Le 11 septembre c'est l'anniversaire du coup d'État au Chili en 1973. Depuis, l'information a changé, c'est l'anniversaire de l'attentat de New York. Dans le premier cas, il y avait la déstabilisation du régime du Front populaire d'Allende, par la C.I.A. qui a conduit à un coup d'État, au suicide d'Allende et la répression, la torture, les camps. Dans le second cas, 3000 victimes à New York, les mensonges de l'administration Bush, la guerre. Choisir entre ces deux anniversaire, l'un, commémorant un événement datant de 35 ans, l'autre de 7, c'est une question de hiérarchie des informations. Les journaux choisissent de parler d'un sujet ou d'un autre. Un événement chasse l'autre. Raconter telle histoire plutôt qu'une autre, c'est déjà une information, au moins sur le journal. Cela a un vrai sens. L'info cela consiste à choisir l'arbre qui cache la forêt. Cela s'appelle tenir l'agenda. Les puissants préfèrent que nous pensions à un anniversaire, une commémoration, plutôt qu'à autre chose. Nous ne pouvons pas tout lire, et pas tout digérer. En ce 11 septembre, l'information la plus importante n'est évidemment pas un anniversaire. Un journal pourrait parler de toutes les informations économiques qui montrent la dégringolade en France. Un autre journal devrait s'arrêter sur la fonte de la banquise dans l'Antarctique, comme ici à Médiapart, comme symbole de l'accélération du dérèglement climatique. Mais l'anniversaire du 11 septembre, la destruction des tours, par les avions détournés par des terroristes, c'est moins dérangeant à tout prendre. La pluie d'information finie par s'écraser sur notre parbrise et nous boucher toute visibilité. Le spectacle du monde devient flou.