L'histoire officielle

Pour qu’il y ait excuse, il faudrait qu’il y ait culpabilité ou faute déclare le Ministre. N’y aurait-il pas eu de phrase déplacée, raciste ?

Il ne s’est rien passé! Circulez, il n’y a rien à voir

Continuer à parler de ce non-événement, ce serait participer à un lynchage médiatique.

On voit bien que ceux qui parlent ainsi n’imagine même pas la violence d’un lynchage.

Montaigne écrivait : Je donne mon avis non comme bon, mais comme mien.

Denis Diderot : On doit exiger que je cherche la vérité, mais non que je la trouve.

Je cite ces propos pour insister sur le caractère bien Français de ma démarche…

C’est pour ma défense, plus tard.

On croit rêver : un des principaux ministres de la République fait une plaisanterie raciste sous les regards d'une caméra de télévision, et le problème, ce serait… Internet !

Ecrit Pierre Haski dans un éditorial sur Rue 89

http://www.rue89.com/2009/09/12/internet-bouc-emissaire-des-lachetes-journalistiques

Il dénonce les propos de Dominique Wolton, sur l'antenne de RTL qui disait : Le Net et les médias sont deux espaces différents. (…) D'un côté un espace pas vérifié, par légitimé, qui est Internet, de l'autre un espace légitime, qui est les médias.

http://www.rtl.fr/fiche/5928206506/quand-les-politiques-se-font-pieger-par-la-toile.html

On se demande vraiment ce que Dominique Wolton voulait dire ? Et surtout pourquoi ?

La vidéo où Brice Hortefeux tient des propos racistes – c’est un fait - n’a pas été filmée par un quidam, grâce à un téléphone portable – malheureusement, parce que si c’était le cas, cela voudrait dire qu’il y aurait plus de liberté dans ce pays – mais par un caméraman de la chaîne parlementaire.

La vidéo où Brice Hortefeux tient des propos racistes – les faits sont têtus- n’a pas été divulguée par Rue 89 ou Médiapart, mais par le journal Le Monde qui a fait l’enquête et quand Dominique Wolton s’exprime, il le sait très bien.

Ce que dit Henri Guaino est bien plus subtil.

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gm3Rdiw2pRVnqLjG0HDw_oWSjLBw

Je cite : Henri Guaino, conseil spécial de Nicolas Sarkozy, a jugé samedi sur France Info que "la transparence absolue, (c'était) le début du totalitarisme", en commentant la polémique entourant Brice Hortefeux pour des propos ambigus sur un jeune militant UMP d'origine arabe.

"Il n'y a plus d'intimité, plus de discrétion, plus rien n'a d'épaisseur dans la transparence, à commencer les êtres humains. On vole une phrase au hasard, on en fait un événement national, on la diffuse partout, on la commente sans d'ailleurs savoir de quoi on parle", a déclaré M. Guaino invité de Parlons-net diffusé samedi sur France Info.

Il a insisté sur le fait que ce n'était pas pareil de prendre la parole quand on est un homme politique, un responsable, pour affirmer quelque chose que l'on assume et de prendre la parole dans un cadre intime, amical, informel. Cela n'a pas la même signification (…)

Le problème avec les nouveaux moyens de communication c'est qu'ils donnent la même signification à tout, la même portée à tout.

Et là je ne peux qu’approuver. La transparence c’est un piège. Marie-José Mondzain en parlait très bien à Lussas quand elle décrivait les dérives des médias dans le capitalisme de l'information : Placer la vie privé sur la place publique en même temps que de privatiser dans un acte symétrique l’espace publique.

Le seul petit problème par rapport aux propos d’Henri Guaino, c’est que le Ministre n’est pas au bord de sa piscine en petite tenue, pendant un week-end entre amis.

Tous les participants, et tous les locuteurs – regardés bien Jean-François Copé – sont parfaitement au courant de la présence de la caméra. Une caméra officielle, identifiée comme telle. On peut légitimement considérer les propos du Ministre comme des propos officiels. À moins de penser que seuls les communiqués et les discours officiels sont pertinents. Mais alors ce serait un autre régime non ?

Quand on voit que le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, monte au front pour déclarer à l’A.F.P. : Je témoigne qu'il n'a eu que des paroles de respect et d'aménité pour toute la communauté musulmane de France dans mes contacts avec lui

Quand Jack Lang se fend d’une déclaration au Parisien : Je le connais depuis très longtemps, c'est un homme honnête. Je ne suis pas d'accord avec la politique qu'il a menée à l'immigration, mais j'ai de la sympathie personnelle pour lui (…) Il n'a jamais cédé à des instincts racistes. Cet incident a été monté en épingle et probablement mal interprété. Les choses s'emballent dans ce genre d'affaire.

Je me demande alors dans quelle monde je vis… La réalité des faits n’existe donc pas ?

Les choses sont comme elles sont, elles ne s’emballent pas ! Il n’y a que le dérèglement climatique pour s’emballer !

Mieux

uvelobs.com/depeches/societe/20090913.FAP3046/laffaire_hortefeux_est_close_selon_la_licra.html

Reçue à sa demande place Beauvau dimanche, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a estimé que la polémique née des propos jugés racistes de Brice Hortefeux était « close" Le gouvernement, lui, continuait de faire bloc derrière le ministre de l'Intérieur.

"Pour la LICRA, l'affaire est close", a déclaré à l'Associated Press, Richard Serero, de la LICRA, à l'issue d'une rencontre d'environ une heure au ministère de l'Intérieur. "Nous jugeons cette rencontre positive dans la mesure où le ministre a réaffirmé que ce sont des propos qu'il n'a pas tenus, et a réaffirmé son engagement républicain contre toutes les formes de discrimination."

Moi qui est reçu un prix de la LICRA pour mon film sur Auschwitz, je vais leur rendre.

Tout cela noie un peu le poisson, c’est pourtant simple : une information a été cachée. Cette information a été divulgué grâce au courage – c’est fou d’écrire que c’est du courage alors que c’est simplement le boulot des journalistes– d’un organe de presse parfaitement habilité – et maintenant les gens du pouvoir (tous ceux nommés plus haut ?) essayent de fabriquer une histoire officielle, du mensonge, du storytelling.

Aujourd’hui la vérité des faits pèse peu devant la vérité fabriquée par ceux qui tiennent les tuyaux de l’information. C’est bien ce que cet incident démontre. Sans le passage d’une bande vidéo de l’écran de télévision, à l’écran d’Internet du journal le Monde, pas d’info, pas d’embrouille, pas vu pas pris. Je n’ai rien vu sur Public Sénat dirait Marguerite Duras ;