Ces derniers temps, regarder les films publicitaires semblent plus intéressants que d’habitude. Il y a une foule de spots sur les nouvelles voitures, ou sur les qualités écolos de la grande majorité – qu’est ce qu’on rigole – mais je ne vais pas ironiser sur les mensonges des publicitaires, cela ennuierait tout le monde.
Il y a d’autres pubs qui annoncent des prix faramineux 22 439 euros, comme si c’était un cadeau - quand on connaît le salaire moyen des Français, on se demande où ils vont chercher cela.
D’autres encore comme la série des pubs Renault annonce des prix énormes, sans commentaire, il faut comprendre que c’est vraiment pas cher. Il y a un joli carton avec du silence, et c’est marqué: sans commentaire. C'est comme cela que nous devons comprendre, avec le silence, c'est si rare un silence en pub. Sans commentaire. Je rêve, je suppose que le type qui a trouvé cette idée va recevoir la légion d’honneur. Mais comme chez Renault en ce moment, cela licencie facile, j’en doute.
Après les pubs qui se moquaient des consommateurs, puis qui se moquaient des commerçants – les banquiers par exemple - voici les pubs qui se moquent des publicitaires eux-mêmes. En quelques glissements, après nous avoir montré, au loinl, une blonde en maillot qui tombait de cheval – pour le gag - pour faire téléphoner le consommateur au 10 99, la série de spots – nombreux, avec déclinaisons - c’est ensuite moqué du commanditaire. Cette série de spots, où il faut téléphoner au 10 99, en vient à pasticher le discours de la réclame avec un beau garçon qui se promène dans l’appartement du commanditaire, avec la femme de ce dernier en bigoudis et en peignoir : Mais enfin mon chéri, c’est pour la pub. Parce que vraiment le premier discours publicitaire, c’est de dire que tout est permis avec la pub. Une pub pastiche Peugeot, montre ainsi une voiture rutilante, filmée en contre-plongée, dont l’entrée en scène est soulignée par une musique wagnérienne, et où l’image et la bande son s’arrêtent brusquement, parce que le créatif a remarqué qu’un moustique allait s’écraser contre le phare, avant droit, du véhicule… Le slogan tourne autour du perfectionnisme dans la fabrication du véhicule alors que ce qui est mis en scène c’est la méticulosité imbécile des fabricants de pub. Bref, on s’amuse bien, avec la dérision du dérisoire.
Mais restons polis. La meilleure, vraiment, c’est la pub sur la Twingo. Ce spot est historique. Ce petit film remarquable en dit plus que le Journal Télévisé, un article de sociologie ou une émission culturelle à lui tout seul. Vous allez dire que je m’enthousiasme pour pas grand-chose… Lisez plutôt : Ce film met en scène un tandem classique, la mère et la fille. Ici ce sont des bourgeoises, pas le genre de casting qui permettrait d’avoir un dialogue savoureux sur la lessive la plus blanche. Non, le choix des actrices, leurs looks, les prédisposent plutôt à se rendre Place Vendôme pour acheter une petite rivière de diamant. On s’attend à tout mais pas au dialogue qui suit. La voiture s’arrête devant un cabaret, où sous un nom d’emprunt, Lola, la fille se dévoile…La mise en scène parfaite, montre l’embarras de la jeune fille. On sent dans ce silence - encore un - tout les secrets de famille, tous les non-dits qui font le charme de l'éducation bourgeoise. Et là, la mère magnifique de modernité – c’était donc cela la modernité – contre toute attente, de lui dire : Oh mais tu as trouvé un travail ma chérie, c’est magnifique, pourquoi tu ne me l’as pas dit plutôt. Le slogan confirme la mauvaise impression : Bien dans son époque, bien dans sa Twingo. Enfin nous le savons, tout est enfin clair, travailler plus, c’est cela. Vous voulez vous payer une Twingo, faites secrétaire ou caissière le jour, et stripteaseuse la nuit, par exemple. Mais au fond, pute c’est plus rentable, non pas, belle-maman ?
Ce que ça va rendre. Ça va dépendre. Pauvre Lola. Ce que ça va rendre. Ça va dépendre. Un peu de toi.