Et donc il faut prendre très au sérieux, l’information à propos du méthane qui viendrait des profondeurs de la mer.
Mon ami Herve Nisic, réalisateur entre autres de documentaire - qui m’avait remplacé un temps à la réalisation d’Archimède - a étudié – merci à lui – en détail la dernière étude du chercheur scientifique Westbrook et collègues que nous avait signalé pmabeche - un abonné de Médiapart – merci à lui et à eux – au cours du débat soulevé par la possibilité de l’emballement du dérèglement climatique.
L'émission de méthane dans les eaux glacées du Spitzberg, a lieu, c’est un fait incontestable
Ce qui est assez inquiétant, nouveau et qui doit nous obliger à remettre en place nos opinions sur le dérèglement climatique.
Juste pour bien mettre en évidence ce qui est en jeu avec cette information, pour situer le niveau du problème je me permets de citer ici un texte appartenant à Wikipédia.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_du_Permien
L’extinction permienne est la plus grande extinction massive ayant affecté la biosphère.
Elle est survenue il y a environ 250 Ma et marque la limite entre le Permien et le Trias, donc la limite entre l’ère primaire (Paléozoïque) et l’ère secondaire (Mésozoïque).
Elle est marquée par la disparition de 95 % des espèces marines (essentiellement littorales : coraux, brachiopodes, échinodermes…) et aussi 70% des espèces vivant sur les continents par la diminution de nombreux groupes végétaux et animaux, y compris des insectes. Comme la plus grande partie de la diversité biologique a été perdue, la reprise de la vie sur terre a pris beaucoup plus de temps que pour les autres extinctions massives. Cet événement a été décrit comme « la mère de toutes les extinctions de masse». (in Erwin DH, The great Paleozoic crisis; Life and death in the Permian, Columbia University Press, 1993 (ISBN 0231074670)
Les étapes de l'extinction sont encore contestées (…) Il existe plusieurs mécanismes proposés pour expliquer l'extinction, (…) Cela inclut un grand ou plusieurs impacts de météorites, l'augmentation du volcanisme, ou la soudaine libération d'hydrates de méthane à partir des océans, des changements progressifs du niveau de la mer change, l'anoxie, l'accroissement de l'aridité et une modification dans la circulation océanique due à un changement climatique.
La soudaine libération de méthane ne s'est pas effectuée en cinq minutes! il faut prendre conscience des échelles de temps dont il est fait allusion. À l'échelle de l'existence de notre planète, un phénomène soudaint peut prendre des centaines d'années et même plus. Donc soyons clairs, je ne joue pas, ici, les Philipulus – ce personnage qui au début de l’Étoile mystérieuse de Hergé, annonçait la fin du monde - je cherche juste à mettre les pendules à l’heure et inviter ceux qui nient ou sous-estiment le dérèglement climatique à prendre en compte ce nouvel élément d’information.
On voit bien en lisant ce que je cite ici, que ce sont des phénomènes suffisamment complexes pour qu’un seul facteur ne joue pas toute la partition. C'est dire qu’au lieu de débattre de l’existence ou non du dérèglement climatique, ou au lieu de s’écharper sur le nouvel impôt carbonique, il serait plus important de se rendre compte que jusqu’à présent les prévisions sur ce dérèglement ont étévraiment optimiste, puisque la fonte des glaces du Groenland, ou la sortie du méthane des mers n’ont pas été prises en compte.
Et si vous me trouvez ridicule et pessimiste, Je vous propose une petite expérience taper sur Google, ou ailleurs, ces deux termes accolés : sixième extinction et vous m’en direz des nouvelles. Et rappelez-vous un phénomène rapide d'extinction peut se dérouler sur plusieurs milliers d'années, ce qui veut dire que si nous sommes rentrés dans la sixième extinction, aujourd'hui, on ne peut pas vraiment bien s'en rendre compte.
Mais revenons à la publication de Monsieur Westbrook. Et à ce que m’écrit mon camarade Hervé Nisic, à la lecture du document. Les sicentifiques décrivent que les dizaines de téragrammes (1 téragramme = 1 mégatonne = 10 puissance 12 grammes ) de méthane libérés au fond des eaux froides du Spitzberg en une année correspond à la totalité du méthane libéré par les terres émergées de la planète en une année.
La quantité globale de méthane libérée dans l'atmosphère par la Terre en une année serait par ailleurs de l'ordre de 500 à 600 téragrammes.
Ces chiffres sont frappants mais les scientifiques les relativisent plus loin dans l'étude et cela montre qu'il faut lire attentivement les rapports d'études et ne pas mettre en exergue une donnée sans la placer dans son contexte.
Ainsi l'étude dit aussi que c'est seulement une très petite fraction de méthane libéré au fond de l'eau qui atteint l'atmosphère car très peu des bulles de gaz crèvent à la surface et même dans ce cas elles sont pour la plupart transformées en bulles d'azote et autres gaz pendant leur ascension.
Cependant une partie est nécessairement libérée dans l'atmosphère car la concentration de méthane dans l'eau de surface est d'environ 23 pour cent supérieure à la valeur théorique.
Les auteurs de l'étude rappellent que ce sont des données isolées prises à un certain moment ce qui n'exclut aucune hypothèse de variation importante d'autant plus que le phénomène qui permet la libération des bulles de méthane au fond des eaux glacées est évidemment sensible à la variation de la température de l'eau qui a globalement monté d'un degré au cours des 30 dernières années.
Je précise que cette étude n’a eu lieu que dans une toute petite proportion de l’Océan, ce serait peut-être important d’aller voir dans d’autres zones.
Les scientifiques pointent donc le fait que ce phénomène doit maintenant être très sérieusement pris en compte pour les variations du climat surtout si des eaux plus chaudes entrent de plus en plus dans l'Atlantique.
Sans compter que le méthane dissous dans l'eau en grande quantité n'est pas terrible pour la vie marine, mais c'est une autre histoire.
Et évidemment toutes ces histoires nous concernent puisque c’est aussi de notre possible extinction dont il s’agit.