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Billet de blog 21 novembre 2025

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Comprendre Macron grâce à Velázquez

Jamais je n'aurais cru que cet ouvrage que j'ai dévoré en un seul jour, allait me donner l'appétit pour écrire par le menu, cette dissertation à propos du métier commun du peintre espagnol et du président français: serviteur! Le peuple est souverain, pourtant Emmanuel Macron n'est pas notre domestique.

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Illustration 1
couverture d'ouvrage © pol

Évidemment le professeur d’histoire de l’art moderne à l’Université de Fribourg n’a jamais eu l’intention de publier un pamphlet pour dénoncer l'idéologie rétrograde du Président de la République Française. Je crois qu’il serait même abasourdi en parcourant mon billet. Vous aussi, peut-être!  Mais - comme le décrit un précepte devenu lieu commun - c’est le lecteur qui fait le livre. Prenez donc ma chronique de lecture comme un jeu, un  «escape game » culturel?

En commençant par le sous-titre du live - l’« Enquête » - je propose une clef de compréhension pour ma lecture personnelle, sous le titre  «Enquête sur Les Ménines » il est écrit « Velázquez et le regard du roi ».

Jérémie Kœring explique, analyse et prouve dans ce texte - que j'ai trouvé - passionnant comment l'image fabriquée dans cette œuvre épouse le regard du Roi - commanditaire du tableau - donne à voir son point de vue, plus que celui du peintre. Le plus passionnant - dans ce récit - c'est que le projet de départ n'avait rien à voir avec le résultat.  Velázquez aurait modifié un peu la composition pour  rattraper son travail, devenu inutile.

Cet opportunisme démontrerait le génie du peintre (il faut lire le livre pour le comprendre).

Emmanuel Macron serait-il lui aussi un politicien capable de saisir une opportunité pour briller? Par contre - nous le savons tous - il radote depuis bien longtemps - sauf son respect - en prétendant Président qu’il manque un Roi à la France…(sous-entendu pourquoi pas lui?) Deux questions qui tisse un lien ténu - je l'avoue - entre notre Président et le tableau de Velázquez. Mais c'est ma proposition de jeu.

Il est d’ailleurs de bon ton sur les plateaux de CNews, de BFMtv, et par capillarité à France Télévision d’affirmer que le Peuple français reste un peuple régicide qui aspire à la venue d’un monarque providentiel. Aujourd'hui tout politicien fantasme « son »  peuple correspondant à son « son agenda » pour justifier de son absence de jugeote… Comme si le programme de chacun se calquait sur des sondages très sérieux décrivant les désirs des français. Sondages - réalisés par les mêmes instituts - mais donnant des résultats différents selon le client commanditaire, pour flatter son point de vue.

L’Assemblée Nationale - c’est une simple constatation - remplit de représentants de ces peuples serait constitué de trois blocs dont deux s’émiettent aujourd’hui façon puzzle. Ce qui devrait apparaître comme une démonstration claire de la déliquescence de la Constitution de la Vème - d’autant que c’est la première fois, depuis la dernière cohabitation, que le jeu démocratique et le libre débat existent vraiment. Alors que le Parlement devrait jouir de cette liberté toujours mps (les débats de l’Assemblée Constituante, en 1789, se tenaient bien mieux).

Mais bien peu d' « observateurs politiques » n'explique que le premier parti (en nombre) regroupe les abstentionnistes, et les non-inscrits.

Le quatrième bloc n’unifie pas plus le Peuple que les trois autres.

Quand est-ce que le Peuple fait bloc?

Les « masses » laborieuses (ou pas) ne se résument pas aux théories savantes de l’Institut de la Boétie, pas plus que dans le tri dégueulasse des politiciens irresponsables du centre à l’ultra droite qui voudraient distiller par ébullition une nouvelle peuplade pure de toutes souillures étrangères. 

Le Peuple couronne son unité, sa souveraineté, à des moments extraordinaires, où les conditions historiques opportunes lui permet de s'exprimer, de se constituer. La populace démarre sa mue à partir d'une revendication simple, le prix du pain (par exemple) et finit par couper Capet, après un processus long, complexe, et douloureux de prise de conscience.

Quelque fois  une coupe du Monde de foot, ou la terreur d’attentat rassemblent tout autant.

