Serge Haroche, Physicien, spécialiste de physique quantique, professeur au Collège de France, vient de recevoir, avec l'Américain David Wineland, le Prix Nobel de Physique. Il répondait aux questions le 17 décembre 2009 de France Culture, au moment où il a reçu la médaille d’or du C.N.R.S.
Il décrit, dans cette vidéo, la physique quantique, en prononçant cuantique, probablement à cause du mot d’origine quantum – ce qui crée une petite distance d’initié - Il réalise un petit cours de physique – rendez-vous compte ces choses là date de la fin du XIXéme siècle – extrêmement clair et malheureusement bien insuffisant – Je n’arrive jamais à comprendre pourquoi la physique quantique n’est pas un bagage assimilé (en partie) par tous.
Si à la télévision, on nous laissait faire notre métier et on ne méprisait pas le public (traduction : si les chargés de programme n’avaient pas peur de ne pas faire de l’audience et de se faire engueuler) nous pourrions – certains documentaristes comme moi – expliquer la physique quantique de manière assez clair, et accessible.
Notre cerveau, est formaté pour comprendre ce qui se passe à l’échelle 1, pas à l0-9 plus petit. Je dirais - pour l’avoir déjà fait - qu’il suffit d’inventer des images à l’échelle un, pour en avoir une bonne idée.
L’effet tunnel, à cette échelle là n’est pas plus incompréhensible que le vol à l’arraché d’un téléphone portable sur le quai d’un métro.
Serge Haroche, a montré expérimentalement un phénomène qui s’appelle la décohérence. Dans l’infiniment petit, les atomes et les molécules se comportent selon des lois qui n’ont pas lieu à notre échelle… pas de déterminisme, seulement des probabilités (si j’ai tout bien compris). Par contre ce sont des milliards d’atomes dont il est question (c’est cela qui est difficile à concevoir à mon petit avis). Or les molécules finissent par se comporter en groupe selon les règles de la physique classique. Où est le seuil ? Pourquoi ? Comment cela marche. Les progrès de la technique permettent de faire les expériences rêvées par Albert Einstein et Niels Bohr. Les expériences valident les idées. Plus besoin d’utiliser une fable avec un chat qui est à la fois vivant et mort comme l’a raconté Erwin Schrödinger. La science comme l’art demande de la passion, les difficultés sont là, mais cela n’empêche pas de continuer dit Serge Haroche. Il raconte que ce qui le fascine c’est que la nature obéit aux Mathématiques. Je ferais bien tout un film pour montrer qu’il ne devrait pas dire cela, mais seulement que la Mathématique est un bon observateur de la Nature. Mais je devrais demander à un ami mathématicien un peu d’aide.
En passant je note que la caméra de France-Culture prend une belle distance pour filmer Serge Haroche, comme si par retour du refoulé, la personne qui a fait le cadre nous indiquait sa peur du sujet. Tenir à distance, prendre ces sujets avec des pincettes, voilà une attitude bien française. J’ai toujours envie de répéter un petit proverbe rabbinique à tous les gens –surtout les journalistes – qui commencent par dire que ce sera trop compliqué – refus d’entendre, par peur de ne pas comprendre –.
Quand ils me disent je ne vais pas comprendre, je réponds le Rabbin dit : Tu n’est pas assez grand pour te diminuer.