paysage-04-06-2012-1469317_20.php.

C'est dans les vieux Roleiflex qu'on fait les bons clichés? En tout cas il lui a fallu 220 essais avec d'autres appareils et 12 images pour peaufiner le travail. C'est que le vieil appareil de Depardon était habité par tant de portraits précédents.

Le Président avance vers l’objectif dans le jardin du Palais de l’Élysée, il avance avec la seule volonté de donner une bonne image. Un monsieur tout le monde, mais pas n’importe qui, normal, mais exceptionnel. Pas de grande enjambée, une avancée tranquille. Un léger sourire aux lèvres, une détente feinte, il lui manque un brin d’herbe à la bouche pour faire écolo. Les yeux légèrement plissés, une pointe de malice, comme si, la fabrication de l’image était un véritable aboutissement. La preuve par l’image! Il prend la place! Il va occuper toute les salles de Mairie, dans toute la France. Il s’y voit! On dirait qu’il y pense à toutes ces reproductions de son image, à la multiplication de cette icône de simplicité et de normalité. Cette image remplace et annule toutes les photos antérieures. C’est une image bien étonnante, bien réussie, une image au présent, comme au cinéma, pas une image guindée sentant - à peine tirée - la naphtaline. C’est une image qui dialogue avec les précédentes, une image qui annule la grandeur monarchique du Grand Charles, la simple continuité de Georges Pompidou, la fausse modernité de Valéry Giscard D’Estaing, l’encrage intellectuel et laborieuse de François Mitterrand. C'est la meilleure de la série, la plus belle, la plus juste. On voit bien maintenant, encore dans cette photo ce qu’il y a de changé: le précédent Président, avait maladroitement – il est trop petit – repris la pose et le costume des grands. François Hollande est ailleurs, avec un petit sourire qui n’est pas un contentement de lui, mais un vrai sourire de communication. Il arrive à faire simple, alors que tout cela est tellement maîtrisé et travaillé, combien y a t-il eu de photos, pour choisir celle-là ? Comment fait-il pour jouer le naturel? La photo le dit, il est comme çà François! Merveilleux comédien, grand photographe. Un vieux 6X6 pour un cadrage moderne!

C’est un portrait de propriétaire, comme un tableau de Thomas Gainsborough, le seigneur, avec son château derrière lui. Le paysan et sa ferme, le notaire et son pavillon. L'homme habite le château, la fonction! Il y est, c'est maintenant. On lit le caliquot: Changement de propriétaire. La boutique est dans de bonne main. Hollande y est arrivé ? L'homme qu'on n'y voyait pas. Pas besoin de planter dans la bibliothèque pour le dire. Peut-être c’est cela qui transparaît dans cette jubilation intérieure. Comme cette image est différente de l’image publicitaire, retouchée, impersonnelle de la campagne électorale. Voilà François en son jardin et c’est un délice. Depardon n’a jamais été aussi bon, il met en scène la présence de l’homme, l’incarnation de la fonction comme si c'était le couple d'amoureux de l’Hôtel de Ville de Doisneau. Une image simple et déjà un classique. C’est une image de fiction qui est si bien faite qu’on la croit prise sur le vif. Voilà c'est un instantané, comme on en faisait déjà plus, une image de la France éternelle, et pourtant c'est maintenant.  C’est une représentation, c’est une mise en scène, mais c’est un document, comme si la photo disait simplement : voilà le Président qui passe. Et voilà le Président qui est simplement là, sans retouche, sans apprêts. Depardon a donné une indication de jeu, et François Hollande s’est prêté au jeu, il incarne le calme, l’assurance, la gentillesse, la modestie. Mais le voilà certain d’être Président, un homme déterminé, mais comme un homme du peuple, un homme simple comme Mister Smtih au Sénat, qui n’aurait pas sa gaucherie. En quelques pas François Hollande ne s’est pas figé, il est cette force qui va, le voilà qui avance. Une image fixe avec un Président qui bouge, alors que tous les autres Présidents étaient en pause. Une vrai photo révolutionnaire. Hollande est au centre de la photo, dans une luminosité de jour de fête Il n’occupe pas tout l’espace, le ciel est bleu, l’arbre est vert, la pelouse resplendit, c’est un jour béni, un jour de victoire, un souvenir simple. J’y suis dit-il, sans étonnement. Et il nous montre sa conquête. Une vraie belle photo avec le Palais ensoleillé, un peu surexposé à droite, avec les drapeaux en place comme le veut la tradition.  Le drapeau français n’a jamais ressemblé autant à celui des Pays-Bas, mais si j’écris cela, c’est sûrement parce que j’ai mauvais esprit.

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