Le (la) Président(e) et sa « rencontre  avec l'électeur» se doit - selon la vision de la démocratie des gazettes - réussir à le constituer, le rassembler, etc... Ce qui - de toutes évidences depuis 2002- ne se réalise que pour éliminer et pas pour choisir le (la) bon (bonne) dirigeant (e). 

En France, aujourd’hui seul la venue d’un nouveau ou nouvelle Président(e) - selon les racontars télévisuels - permettraient d’apaiser les peurs, les rancœurs, les haines qui traversent son peuple plus divisé que jamais. Ce qui est une fable de plus…

Le lecteur - mais qui à la ténacité aujourd’hui de lire des billets de blog jusqu’au bout? - s’impatiente déjà…

Quel est le rapport entre Les Ménines de Diego Rodríguez de Silva y Velázquez et l’échec d’Emmanuel Macron?

J’y viens… 

Macron n'a pas eu la chance de briguer une place de Maire ou de Député,il n’a jamais élimé ses fonds de culottes sur les bancs de l’apprentissage de la démocraties. Il n'a pas pris son tour dans la queue du long chemin de la méritocratie Républicaine, qui permet à personnage familier de vivre une métamorphose (tel un papillon) en parvenant à être élu la magistrature suprême.

Il a surgit comme un héritier, un petit Prince qu'on sort à la mort du Roi devant les sujets médusés, sans avoir vraiment fait ses preuves (mêmes s'il a commencé par chargé de mission, conseiller, sous ministre et ministre) et surtout sans avoir reçu l'onction démocratique (conseiller municipal, maire, conseiller régional, président de région, député, sénateur que sais-je encore).

« Les candidats. Novices et professionnels en politique », ouvrage d’Étienne Ollion analyse parfaitement les trajectoires et choix des politiciens (professionnels ou non), notamment les novices entrant à l’Assemblée en 2017. Il démontre assez bien - sans juger sévèrement le phénomène - la catastrophe démocratique qu’a représenté l’irruption de débutants sélectionnés sur CV par la petite équipe de campagne du Nouveau Président (surnommée les « mormons ») . La « nouvelle » vague issue de la dissolution de Juin 2024, pire encore, a offert des sièges à certains décérébrés.

On ne peut même pas conclure à propos du mormonisme. Est-ce une secte? un culte à un mystère? Une nouvelle religion? Une Église? Un peuple? Une nation? Ou une sous culture américaine? Que se cachait-il donc derrière le surnom des plus « proches » du candidat Macron? Le fait qu'ils venaient plutôt de  l’ancien Monde pour nous ramener au temps de Velázquez. Quand seul le point de vue du monarque compte et qu'il n'y a d'autre point de fuite et de perspective que celle de la représentation? Ils nous ont survendu l’Esprit et la Lettre des Lumières, pour n'appliquer que la maxime publicitaire « C'est pas Versailles ici!».

Quand on voit - encore le week-end dernier dans son fief - l’actuel premier Ministre saluer ses proches en les embrassant comme s’il était un moine retiré du Monde, il y a de quoi s’interroger sur l’actualité de la loi de 1905 qu’il bafoue à chaque embrassade (toucher le front des deux côtés, au lieu de s'aventurer vers la joue)

Le sacre d'Emmanuel Macron, se serait joué autour de la stupeur face l’irruption révolutionnaire du jeune banquier?

Dans sa composition finale, tous les personnages des Ménines se fige en regardant l'arrivée inattendue du roi qui fait une visite impromptue, une surprise, un passage... Quelques siècles plus tard, ils restent figés encore stupéfaits... Mais c'est nous les visiteurs du Musée, ou les spectateurs de la reproduction qu'ils regardent. Un tableau conçu pour un seul homme (placé devant son bureau) devient une image pour le Monde entier et les siècles des siècles (enfin jusqu'à la disparition de l'Humanité qui ne saurait tarder).

Peu de personnes, parmi les observateurs et « commentateurs » politiques n’osent expliqué que le candidat Macron n’avait pas d’autre « projeeeeeet »  que de servir ses mentors, ceux qui l’avaient poussé à se présenter, l'avaient financé après sélection (lui aussi sur C.V.?). Comme Velázquez, Emmanuel Macron a un patron (et même plusieurs) encore aujourd’hui. Comme le Roi, de droit divin et de longue lignée, Emmanuel Macron est l'héritier d'une longue dynastie de banquier. Le premier avec du sang bleu, le second l'or des héritiers qui confisquent son usage.

