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Jean-Baptiste Pontalis, le psychanalyste et l’écrivain, disait que le cerveau a tous les âges! À plus de 80ans, il racontait avoir, en même temps, huit ans, dix-sept, ou trente neuf. La jeunesse, ce n’est pas l’âge de ses artères, mais plutôt l’âge de ses aspirations… Notre nouveau président n’a pas l’air d’être aujourd’hui le chef d’une avant-garde, il est probablement bien plus vieux que ce qui est affiché sur sa carte d'identité. Ne serait-il pas le plus vieux président jamais élu ?
Déjà dans les premiers mots de son premier discours, il a exprimé qu’il veut « libérer le travail », une profession de foi claire, nette et précise dans la droite ligne de son programme. « Libérer le travail » c’est exactement le contraire d'une mesure contemporaine et moderne. Emmanuel Macron restaure complétement ce discours à propos d'une politique économique déjà en place mais pas toujours pleinement assumée depuis 1983. Il va continuer cette même politique appliquée – avec des résultats catastrophiques – depuis 34 ans.
Il dit aussi qu’il a la « volonté de la fraternité » ce qui ne l’oblige pas à avoir un résultat sur cette question. Il aurait été plus contemporain s'il voulait restaurer vraiment la devise Républicaine inventée par Robespierre. Il s’inscrit totalement dans la Constitution de la Cinquième République et tourne le dos à l'aspiration populaire à changer de Constitution (les électeurs qui le réclamaient étaient plus nombreux que les siens). Enfin il rend hommage à tout ses présidents de cette Cinquième République. Il veut probablement une continuité sans changement…
Si quelqu’un proche du Président pouvait lire ce billet et passer mon message, j’aimerais, en guise de cadeau de bienvenue (il faut être Franc Républicain) proposer ici à Emmanuel Macron la lecture d’un tout petit opuscule du philosophe Giorgio Agamben.
Pour gagner Emmanuel Macron a probablement bénéficié d’un sens tactique aiguisé, d’intelligence, de chance et d’une incroyable synchronisation avec le moment politique. Il a su cristalliser, autour de sa candidature, le besoin de refondation morale de la politique ! Son rassemblement « ni droite ni gauche » est une réorganisation formelle de l’image et de la structuration des partis, pas plus ! François Hollande, avant lui, avait glissé complétement à droite, en choisissant Manuel Valls, sans prendre le risque franc de demander à François Bayrou de le rejoindre, ce qui devait être à son agenda. La transgression a été effectué bien avant Emmanuel Macron.
Notre Président est tristement de son temps, impliqué directement dans ce réel dont il ne se détache pas. Nous voyons bien qu'il s'occupe personnellement de tous les détails. Il le fait parfaitement mais de trop près. La vue est trop courte pour faire la mise au point : pour Emmanuel Macron en fait tout est flou.
« Ceux qui coïncident trop pleinement avec l’époque, qui conviennent parfaitement avec elle sur tous les points, ne sont pas contemporains parce que, pour ces raisons mêmes, ils n’arrivent pas à la voir. Il ne peuvent pas fixer le regard qu’ils portent sur elle » écrit Giorgio Agamben.
« Les historien de l’art et de la littérature savent qu’il y a entre l’archaïque et le moderne un rendez-vous secret, non seulement parce que les formes les plus archaïques semblent exercer sur le présent une fascination particulière, mais surtout parce que la clé du moderne est cachée dans l’immémorial et le préhistorique. C’est ainsi que le monde antique se retourne, à la fin, pour se retrouver, vers ses débuts ; l’avant-garde, qui s’est égarée dans le temps, recherche le primitif et l’archaïque. C’est en ce sens que l’on peut dire que la voie d’accès au présent a nécessairement la forme d’une archéologie. Celle-ci ne nous fait pas remonter à un passé éloigné mais à ce que nous pouvons en aucun cas vivre dans le présent. Demeurant non vécu, il est sans cesse happé vers l’origine sans pouvoir jamais la rejoindre. Le présent n’est rien d’autre que la part de non-vécu dans tout vécu, et ce qui empêche l’accès au présent est précisément la masse de ce que, pour une raison ou pour une autre (son caractère traumatique, sa trop grande proximité), nous n’avons pas réussi à vivre en lui. L’attention à ce non-vécu est la vie du contemporain. Et être contemporain signifie, en ce sens, revenir à un présent où nous n’avons jamais été »
J’ai comme l’impression que notre nouveau président croit qu’il faut être dans un présent et une modernité que nous aurions déjà vécu. Il multiplie les marques de son lien avec l’histoire en marche. Les révolutionnaires de 89 cherchaient des modèles dans le monde antique, lui les choisi dans un passé proche. Il ne veut pas comprendre qu'il vit dans l'Anthropocène - l'époque de l'histoire de notre planète qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre.
Est-ce qu’Emmanuel Macron sait que nous avons une constitution physique de chasseur cueilleur qui n’a pas évolué ? Nous sommes toujours des aurignaciens! Est-ce qu’il sait que les premiers blancs sont apparussur notre territoire, par évolution, il y a seulement 8000 ans ? Sait-il qu’il y a quatre degrés de différence entre le climat des contemporains de la Grotte Chauvet (il y a 37 000 ans) et celui de 1950 ? Sait-il que selon les scientifiques il y aura probablement plus de quatre degrés de différence entre le climat de 1950 et celui de 2100 ?
Soyons indulgent, pensons qu’il ne le sait pas ! Mais il devrait avoir appris que 2016 a été l’année du basculement: moment où le taux de particules de CO2 dans l’atmosphère a dépassé le seuil tolérable pour l’écosystème. Soyons critique, il n’a pas l’intention dans tenir compte! Il ne veux pas savoir que le dérèglement climatique ne peut plus être arrêté et que la sixième extinction est en marche. Emmanuel Macron se condamneà n’être pas contemporain et donc à échouer. La seule solution aujourd’hui pour palier à cet échec c’est de redoubler d’activité et de militantisme pour faire comprendre à nos contemporains les vrais enjeux de notre temps présent! Il n'y aura pas d'avenir pour les habitants de la planète sans l'abandon de l'idéologie néolibérale qui fait de notres espèce humaine, une espèce invasive, destructrice, prédatrice et nuisible.
« Celui qui appartient véritablement à son temps, le vrai contemporain, est celui qui ne coïncide pas parfaitement avec lui ni n’adhère à ses prétentions, et se définit, en ce sens, comme inactuel ; mais précisément pour cette raison, précisément par cet écart et ct anachronisme, il est plus apte que les autres à percevoir et à saisir son temps. »
Emmanuel Macron n’est pas contemporain, il a inventé une forme de prise de pouvoir, il apporte des modifications mineures dans l'organisation de la démocratie. C'est un changement dans les manières, les politesses! Il défend une politique ancienne, avec un maquillage qui se voudrait en phase avec la mode du jour.
Il défend une idéologie qui a montré sons inadéquation avec les nécessités urgentes de l'époque, encore une fois le néolibéralisme détruit la biodiversité et les conditions ne notre vie sur la Planète.…
S’il a parfaitement endossé le costume du Président, il le fait comme s’il vivait avant 1968, ce qui est grave… pour notre avenir.
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