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Chacun peut y aller de sa petite fable pour décrire ce qu’Emmanuel Macron nous fait endurer depuis SA dissolution, qui remonte au 9 juin 2024.
Comme l’a dit Marine Tondelier « nous tournons en rond ».
Comme nous le vivons tous, on se retrouve dans « un jour sans fin », bloqué dans une « boucle temporelle » nous forçant à revivre indéfiniment le même cauchemar.
Nous n’habitons pourtant pas à Punxsutawney, une toute petite contrée, mais en France, un grand pays, paralysé par cet hiver démocratique rigoureux qui conduit la République à une hibernation forcée, l’obligeant à un destin de marmotte désabusée.
Nous savons - depuis la publication du rapport sénatoriale à propos des aides publiques versées aux entreprises - que l’État consacre 211 milliards d’Euros de son budget à secourir l’économie. Ce « grand détournement » selon l’intitulé du livre de Caroline Michel Aguirre et Matthieu Aron (qui serait plutôt d’un montant de 270 milliards) a permis à ces auteurs de démontrer que le budget de la Nation - présenté avant les élections européennes perdues par la minorité présidentielle - était insincère, faussé, mensonger truqué (choisir son terme) alors même que la sincérité budgétaire constitue un principe fondamental des finances publiques.
Dans sa décision du 29 décembre 1994, le Conseil constitutionnel a reconnu que la sincérité budgétaire implique « l’absence d’intention de fausser les grandes lignes de l’équilibre déterminé par la loi de finances ». La dissimulation de l’endettement réel constitue une forme particulièrement grave d’insincérité!
Selon « Le grand détournement » Bruno Lemaire aurait fait des pieds et des mains (en vain) pour que l’Assemblée Nationale puisse voter un budget rectificatif avant cette tragique élection européenne perdue (pathétique pour Emmanuel Macron).
Ce que le Président de la République aurait royalement refusé.
Cette dissimulation de milliards perdus - si j’ai bien compris - aurait poussé Emmanuel Macron à la dissolution de l’Assemblée dans le seul but « machiavélique » de permettre la cohabitation avec le Rassemblement nationale. Le Président - assuré, comme d’habitude, de sa géniale habileté - espérait ainsi faire peser la culpabilité du « trou financier » sur les épaules de l’extrême droite.
Son audacieux dessein - comme on le sait - a foiré lamentablement.
Tout aurait pu revenir à la normale si Emmanuel Macron s’en était tenu à la marche normale des institutions. Il se devait de nommer Lucie Castets, quitte à ce que le Parlement la fasse trébucher.
Chacun devrait connaître qu’il n’a pas réussi à passer le mistrigri à Jordan Bardella. Le Valet de trèfle est resté dans la main de Michel Barnier qui a fait une passe en retrait à François Bayrou qui lui-même a été contraint de remettre le singe sur l’épaule de Sébastien Lecornu.
Pendant tout ce temps notre démocratie agonise, notre République se délite et les ronces envahissent le château de Marianne devenue la belle au bois dormant .
Tout observateur sérieux (expert ou non) constate pourtant que la métamorphose du Capitalisme rend caduc l’idéologie néolibérale à laquelle s’accroche une grande partie du personnel politique français et la majorité du personnel politique européen. Dans sa dernière chronique du quotidien Le Monde, de ce Week-end, Thomas Piketty écrit: « si l’Europe n’abandonne pas urgemment sa religion du libre-échange, elle court le risque d’un désastre social et industriel sans précédent. Le tout sans aucun bénéfice pour la planète, bien au contraire. »
Pourtant Emmanuel Macron s’accroche encore désespérément à cette idéologie datant de 1947. Il use de tout ce qui apparaît comme légal (en détournant les textes et les procédures) pour imposer sa volonté contre celle du Peuple « Souverain ». Clément Viktorovitch - dans une de ses publications- m’a appris que cela s’appelle du « brutalisme constitutionnel » (selon un concept inventé par deux professeurs d’Harvard - Stein Levitsky et Daniel Ziblatt- qui cherchaient à étudier le basculement légal d’une démocratie vers l’autoritarisme. Comment celle-ci meure en toute légalité.
La cruauté macronienne oblige le Président à jouer son dernier pion dans une manœuvre aussi stupide que désespérée. Sébastien Lecornu sort de son silence de Bénédictin pour faire annoncer la constitution d’un Gouvernement Zombie.
On sait que l’Assemblée Constituante votait l’abolition des vœux monastiques, le 13 février 1790, on n'aurait pas pu imaginer que, le 5 octobre 2025, Emmanuel Macron imposerait, à notre pays, une pratique Vaudou. Dans la tradition haïtienne, le zombie est un individu qu’un prêtre vaudou a drogué et plongé dans un état de mort apparente pour lui servir d’esclave. L’ombre du viol de Mazan plane sur la léthargie démocratique de la République. « La belle au bois dormant» serait t’elle droguée par l’ensemble des breuvages de fake news répandues abondamment par le ruissellement du système médiatique mainstream pour plaire aux puissants?
En tout cas le viol de la démocratie est une fois de plus constaté.
Avant les trois films de George A. Romero, Night of the Living Dead (1968), Dawn of the Dead (1978) et Day of the Dead (1985) les Zombies n’étaient donc pas des morts véritables. Le retour de Bruno Lemaire, aussi vivant que contradictoire, indique bien cette violence institutionnelle. Serait-ce à l’insu de son plein grès (il a déclaré plusieurs fois qu’il ne serait plus jamais ministre) qu’il repique? Envouté par le grand sorcier de l’Élysée? En tout cas ce n'est pas du cinéma, si le cauchemar continue, il est vécu dans le réel, diurne.
Sigmund Freud écrivait dans l'Inquiétante étrangeté: « C’est bien parce que nous ne savons pas exactement ce qui hante le silence de sa conscience ni ce qui demeure des ruines de son esprit que le zombie nous intrigue et nous inquiète »
Bruno Lemaire ou Bruno Retailleau (qui à l'heure où j'écris semble regretter son engagement) n'ont-ils aucune conscience de la ruine de leur esprit?
Il semble que Gabriel Attal et Édouard Philippe aient résisté au charme de l’incantation présidentielle. Alors même que dans le casting d’un gouvernement de « revenants » Édouard Philippe - vu son physique et son alopécie - aurait fait merveille.
Chacun devrait comprendre que le néolibéralisme à la sauce macronienne a succombé à ses blessures depuis bien longtemps.
Depuis 2005, au moins, ceux qui se proclament appartenir au « camp de la raison » de ceux qui « savent » nous imposent contre toute logique et lucidité leur politique mortifère qui continuent en dernière instance à accélérer la « Sixième Extinction » pour satisfaire la voracité innommable d’une infime minorité de la population.
Le « NON » à la l’adoption de la Constitution Européenne fut bafoué par le brutalisme constitutionnel… premier clou sur le cercueil de Marianne?
Chacun peut y aller de sa petite fable pour décrire ce qu’Emmanuel Macron nous fait endurer depuis SA dissolution, qui remonte au 9 juin 2024. Mais dans trois jours, il ne lui restera peut-être plus que l’application de l’article 16 pour maintenir son idéologie mortifère?