
Le résultat du vote des militants socialistes est assez symbolique : c’est un quatre quart. Tout le monde l’a vu.
Ma mère était la reine du quatre quart, j’en ai tellement bouffé, quand j’étais petit, que j’ai fini par trouver cela un peu étouffe chrétien. Ce qui est un paradoxe quand on s’appelle Lévy. Ma mère était goy, c’est pourquoi elle ne faisait pas des strudels aux pommes ou aux noisettes, ni même des mohnschnecken, petits gâteaux aux graines de pavot. Imaginez le parti politique dont le résultat d’élection interne évoquerait un mohnschnecken? À part à un groupe dissident de la quatrième internationale, je ne vois pas ?
Mais revenons à la cuisine du P.S. ; avec ce quatre quart, elle devient véritablement indigeste.
Depuis qu’un nouveau Chef, outre atlantique, a révolutionné le goût américain, chacun peut comprendre que la cuisine du Parti Socialiste n’est pas casher. Le P.S. a déjà perdu les prochaines élections avec ce gâteau parce qu’il n’est pas capable de changer de cuisine présidentielle.
Ségolène Royal se prétend légitime mais est-elle encore capable de créer une dynamique ? En comparaison avec ce qui s’est passé aux USA, toute cette bataille autour d’une part de gâteau est tout simplement pathétique, ringarde.
Christian Salmon écrivait dans le Monde du 7 novembre 2008 : (…) Il suffisait de regarder les visages de ces hommes et de ces femmes dans les rues de Chicago, de New York, ou de Washington aux antipodes des clichés sur la success story américaine... Une Amérique joyeuse, en devenir, qui dialoguait soudain avec les danses et les rires venus d'Afrique. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de l'élection de Barack Obama. Aucune explication psychologique, aucune donnée sur la machine électorale, son réseau Internet, son financement, son armée de fantassins du porte-à-porte ne pourront expliquer la vague d'adhésion suscitée par la candidature de ce jeune sénateur inexpérimenté, à la biographie improbable, à l'identité métisse, aux racines si peu américaines. Avec lui, l'Amérique qu'on aime est de retour, l'Amérique des minorités, l'Amérique monde.
Comment Barack Obama a-t-il réussi à donner le sourire à ces électeurs au moment même où l’économie des USA s’écroule ? Ce n’est pas avec un subtil équilibre culinaire, ni grâce à des alliances complexes de saveurs. Ce que disaient les personnes interviewées à la télévision (et non je n’ai pas fait l’enquête) c’est que chacun d’entre eux se sentaient meilleurs, heureux du choix de tous. Les USA avaient enfin changés.. Le vote était une preuve du changement des mentalités de la majorité des citoyens. Le vote, comme événement, consacrait ce changement réel et définitif. Tous les vieux démons américains se trouvaient rejétés au siècle dernier.
Il ne suffit pas de dire que tout est possible ou que cela va changer que chacun d’entre nous allions le faire parce que nous le pouvons. Il faut que le candidat l’incarne. C'est bien là la supériorité de Barck Obama. Instantanément à l'énoncé des résultats de l’élection, le changement s'est produit, palpable. Nicolas Sarkozy lui est toujours resté dans les paroles verbales. Obama tel un magicien a déjà changé les USA.
Souvenons nous du vieux slogan de Mai 68: Élection piège à con. Nous verrons bien qu'il est toujours d'actualité. Barack Obama va probablement décevoir tout le monde. Mais il n’était pas, lui, dans un système de promesses électorales qui n’engagent que ceux qui y croient. Symboliquement son élection vaut tous les puissant neuroleptiques. Sa victoire donne la banane aux électeurs. Et cela suffit… pour l’instant !
Et donc sur ce modèle-là, je propose une nouvelle recette de réussite électorale.
La formule est assez simple. La question n’est pas d’avoir un bon programme, mais un idéal. Un idéal qui pourrait mobiliser les citoyens. La défense du pouvoir d'achat, je suis pour, mais ce n'est pas l'idéal. Barack Obama, lui, incarne un idéal d’ouverture au monde, de tolérance de dialogue.
La métaphore culinaire va servir ma proposition.
Aujourd’hui, pour un tas de raison qui sont dans le programme, il serait idéal de manger, bio, des produits de saison, récoltés au plus prêt, chez des agriculteurs aux bonnes pratiques non polluantes et saines. Celui ou celle qui arrivera à produire cette recette pour le monde remportera l’élection en France. On est loin des petites conversations entre amis de la boutique P.S.
Les bonnes pratiques en matière d’environnement, c’est un idéal à atteindre. Chacun d’entre nous connaît l’impact négatif qu’il a sur e la planète. Les Verts n’ont pas réussi à nous faire vivre combien l’impact de tous, quand il est canalisé, peut être bénéfique. La victoire d’Obama c’est une victoire morale, la démonstration de l’importance du métissage, j’allais dire de la biodiversité humaine. Les Wasp n’auraient plus la légitimité pour s’adresser au monde. En France, par exemple un ancien étudiant de l’E.N.A. n’est plus crédible pour parler au peuple.
La lutte contre le dérèglement du climat ne peut pas être mené dans des sociétés qui ont le profit comme moteur (voir les textes du G.I.E.C.) La crise financière et économique conjuguée avec la crise écologique nous poussent à la mobilisation. Le prochain président de la France devra obligatoirement surfer sur cette vague-là. Je ne crois pas que le PS arrivera à faire sortir de ces rangs un tel individu. Il y a trop de boulot. Et puis je ne sais pas à quel genre de gâteau ressemblera le résultat des votes.
Mais une chose est sûr, Il faut que je cesse de faire l’éditorialiste politique parce je ne suis même pas payé pour et donc c’est contradictoire avec ce que je raconte.