Quand, vainqueur, Emmanuel Macron se met en scène dans sa marche solitaire, autour de la Pyramide du Louvre, il essaye d’inscrire sa déambulation pour les siècles des siècles (Comme Velázquez lui ne l'avait pas imaginé pour son tableau à l'usage d'un seul) . 
« Citoyens, songez que, du haut de cette pyramide en verre, 1000 ans d’histoire de France vous contemplent. »

Prétention tellement ridicule que j’en riais déjà (https://blogs.mediapart.fr/pol/blog/130517/les-habits-neufs-du-president-macron et https://blogs.mediapart.fr/pol/blog/140517/le-plus-vieux-des-presidents).Imagine-t-on Bonaparte agir comme Emmanuel Macron? Lui s’y croit, rêve de continuer son œuvre en dégainant peut-être l’article 16 (plus que ce moyen là) à l'occasion de troubles en Outremer, avec ou sans, l'option manipulation poutinienne.

Alors que tout ce qu’il a entreprit, depuis une dizaine d'années échoue (même s’il passe son temps dans les dénégations).

Emmanuel Macron se vit-il comme une altesse royale qui sait tout, voit tout, et surtout n’a jamais tort?  Du temps de l’ancien régime cette vérité ne pouvait être remise en cause. Le roi, de droit divin, ne pouvait jamais se tromper, parce que les voies divines sont impénétrables.

Adolphe Thiers, le boucher de la Commune - bien plus efficace que Benyamin Netanyahou - écrivait le 4 février 1830, dans le National: « Le roi n’administre pas, ne gouverne pas, il règne. »

Emmanuel Macron comme la fée du logis de la Maison France, veut s’occuper de tout, régenter tout, décider de tout, et même passer le chiffon s’il le faut… comme s’il était seulement l’apsentador mayor del país dont Bernard Arnault EST le souverain.

Nous y arrivons enfin!

Loin d’être un Prince, même petit, il reste, depuis le début, le domestique, le valet, au service des puissants (comme tout banquier, avocat d’affaire, spécialiste des fusions acquisition comme Velázquez apsentador mayor del palacio, chargé de l’ameublement, des collections, de la propreté du Palais, de l’alimentation du bois de chauffe et de la décoration des fêtes. 
Certes notre Président règne plus que le peintre espagnol, mais c'est une apparence… Il n'est que dans la représentation... Personne ne nous raconte les visiteurs du soir. Macron restera-t-il dans les mémoire comme Velázquez qui brille au sommet de l’histoire de l’Humanité. Avouez vous ne savez même pas le nom de son monarque (qui porte un numéro comme n'importe quel autobus)

Velázquez quand il « réalise » Les Ménines  joue sa partition de serviteur du roi, il ne prétend pas être un artiste géniale, un people… Il n'est qu'un modeste artisan.

L'œuvre met en scène la présentation de l’héritière du trône, au centre de la toile… Mais manque de pot, un héritier va la supplanter, l'effacer. La raison et la coutume auraient voulu que le tableau ne soit pas terminé et reste perdu à jamais. Caduc. 

« L’enquête » de Jérémie Kœring raconte l'étonnant rattrapage et métamorphose de la toile (je vous laisse lire le bouquin pour en savourer tous les détails) Un tableau officiel de cour, original - certes - va  devenir un sommet de l'histoire de l'art, par opportunisme, effraction.

Velázquez a su remanier la composition après dialogue et acceptation de son monarque.

Ce qui devait participer d’une communication politique s'est transformé en chef-d’œuvre mystérieux.

