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Le ministre d'État, ministre de l'intérieur Bruno Retailleau a prononcé un discours, le 12 mars 2025, à propos de la lutte contre le terrorisme: "Le renforcement des capacités de détection et d'entrave a permis de déjouer 86 attentats islamistes depuis 2012 dont 55 depuis 2017."
Et nous devons nous en féliciter tous. Si cet homme, comme son prédécesseur Gérald Darmanin et surtout Nicolas Sarkozy - qui en avait un dogme - aime les chiffres alors je me permet d'en donner.
Hier, une tentative d'attentat en Haute-Saône a été déjoué - le terroriste avait dix-sept ans- et semble-t-il pourrait relever de la psychiatrie. C'est donc le bon moment de s'interroger.
Comme j'aime surtout les faits, je trouve qu'il est intéressant de comparer les chiffres officiels du Ministère de l'Intérieur à propos du risque permanent de décès en France par violence. Je ne vais - faute de temps et de place - que comparer deux causes de morts. Et malheureusement - sans vouloir passer pour un niais - Il me semble qu'une femme française coure plus de risque dans son foyer ou avec son ex-compagnon que dans une aléatoire rencontre avec un islamiste fou de dieu. Dans un cas c'est un risque systémique, dans l'autre une question de fatum.
Je propose donc d'examiner froidement - qu'on me pardonne pour mon manque apparent d'empathie - le nombre de décès causé par l'un et l'autre de ces phénomènes que le Ministre de l'Intérieur se doit de juguler.
J'évoque des événements atroces qui me font le plus souvent pleurer, dans l'un ou l'autre des cas - ce sont des vies humaines qui disparaissent, indispensables et uniques - mais qui réduit à des chiffres permettent de réfléchir.
Depuis le début de l'année nous déplorons un seul assassinat en France, à Mulhouse, perpétré par un islamiste qui souffrait de schizophrénie et aurait mérité des soins psychiatriques (comme le jeune homme d'hier) que de Daesh. Par contre selon les chiffres que j'ai trouvé, 16 femmes, au 10 mars 2025, sont mortes tuées par leur conjoint ou ex compagnon. Si j'étais Ministre de l'Intérieur est-ce que je dirais qu'une femme à seize fois plus de "chance" de mourir sous les coups de son "homme" que d'un "islamiste radicalisé"? Non! Je ne pourrais le dire, parce que les chiffres sont souvent plus cruels encore!
En 2024, il y a eu une seule tentative d'attentat sans aucun décès (à la Ferté-Bernard) mais 93 femmes sont mortes tuées par leur conjoint. Certains vous diront que le dispositif policier tout au long de l'année à propos des Jeux Olympiques aurait dissuadé les terroristes?
Pour ce qui est des maris?
En 2023 le Professeur Dominique Bernard a été assassiné sauvagement dans son établissement le complexe éducatif Gambetta-Carnot à Arras, et un touriste à Paris sur le Pont Bir-Hakeim lui aussi poignardé par un déséquilibré. Cet année là 103 femmes sont mortes tués par leur conjoint.
En 2022 le prisonnier Corse Yvan Colonna a été étranglé en prison pour des raisons religieuses? Dans un coup de folie? En tout cas 147 femmes sont mortes tuées par leur conjoint.
En 2021 une agente administrative Stéphanie Monfermé a été assassiné à l'hôtel de Police de Rambouillet. Alors que 113 femmes sont mortes tuées par leur conjoint.
Notons avec tristesse que je peux nommer les victimes des terroristes mais pas les femmes mortes à cause d'une violence machiste.
En 2020, 1 mort dans un attentat à Villejuif, 2 morts à Roman sur Isère, 3 à la Basilique Notre Dame de l'Assomption à Nice et bien entendu Samuel Paty, dont on ne se souviendra jamais assez. Et 102 femmes sont mortes tuées par leur conjoint.
En 2019, un attentat perpétré par un policier à la Préfecture de Police de Paris qui tue 4 de ses collègues. 153 femmes sont mortes tuées par leur conjoint.
En 2018, 4 morts à Trèbes (on cite le nom du héros le Colonel Arnaud Beltrame), 1 mort à Paris et 5 morts à Strasbourg, et 123 femmes sont mortes tuées par leur conjoint.
En 2017, 1 policier assassiné sur les Champs Élysées, et 2 femmes égorgées à la Gare Saint-Charles à Marseille et 143 femmes sont mortes tuées par leur conjoint.
En 2016, le bilan macabre est comparable puisqu'un couple de policier est massacré chez lui à Magnanville et un camion fou fauchent mortellement 86 personnes à Nice alors qu 131 femmes sont mortes tuées par leur conjoint.
Je sais bien que les attentats du 13 novembre 2015, à eux seuls ont fait 130 morts et je ne vais pas continuer cette terrible comptabilité...
Je crois pourtant, que comme moi, vous pouvez penser que les politiciens qui nous gouvernent - je ne vais pas disputer des raisons - n'ont pas les mêmes priorités que nous... Faire peur à propos d'événements rares, devrait passé après un drame qui parcourre toute la société, depuis des lustres et contre lequel les gouvernement successifs ne font jamais assez.
Je n'ai pas peur de l'armée russe! Comme juif je n'ai pas peur des islamistes! Mais comme homme j'ai honte que notre pays ne s'attaque pas plus efficacement au fléau social que représente les féminicides.
Depuis que des Nazis (je n'ai pas peur du mot) se sont installés à la Maison Blanche, je vois un risque grave de contagion en France. L'attaque systématique de la pensée scientifique permet d'effacer les faits avérés, comptabilisés et prouvés, comme ceux-là. J'ai bien d'autres exemples.Et je m'insurge contre une hiérarchisation des risques et de l'information qui transforme des faits divers - qui souvent relève du manque de moyen pour la santé mentale dans notre pays- en cause nationale, arbre qui cache la forêt de nos misères.
Un article du quotidien Le Monde précisait que selon la Cour des comptes, la lutte antiterroriste a coûté 9 milliards d’euros depuis 2015. Est-ce vraiment nécessaire? Ne faudrait-il pas mettre l'argent ailleurs? Puisque nous n'avons plus d'argent pour l'essentiel?
Je pose humblement la question.