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Billet de blog 12 février 2009

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Je déballe ma bibliothèque. C’est le titre d’un ouvrage de Walter Benjamin, mais c’est surtout ce que j’ai fait ces derniers jours. Dès que je déménage, le rangement de mes livres est mon premier souci.

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Je déballe ma bibliothèque. C’est le titre d’un ouvrage de Walter Benjamin, mais c’est surtout ce que j’ai fait ces derniers jours. Dès que je déménage, le rangement de mes livres est mon premier souci.

Depuis quelques années, mes logements successifs devenant de plus en plus petit, cette question est devenue insoluble. Dans mon dernier appartement, une penderie entière contenait tous les livres dont je pensais ne pas avoir expressément besoin. Dans ma nouvelle pièce à vivre (mon ancienne chambre d’enfant) j’ai plutôt emporté les romans que je n’avais pas lus et les livres qui correspondent aux sujets que je crois pouvoir aborder dans mes prochains films. Cela me fait tout de même presque de 500 bouquins. Comme je ne suis plus certain de pouvoir réaliser ces films, le choix est forcément aléatoire. J’ai conservé Je déballe ma bibliothèque parce que ce dernier déménagement m’a montré combien les livres participaient à mon équilibre. J’ai eu envie de le relire. Le sort de la bibliothèque de Walter Benjamin pillée par les Nazis, récupérée en partie par les Soviétiques, se transforme en symbole du destin tragique de son propriétaire. Lire la note de l’éditeur sur le sujet permet de bien relativiser ce qui m’arrive en ce moment. Ce n’est pas Auschwitz.
Je ne suis absolument pas collectionneur, ni bibliophile, je ne suis donc pas fétichiste du support. Seul le texte m’importe et j’avoue que j’attends avec impatience un objet numérique solide et facile d’usage qui me permettra de lire tout ce que je veux sans plus avoir à déplacer tout ce poids de livres. J’ai commencé à laisser mes livres comme tout le monde et comme Walter Benjamin lui-même, en me séparant de la mère de mes enfants. J’ai laissé tous les livres d’histoire, puisque c’était son domaine, et les livres pour les enfants puisqu’elle est resté avec eux dans notre appartement. Ensuite j'ai fait comme le petit poucet, je laisse des livres partout. J'ai même organisé une défête comme Perec, pour que mes amis viennent un soir boire et rigoler chez moi, et partent avec des livres, un meuble, quelque chose que je ne pouvais emporter. Je ne suis heureusement attaché à rien, seulement aux amitiés et aux amours. J’ai cette fausse impression de toujours pouvoir retrouver n’importe quel document, texte, ou ouvrage. Par contre je viens vraiment d’expérimenter la présence rassurante des livres. En les classant et en les rangeant, chacun m’évoquait quelque chose. Le souvenir d'une bonne lecture, l'appétit pour un sujet ou surtout une prochaine lecture. Je regarde les livres comme des pralines en chocolat, ils sont tous à déguster. Chacun conserve en son sein des idées, des histoires qui vont m’enchanter. Je vais y puiser les arguments qui me manquent, les mots que je cherche en permanence. Il y a là comme dirait Alain Resnais toute la mémoire du monde, ce qui permet de le comprendre.
Pendant mon déménagement, j’ai perdu des clefs, un appareil photo et des choses dont je ne me suis pas encore aperçu parce que je n’en ai pas un besoin urgent. Mais j’ai fait très attention à chacun de mes livres préférés. Même si la majorité de ma bibliothèque et maintenant en exil dans une cave en banlieue. J’ai fait une liste précise qui est dans mon ordinateur. Chaque livre, noté dans une caisse numérotée. Si j’ai besoin, je téléphone aux propriétaires du pavillon, ils pourraient descendre à la cave et me le retrouver. Quelques heures plus tard le texte qui me faisait défaut réapparaîtrait sur ma table de travail. Peut-être ne suis-je qu’un enfant qui aurait troqué son ours en peluche contre un bon bouquin sur la théorie des quantas ? Qui sait ? En tout cas il faudrait que je relise Étienne Klein, parce que quand je le lis, je comprends tout, mais dès que j’ai posé le livre, je suis incapable de réexpliquer.
C’est comme hier, j’écrivais un petit commentaire pour un film commandé par la Cité des sciences. Je n’arrive pas à comprendre les explications que j’ai trouvées sur Internet à propos de la face cachée de la lune ? Il est écrit : la Lune tourne sur elle-même en un peu plus de 27 jours. Un phénomène remarquable est le fait que cette période de rotation soit exactement égale à la période de révolution sidérale de la Lune, c'est-à-dire le temps mis par notre satellite pour effectuer un tour complet autour de la Terre et se retrouver à la même position dans notre ciel. L'égalité entre ces deux valeurs est la raison pour laquelle nous observons toujours la même face de la Lune. Et je ne comprends rien, il me manque le bon bouquin sur la question.

Et puis je pense à Alain Cavalier qui disait, dans sa lettre d'un cinéaste, dans l'émission Cinéma Cinémas, ne vouloir conserver uniquement 3 livres au plus. Il expliquait cela en parlant de la préparation de Thérèse. Jamais je n'arriverais à cette légéreté là. Que choisir?

Comment parler des livres que l'on a pas lu de Pierre Bayard ?

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