Emmanuel Macron - en représentant, zélateur et communiquant des nouvelles techniques - promotionne allègrement le numérique. Aujourd’hui grâce à l’I.A. dégénérative (c'est mon opinion), n’importe quel crétin peut « animer » les Ménines, en faisant « bouger » tous les personnages, et en les sortant ainsi de leur surprise, de l’arrêt sur image stupéfiant.  Animer un tableau c’est commettre plusieurs crimes: le plagiat d’abord (pas besoin d’expliquer), la destruction de l’œuvre dont la vocation est de resté dans son immobilité originelle et surtout proposer un divertissement pour innocent inculte plutôt qu’une énigme mystérieuse à déchiffrer qui permettrait la multiplication des connections neuronales. La réflexion, l’enquête, la discussion quasi talmudique devant un tableau ne peut plus se produire face à une animation salie et engloutie par une illustration musicale. Les significations d'un tableau lentement élaboré s’effacent avec la technique d'animation numérique. Le cerveau, la culture de chaque spectateur, sa capacité d'attention s’atrophient dans le même temps.

Imagine-t-on Emmanuel Macron proposer une loi interdisant, pour le bien de tous, l’animation des œuvres de notre patrimoine?

Notre Président, à-t-il jamais lu Jacques Ellul

L’argent, la spéculation de quelques uns semblent être son seul horizon même après l’explosion de la bulle financière qui viendra à propos de l’IA

Le plus étonnant, peut-être dans l’histoire de l’élaboration des Ménines c’est le génie de Velázquez pour saisir l’opportunité de la naissance d’un héritier mâle pour produire une autre œuvre qui lui permettra enfin d’atteindre le sommet de la hiérarchie de la société de son temps. Devenir Noble (lisez le livre!) Sur sa poitrine se trouve la croix rouge de l’Ordre de Santiago! Ordre qu’il ne recevra pas, avant 1659, trois ans après que la toile fut complétée. Philippe IV aurait ordonné que cette croix soit ajoutée sur la toile à la mort du peintre ,et certains disent que le roi l’a peinte lui-même, car le monarque était peintre amateur. La peinture, obligeant celui qui dirige à regarder, apprendre du réel, et essayer reproduire ce qu'il voit devant lui, selon son interprétation.

Peut-on imaginer Emmanuel Macron - comme Winston Churchill - s’adonnant à la peinture de chevalet? Un chevalier de la finance, ne taquine pas le pinceau.


Dans Les Ménines,  Velázquez se représente lui-même - à sa juste place - dans le regard de son maître…à la place d'un jeune homme dans la précédente version. Il ne pète pas plus haut que son cul, et dans la soumission à son monarque gagne son galon de bon domestique. Il a su saisir l’opportunité ce que les « savants » experts de plateau télé nomme le Kairos.

Dans un moment de crise,  malgré les difficultés, il a su tirer son épingle du jeu…

Seul les hommes d’expériences peuvent réagir comme il se doit

Emmanuel Macron annonce « la guerre » quand une zoonose frappe le pays (alors que ce genre d’événement depuis la grippe espagnole - justement - est connu de tous les biologistes et épidémiologistes, et que les mesures à prendre sont écrites depuis bien longtemps). Quand la guerre survient, en Europe, la vraie guerre, notre grand président ménage la chèvre et le chou en ne voulant pas « humilier » Vladimir Poutine. Dans ses deux épisodes il se trompe de vocabulaire, emploie un mot pour un autre. Guerre au lieu de mobilisation, humilier au lieu de fermeté?

Quand les gilets jaunes se réunissent sur des rond-points où l'on tourne en cercle, il panique. Se sent-il encercler. Ils jettent les cahiers de doléances, comme un mauvais petit élève au début des vacances « la Maîtresse au milieu? »

Quand les banlieues s’embrasent ils accusent les parents (les pauvres, tous précaires) et promet une réflexion qui ne viendra jamais.

Quand il permet la présentation d’un budget insincère pour gagner des élections européennes qu’il perd lourdement, il balance une dissolution comme une « grenade dégoupillée » dans les pieds de ses adversaires qui finit par lui péter à la gueule…

Il y a tellement d'exemple qu'on comprend bien comment il n'arrive pas à la cheville de Velázquez.

Même ses patrons aujourd’hui pensent qu’il fait mal son boulot de « valet des riches » alors qu’il s’était si bien appliqué au début. 

Macron échoue, il suffit de regarder calmement Les Ménines pour s’en persuader.

Mais le Président élu - donc légitime d'un point de vue constitutionnel- croit qu'il aura les moyens de se « refaire » et d'avoir une nouvelle initiative opportuniste; Comme Velázquez?

Dans ce cas là? Pauvres de nous?

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