Il faut dire que chaque jour, j'envoie une image à mes amis. Cela peut paraître un peu infantile d'envoyer un petit paquet tous les jours par Internet. C'est ce que j'ai trouvé de mieux pour avoir le sourire. En effet, quelque soit les viscisitudes de mon métier, j'arrive à me contenter moi-même si j'ai l'impression d'avoir réussi un cliché dans la journée. J'ai beaucoup d'amis, donc un grand nombre de correspondants. Peu de retour heureusement. Sinon il me faudrait en plus comme pour un blog, gérer les remarques. Mais tout de même je reçois assez de messages pour me rendre compte qu'une même image peut être vécue d'une manière totalement différente selon les individus. Quel bonheur! Chacun s'invente l'histoire qu'il veut. Prenez cet instantané, une photo prise dans le café d'où j'écris. Le dialogue entre un père et son fils. Je suppose que c'est son père. Je ne le connais pas et je publie l'image sans l'accord de l'intéressé Il m'a vu prendre des clichés , il n'a pas protesté. Tacite acceptation.
J'interprète l'image comme un désaveu du fils protestant contre l'abandon du père. C'est l'heure du retour de la garderie, du jardin d'enfants, de la crèche, je ne sais. Une amie me dit qu'elle a essayé d'imaginer ce que disait le père. Un de mes camarades de combat, un élocolo, réalisateur lui-aussi, me dit que l'image démontre bien que l'enfant est à sa soixantième réincarnation et que son père n'est vraiment pas à la hauteur. Je rigole quand il me raconte cela. Mais je vois bien qu'il est sérieux.
Un simple image de tendresse et de tension partagée, et une lecture différente par individu. La vie même, la sincérité des rapports. Je suis content d'avoir saisi ce moment. Cette image nous parle de l'avenir de l'humanité: Ce sont les enfants qui nous prêtent le monde! Et nous ne sommes pas trés malin; nous le saccageons.
Il a raison ce môme de nous faire la gueule
J'ai une petite amie qui habite, loin de Paris, elle m'a vu perdu, qaund j'ai été viré de la télé. Elle craignait que je fasse un geste irrépparable. Il lui fallait un e-mail quotidien. J'ai fini par lui envoyé des images, puis envoyé des images à d'autres. Puis je me suis dit que tout cela nécessitait des règles. Je me suis imposé de ne montrer que des images de la veille ou de l'avant-veille. Je suis content de cette contrainte. C'est une discipline. Depuis que j'ai commencé, mes photos s'améliorent. Il est bien entendu que je ne fais des photos que pendant les temps morts, quand j'attends l'autobus ou que je traverse la Seine.il n'y a pas d'enjeu économique pas de calculs. Je fais juste des photos pendant mes temps perdus, comme je les trouvent. Et cette création fini par faire sens. Photographier sans arrière pensée, juste pour le plaisir de faire. Je lève le nez, je regarde, je ressens plus, j'ai l'impression d'être vivant. C'est vrai que c'est une manière de réagir, de résiter contre l'absence de tournage et de productions de films. Mais en fait c'est une façon d'être détendu et heureux, pas dépendant.
La pratique phtographique me fait regarder le mouvement des autres avec plus de précisions, plus de sympathie. Je m'aperçois que les images s'offrent à moi. Je comprends mieux Jean Rouch. J'ai l'impression de toujours anticiper et d'être branché avec les autres ce qui fait je suis un prévoyant. J'installe un cadre avant que la photo ne soit intéressante. Les événements, la pupart du temps viennent se produitre dans mon cadre. Je ne pourrais jamais faire reporter photographe comme mom père, je n'ai pas d'autres intentions que de saisir un moment insolite, une image touchante. je photographie ce qui se présente. Ma seule commande, c'est mon humour, mon regard. Tout se passe si vite, qu'il y aurait beaucoup à dire sur la synchronisation avec les modèles, sur notre mode de coordination.
En tout cas, le petit jeune, sur la photo, il a l'air attéré par l'imbécilité du monde qui l'entoure. Il a raison. il doit se dire que je suis un vrai gamin à m'amuser avec un petit objet technique alors que je devrais me mobilsier pour sauver l'humanité... Ce petit gamin, il a raison,! Même s'il n'a pas d'avenir avec toute nos conneries.